Polanski refuse d’être extradé, le monde du cinéma en émoi

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le cinéaste Roman Polanski, arrêté samedi en Suisse, refuse d'être extradé vers les Etats-Unis, où la justice le recherche pour une affaire de moeurs datant de 30 ans, a annoncé lundi son avocat.

Le réalisateur franco-polonais, âgé de 76 ans, Oscar du meilleur réalisateur (2003) et Palme d’Or à Cannes (2002) pour „Le Pianiste“, a été arrêté à sa descente d’avion à Zurich, ville où il devait recevoir un prix pour l’ensemble de son oeuvre lors d’un Festival. Cette arrestation, sur mandat de la justice américaine, pour des faits remontant à 1977, a provoqué l’indignation de nombreux artistes dans le monde, qui dénoncent un „traquenard policier“. Le bureau du procureur de Los Angeles a annoncé lundi qu’il allait demander l’extradition du cinéaste. „Nous allons préparer une demande d’extradition, qui sera envoyée au département de la Justice et au département d’Etat, et qui suivra la voie diplomatique“, a déclaré à l’AFP Sandi Gibbons, porte-parole du bureau du procureur de Los Angeles. En vertu d’un traité entre les deux pays, les Etats-Unis disposent de 40 jours pour présenter à la Suisse une demande d’extradition officielle, délai qui peut être prolongé de 20 jours. Polanski peut faire appel de toutes les phases de la procédure et ses avocats ont annoncé qu’ils allaient demander sa remise en liberté.
Son avocat français, Hervé Témime, a déclaré que son client avait „refusé la demande d’extradition dont il est l’objet“. „Compte tenu des circonstances extravagantes de son arrestation, son avocat suisse sollicitera sans délai sa remise en liberté, éventuellement sous conditions“, a précisé Me Témime. Selon la justice suisse, Roman Polanski peut demander sa mise en liberté sous caution, mais une telle mesure n’est qu'“exceptionnellement accordée“. Polanski est recherché par la justice américaine après une procédure ouverte en 1977 pour des „relations sexuelles illégales“ avec une adolescente de 13 ans. Celle-ci, Samantha Geimer, aujourd’hui une mère de famille de 45 ans, a elle-même demandé en janvier dernier, l’abandon des poursuites. Me Témime, dans une déclaration au quotidien français Le Figaro, a évoqué „un problème de prescription“. Selon Me Témime, interrogé au Palais de justice de Paris, Polanski a été „très choqué“ par sa détention mais il est „combatif“. Le consul général de France à Zurich, Jean-Luc Fauré-Tournaire, qui a rendu visite lundi à Polanski dans sa prison, a constaté qu’il était „bien traité“. Les amis du réalisateur, qui dénoncent „l’acharnement“ de la justice américaine, ont fait circuler une pétition que 70 personnalités environ avaient signée lundi.
Parmi les premiers signataires figurent Costa-Gavras, Wong Kar-Wai, Fanny Ardant, Ettore Scola, Marco Bellocchio, Giuseppe Tornatore, Monica Bellucci, Abderrahmane Sissako, Tony Gatlif, Pierre Jolivet, Jean-Jacques Beineix, Paolo Sorrentino, Michele Placido, Barbet Schroeder, Gilles Jacob et Bertrand Tavernier.
Il est „inadmissible qu’une manifestation culturelle internationale, rendant hommage à l’un des plus grands cinéastes contemporains, puisse être transformée en traquenard policier“, estiment les signataires. Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a annoncé avoir écrit avec son homologue polonais Radoslaw Sikorski à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, pour demander la libération du cinéaste. Arrêté en 1977 à Los Angeles sur plainte des parents de Samantha Geimer, Polanski avait plaidé coupable de „relations sexuelles illégales“ et passé un mois et demi en prison. Fin janvier 1978, menacé de retourner sous les verrous, il avait fui en Europe où il vit depuis.