La Grande Dame se moque de l’âge qu’elle a

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A bientôt 80 ans, la Grande Dame de Cuba aura décomposé l’image de la vieillesse, trop souvent perçue comme parée, immobile, teintée de désillusions. Omara Portuondo écrit dans la dernière page du livret de son album „Gracias“: „Lo que me queda por vivir ... serà en sonrisa!“ Veronica Afonso

En d’autres mots, „Ce qui me reste à vivre, je le vivrai avec le sourire.“ Et c’est en rose bonbon qu’elle monta sur scène avec un grand sourire aux lèvres, un peu forcé, certes.
Elle fête ses 60 ans de carrière en rendant hommage aux grands musiciens qui l’ont accompagnée, parmi lesquels de nombreux ont déjà disparu, Nat King Cole, Ibrahim Ferrer, Compay Segundo, ou encore Ruben Gonzalez. Pour ceux qui sont fans des „Buena Vista Social Club“, elle figurait dans ce group comme la touche féminine. Elle chantait en duo „Dos Gardenias“ avec Ibrahím Ferrer, ce qu’elle fit seule sur scène cette fois-ci.

Hommage à descarrières brillantes

Alors qu’on aurait pu croire que le projet „Buena Vista Social Club“, lancé par Ry Cooder, et dont le film de Wim Wenders a fait le tour du monde, ne faisait que rendre hommage à des carrières brillantes trop longtemps méconnues du public occidental, Omara continue avec une fermeté et une assurance enviable au plus jeunes.
Elle aura été chérie du public dans son pays bien avant la création du groupe, vue par beaucoup de Cubains comme un travestie. Comme si à Cuba, il fallait qu’on leur dise ce qu’est la bonne musique.
D’abord danseuse, elle suivra les pas de sa soeur aînée, Haydee, un peu par hasard, et commença à interpréter des chansons style „filin“ – un mélange entre bossa nova et jazz américain, le tout cubanisé – qui lui valu le surnom de Omara Brown. Elle se trouvait en tournée à Miami en 1962 pendant la crise des missiles. Omara rentra chez elle, contrairement à sa soeur qui émigra vers les Etats-Unis. Au programme figuraient les ballades romantiques, telle „Adiós felicidad“. Des notes de jazz ponctuaient le boléro et le son. Les arrangements fait en grande partie par le guitariste du groupe qui l’accompagne, Swami Jr., ont contribué au plaisir tant des fans de musique cubaine que des fans de jazz.
Omara Portuondo coquetait avec le public et avec ses musiciens. Lorsqu’elle se mit à chanter „Drume negrita“, une chanson de berceuse qui lui avait été chantée lorsqu’elle était enfant, et qu’à son tour elle chantait à sa petite fille, elle faisait des gestes théâtraux, en se moquant presque des attentes que les gens ont des „vieux“, du genre „ils ont perdu la boule“. Elle se berçait sur scène, et promettait à sa petite fille qu’elle lui apporterait un melon géant aux mille couleurs. Le public était perplexe ne sachant manifestement pas comment réagir, si ce n’était à l’incroyable pianiste, le jeune cubain, Harold Lopez Nussa, d’entamer son solo et d’interrompre une certaine stupeur, amusante aux yeux de quelques-uns.
Elle aura couronné ses 60 ans de carrière avec un album qui témoigne de la continuité entre la musique cubaine et le jazz.Illustré de beaucoup de photographies personnelles, et de chansons en duo avec Chico Buarque, Pablo Milanés ou encore quelques anciens du Buena Vista Social Club, Cachaíto Lopez, son album est résolument nostalgique.
Elle nous dit merci. Le chemin est long, et Omara Portuondo continue de marcher.