Crise belge: l’idée d’une Belgique confédérale fait son chemin

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La démission du Premier ministre belge Yves Leterme a forcé les francophones à admettre que la Belgique fédérale avait vécu et que, pour éviter la sécession de la Flandre, elle allait sans doute devoir évoluer vers une forme de confédération.

 Il y a encore un an, au lendemain des législatives du 10 juin 2007 qui ont allumé les hostilités, les partis francophones soulignaient qu’ils n’étaient „pas demandeurs“ de la réforme de l’Etat que la Région de Flandre réclamait. A la Flandre plus riche et plus peuplée –60% des 10,5 millions de Belges–, qui demandait plus d’autonomie, la Wallonie et Bruxelles, officiellement bilingue mais à 85% francophone, opposaient une fin de non recevoir. Pour ces deux régions à l’économie moins dynamique, les demandes flamandes allaient détruire la solidarité à l’échelon national. Plus d’un an après, l’idée d’une réforme institutionnelle profonde est acceptée par tous les francophones, y compris socialistes et centristes, les plus opposés au départ. Parmi les libéraux du Mouvement réformateur, premier parti côté francophone, on en proclame même aujourd’hui la nécessité absolue devant les risques de radicalisation flamande. „On a besoin d’une réforme de l’Etat pour stabiliser le pays“, souligne mercredi dans le quotidien La Libre Belgique un dirigeant historique des libéraux, le commissaire européen au Développement Louis Michel. „On est à l’heure de vérité“ et „il est temps que les francophones se regardent dans un miroir“, a-t-il expliqué, sans préciser jusqu’où cette réforme pourrait aller.
La Flandre, où les partisans d’une sécession restent encore minoritaires même s’ils ont le vent en poupe, rêve désormais d’une Belgique confédérale, et non plus fédérale comme elle l’est depuis 1993. Le parti chrétien-démocrate flamand, le CDV, craint, s’il reculait sur cette exigence minimale à ses yeux, de se brouiller avec ses alliés nationalistes de la NVA et d’essuyer un sérieux revers aux élections régionales prévues en juin 2009.
Côté francophone, la perspective confédérale ne fait plus aussi peur, mais „chacun doit faire un pas vers l’autre“, a souligné la chef du parti centriste CDH, Joëlle Milquet. Elle a été, comme la présidente du CDV Marianne Thyssen et les dirigeants de tous les grands partis, reçue mercredi par le roi Albert II, dans le cadre des consultations entamées mardi pour tenter de sortir le pays de cette nouvelle crise politique.
Selon la presse belge, quelque chose de fondamental a changé mardi dans le Royaume, lorsque le souverain a décidé de recevoir d’abord les ministres-présidents des trois Régions belges – Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale.
Jusque là, la réforme de l’Etat évoquée depuis les législatives de juin 2007 était exclusivement négociée par les partis fédéraux flamands et francophones. En procédant de la sorte, le roi a semblé reprendre à son compte une proposition de M. Leterme, dont il n’a toujours pas dit s’il acceptait sa démission ou s’il souhaitait le maintenir à son poste. Le Premier ministre, attribuant son échec à négocier une réforme de l’Etat à celui du fédéralisme belge dont le „modèle de concertation a atteint ses limites“, avait lui-même proposé un grand forum institutionnel avec la participation des „entités fédérées“. Mais ce changement de méthode risque de ne pas suffire à faciliter une sortie de crise.
Les Flamands insistent pour que ce „forum“ n’implique que les deux Communautés, la flamande et la française, cette dernière incluant Wallonie et Bruxelles, à 85% francophone. Or le ministre-président de Bruxelles-Capitale, Charles Picqué, a jugé cette perspective „inacceptable“ pour les francophones. „C’est plus facile pour la Flandre face à la Wallonie“ toute seule, a-t-il estimé, en dénonçant une manoeuvre flamande.