Les oligarques russes en chute libre au palmarès des milliardaires

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Célébrés hier comme les nouveaux Rockefeller, les oligarques russes n'ont plus la cote au palmarès Forbes des milliardaires de la planète: leur fortune, bâtie sur les matières premières, est décimée par la chute des cours et certains frappent à la porte de l'Etat.

 Il faut désormais descendre à la 40e place du classement 2009 du magazine américain, publié mercredi, pour trouver le premier milliardaire russe, le magnat des métaux Mikhaïl Prokhorov (9,5 milliards de dollars), alors que quatre oligarques figuraient parmi les 20 premiers de la liste l’an passé.
 Ces riches personnages aux liens étroits avec le pouvoir ont perdu 369,3 milliards de dollars, leur nombre passant de 87 à 32. En conséquence, Moscou a cédé le rang inédit et remarqué en 2008 de capitale mondiale des milliardaires, qu’elle a rendu à New York.
 Considéré il y a encore quelques mois comme l’homme le plus riche de Russie, le patron du géant de l’aluminium Rusal, Oleg Deripaska, a dégringolé de la 8e à la 164e place et sa fortune a fondu à 3,5 milliards de dollars, contre 28 milliards un an plus tôt. En grandes difficultés financières, M. Deripaska a obtenu la semaine dernière auprès de ses banques créancières un moratoire de deux mois pour restructurer sa gigantesque dette. Auparavant, ce quadragénaire avait obtenu de généreuses aides de l’Etat russe pour renflouer non seulement Rusal –premier producteur mondial d’aluminium– mais aussi sa banque Soyouz et le constructeur automobile GAZ.
 „Les Russes de la liste de Forbes ont beaucoup emprunté en mettant leurs actifs en gage“, dont la valeur a été plombée par la crise financière mondiale, observe le directeur de Renaissance Group, Alexeï Moïsseïev. „Cette situation est due à l’effondrement de la Bourse russe qui a chuté davantage que celles d’autres marchés emergeants“, perdant près des deux tiers de sa valeur en un an, renchérit un analyste de Deutsche Bank, Iaroslav Lissovolik.
Il y a un an, „tout le monde croyait que la Bourse russe poursuivrait son ascension ou serait au moins stable“, explique M. Moïsseïev, déplorant „la politique trop expansionniste de la plupart des Russes qui ont fait d’importants emprunts qu’ils n’ont pas pu rembourser“.
Depuis mars 2008, la fortune des milliardaires mondiaux a été quasiment divisée par deux, passant de 4.400 milliards de dollars à 2.400 milliards. Celle des oligarques russes a chuté dans des proportions plus vertigineuses, avec une division par presque cinq, la plupart d’entre eux étant actifs dans les hydrocarbures et autres matières premières dont les prix se sont effrondrés avec la crise.
Ainsi, le PDG de Severstal Alexeï Mordachov, célèbre en Occident pour son projet de fusion avorté en 2006 avec le géant européen Arcelor, a vu sa fortune divisée par cinq (4,3 milliards de dollars), glissant de la 18e à la 122e place au palmarès de Forbes.
Roman Abramovitch, propriétaire du club de football britannique Chelsea, s’en sort un peu mieux avec une fortune de 8,5 milliards de dollars (23,5 milliards en 2008), passant de la 15e à la 51e place. „Actuellement, ce sont plutôt des milliardaires tout court que des oligarques“, estime l’experte Maria Lipman, soulignant que l’influence de l’Etat dans l’économie augmente en période de crise, la pire qu’ait connue la Russie depuis dix ans.
„L’économie russe est très opaque, les liens entre le pouvoir et la propriété sont très étroits. C’est pourquoi chacun de nos milliardaires peut tout perdre s’il n’a pas de garanties informelles de la part des autorités“, explique l’experte du centre Carnegie. Mais „les oligarques ne peuvent pas disparaître tant que l’économie russe dépendra des ressources naturelles“, ajoute-t-elle.