La Belgique promise à un chamboulement politique aux régionales de dimanche

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Les élections régionales belges, qui intéressent beaucoup plus les électeurs que les européennes qui se tiendront simultanément dimanche, pourraient modifier en profondeur le rapport de forces du pays et le replonger dans la crise politique.

Dans ce pays fédéral, les 7,7 millions d’électeurs désigneront dimanche pour cinq ans les députés des parlements régionaux de la Flandre néerlandophone (nord), de la Wallonie francophone (sud), de Bruxelles (majoritairement francophone) et de la petite Communauté germanophone (est). Si chaque région a ses enjeux propres, le gouvernement fédéral péniblement mis sur pied au printemps 2008 et censé gouverner jusqu’en 2011 a toutes les chances d’être à nouveau fragilisé par ce scrutin. Le Premier ministre, le chrétien-démocrate flamand Herman Van Rompuy, espère tenir toute la législature en maintenant la coalition actuelle, composée de trois formations francophones –socialiste (PS), libérale (MR) et centriste (CDH)– et de deux flamandes –libérale (Open VLD) et chrétienne-démocrate (CD&V).
Mais cela pourrait s’avérer très difficile dimanche soir, car tant au nord qu’au sud du pays, le paysage politique risque d’être chamboulé. En Wallonie, le Parti socialiste est en grande difficulté et risque d’y perdre la première place qu’il occupe traditionnellement dans cette région industrielle de 3,5 millions d’habitants. Ayant juré d’avoir tourné la page des affaires politico-financières qui l’ont éclaboussé ces dernières années, le PS a raté sa rénovation et doit faire face à une nouvelle vague de scandales depuis quelques semaines. Le Mouvement réformateur (libéral) en a profité pour durcir une campagne contre des socialistes à ses yeux „infréquentables“. Les Verts d’Ecolo, qui flirtent avec les 20% dans les sondages, devraient jouer un rôle d’arbitre côté francophone en décidant de s’allier soit aux libéraux, soit aux socialistes. Ceux qui seront exclus du pouvoir régional pourraient alors décider de rejoindre l’opposition également au niveau fédéral, faisant perdre sa majorité à Herman Van Rompuy.
En Flandre (6 millions d’habitants), le paysage est encore plus éclaté, puisque seuls les chrétiens-démocrates du CD&V devraient passer la barre des 20%.
L’extrême droite, et notamment le Vlaams Belang, qui avait recueilli 25% des voix il y a 5 ans, est en recul et n’est plus crédité que de 15%. Mais la populiste „Lijst Dedecker“ ou les nationalistes de la Nouvelle Alliance-Flamande (N-VA) pourraient prendre la place des socialistes dans le gouvernement régional et former avec les chrétiens-démocrates et les libéraux une majorité très à droite et très autonomiste. Si ces changements régionaux devaient entraîner des élections fédérales à l’automne, comme le pense de plus en plus la presse belge, la Flandre remettrait alors inévitablement sur la table ses revendications d’une autonomie accrue lors des négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement. Or la mise en place de l’équipe actuelle n’avait été possible, après plus d’un an de crise, qu’en laissant de côté les problèmes linguistiques les plus ardus, comme l’existence d’un arrondissement électoral bilingue englobant Bruxelles et sa périphérie flamande. Si ces thèmes n’ont cette fois pas dominé la campagne électorale, les escarmouches ont été nombreuses dans la périphérie flamande de Bruxelles: certaines communes ont par exemple interdit aux partis francophones de coller leurs affiches.
Dans ces conditions, la reprise du dialogue entre Flamands et francophones pourrait à nouveau tourner à la foire d’empoigne, au risque de remettre en cause l’existence même du pays.