KlangweltenLe retour d’Other Lives tombe à pic

Klangwelten / Le retour d’Other Lives tombe à pic
Other Lives – For Their Love

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Le groupe américain Other Lives sort son quatrième album studio en pleine pandémie.

En avril dernier, en pleine pandémie mondiale, Other Lives, groupe d’indie rock américain, originaire de la ville de Stillwater, dans l’Oklahoma (une ville quand même un peu connue pour avoir produit un genre musical local qu’on appelle le red dirt, un mix de rock, blues folk et country) a sorti son quatrième album studio, intitulé „For Their Love“, sur le label Play it again Sam après une ample pause de cinq ans.

Le groupe a été formé autour du chanteur, pianiste et guitariste Jesse Tabish – oui, tous les membres sont multi-instrumentalistes et ont au moins quatre bras et trois pieds. Le public luxembourgeois a eu l’occasion de le voir au festival Out of the Crowd en 2015 et aurait eu à nouveau l’occasion de le voir cette année-ci au même festival, s’il n’y avait pas eu l’apocalypse de zombies que nous connaissons.

Cinq ans après son album „Rituals“, qui avait tronqué les guitares acoustiques du formidable „Tamer Animals“ (2011) pour plus de sonorités électro, le groupe a décidé de renouer avec la nature en s’installant pendant tout l’été 2018 dans une maison à Cooper Mountain, au pied d’une montagne, en isolation. Le résultat est un album qui revient à ses origines: „For Their Love“ est à la fois simple – les guitares et le piano y ont les premières places, comme sur le tout dernier titre de l’album, „Sideways“, très dépouillé – et sophistiqué. Le titre éponyme „All Eyes – For Their Love“ ou le gracieux „Dead Language“, par exemple, détonnent par un arrangement complexe et l’ajout de tout un ensemble d’instruments, de la grosse caisse, dont est fait un usage de tout premier ordre sur l’album, aux instruments à vents et des chœurs de voix angéliques.

D’autres titres, comme le très mélancolique „Lost Day“  – premier single et première vidéo, plutôt ingénieuse, qui montre le groupe dans un studio dans une sorte de grande mansarde d’un chalet en bois, la caméra descendant dans un mouvement fluide à l’étage d’en dessous qu’on découvre alors être le même étage que celui d’avant, chacun des membres du groupe s’afférant à d’autres instruments, et ainsi de suite –, et le romanesque „Nite Out“, sont de parfaits titres d’indie folk psychédélique, baroque, cinématographie presque, déjà un brin tourmenté, avec une ritournelle de voix féminines qui vous emportent dans un monde intérieur.

D’ailleurs, et c’est là que l’album renoue avec l’ambiance de „Tamer Animals“, le spleen n’est jamais loin quand on écoute la voix suave et frissonnante de Jesse Tabish: celui qu’on éprouve tout naturellement en parcourant du regard un grand lac paisible éclairé par un soleil de printemps, celui qu’on éprouve quand le soleil perce la couronne des arbres, dans la profondeur d’une forêt, celui qu’on éprouve en solitude aussi.

On pensera très rapidement à d’autres formations du genre, de The National aux Decemberists, dont Other Lives partagent un peu le goût de l’écriture narrative, de l’envie de raconter un monde, ici, souvent perdu, instable, angoissant. D’où un sentiment et une émotion de réconfort qu’on ressent à l’écoute de „For Their Love“. C’est un album chaleureux, malgré sa mélancolie, qui signe un revigorant retour aux sources pour Other Lives. Peut-être une parfaite écoute pour ces jours d’enfermement où l’on a souvent l’impression que toute notre activité diurne (et nocturne) vient de se réfugier à l’intérieur de nous. (Ian De Toffoli)

Note: 8/10
Découvrez l’album avec: Nites Out, Lost Day