Prostitution, aussi

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Ils avaient tout raté, les Européens, pris de vitesse et puis de surprise par le peuple tunisien assoiffé de liberté. Alors ils ont essayé de se rattraper en faisant à qui mieux mieux l’éloge des „combattants de la liberté“.

Seulement voilà: ni la démocratie ni les droits de l’Homme ne permettent de changer la donne économique du jour au lendemain. Les Tunisiens ont gagné sur le plan politique et sociétal. Mais les emplois et la hausse des salaires se font attendre. Certains choisissent donc l’exil et le dur chemin qui passe par Lampedusa pour finir à Milan. Berlusconi cherche à s’en débarrasser au plus vite en leur faisant délivrer le sésame, le visa provisoire Schengen. Et c’est ainsi qu’ils accourent en France, encore réputée „terre des droits de l’Homme et du Citoyen“, une République dont le patron a vite fait d’oublier ses beaux propos et accueille les immigrés par des menaces de renvoi, pis, en clamant haut et fort qu’il bouchera ses forteresses vaubaniennes.

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu

Que Berlusconi et Sarkozy soient immédiatement tombés d’accord ce mardi lors de leur sommet, n’étonne personne. Leur fonds de commerce est le même et leur style de communication aussi. Schengen („oh, ce petit village de Hollande“, dixit feu Mitterrand) est évidemment la cause de tous ces malheurs. Quelques centaines de Tunisiens formant „des circonstances exceptionnelles“, c’est l’accord qu’il faut revoir et modifier. Barroso, fidèle parmi les fidèles, applaudit et demande la solidarité, non avec les exilés, mais avec les pays du sud de l’UE, bref la France et l’Italie. Deux „grandes nations“ qui revendiquent „des mécanismes de solidarité financière“ pour ces quelques centaines de pauvres gens à la recherche d’une vie plus clémente. Où il y a de la gêne, il n’y a décidément pas de plaisir … Au Palais Madame et à l’Elysée on le sait bien.

Le fond de l’air est frais

Pour se maintenir au pouvoir, et Berlusconi et Sarkozy brandissent le spectre de l’étranger tout en menant parallèlement leurs petites affaires. Pour preuve: alors que l’Italie s’opposait vigoureusement à la reprise du géant italien Parmalat, l’offre d’achat du français Lactalis(actionnaire d’Ekabe) est désormais chose faite.Pourquoi ce changement de cap? Parce que Sarkozy accepte désormais de soutenir la candidature de Mario Draghi à la présidence de la Banque centrale européenne. Une façon très berlusconienne de se débarrasser d’un gêneur et un bel exemple de prostitution politique de part et d’autre.

C’est bel et bien un vent glacial qui souffle sur l’Union européenne et rien n’augure un changement de cap. Regardons-les donc: Merkel et Cameron, Sarkozy et Berlusconi, Zapatero en fin de course, les pouvoirs polonais et hongrois inquiétants à tant d’égards et tous les autres qui pèsent ce que pèsent les poids plumes. Une union, une communauté? Un club de visionnaires, de penseurs, d’hommes d’Etat? Autant de questions auxquelles toute réponse paraît superflue, tant la misère intellectuelle est grande. Le comble est que ces gens-là osent donner des leçons à la Chine, à la Russie, quelquefois même aux Etats-Unis de Barack Obama. Sans parler des peuples qui se soulèvent ici et là en comprenant peu à peu que le soutien européen est simplement conditionné à deux éléments: les futurs marchés et la tentative de limiter les flux migratoires.

L’humanité est faible, c’est une banalité que de le dire. A-t-elle cependant besoin d’être à ce point médiocre?