Mittwoch17. Dezember 2025

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FranceRéforme des retraites: la FO et la CGT se sont retirées du „conclave“ social, la CFDT s’interroge

France / Réforme des retraites: la FO et la CGT se sont retirées du „conclave“ social, la CFDT s’interroge
Le premier ministre François Bayrou n’a pas l’intention de ramener l’âge de la retraite de 64 à 62 ans Photo: Olivier Chassignole/AFP

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Le grand cycle de réunions entre le patronat et les syndicats voulu par François Bayrou, pour une période de trois mois à raison d’une séance tous les jeudis, afin de pouvoir proposer une révision de la si controversée réforme des retraites – une „réforme de la réforme“, en quelque sorte – va-t-il survivre beaucoup plus avant? La question se posait avant même la rencontre d’hier, la quatrième déjà, tenue à effectifs réduits après différents retraits.

C’avait été, en décembre dernier, de la part du premier ministre qui avait le plus urgent de faire passer son projet de budget, et donc d’échapper, lui, à une motion de censure, une initiative jugée plutôt habile. L’arithmétique parlementaire supposait que pour ne pas être ainsi renversé comme son prédécesseur Michel Barnier, il obtînt l’abstention des socialistes au Palais-Bourbon lorsque cette motion serait votée. Il lui fallait donc donner à la gauche modérée un gage de bonne volonté, et cela sur le dossier politique et social qui restait le plus brûlant: la réforme des retraites.

En particulier la fixation du nouvel âge d’accès à une pension à 64 ans (en règle générale, car en fait de nombreuses exceptions étaient prévues, qui concernaient environ 40% des salariés français), contre laquelle l’ensemble du monde syndical était vent debout, de même qu’une large majorité de l’opinion. Et pas seulement à gauche, puisque le RN, qui s’est découvert depuis quelques années une forte vocation sociale et même ouvrière, en faisait lui aussi son cheval de bataille.

Mais Bayrou s’était voulu non seulement conciliant, mais rassurant: il n’y aurait, promettait-il, aucun tabou, aucune ligne rouge dans ces discussions, auxquelles, d’ailleurs, le gouvernement s’interdisait de prendre part. Ce devait être, en somme, le retour à la gestion paritaire, et non plus étatique, de la délicate gestion des retraites, devenue gravement déficitaire et que les courbes démographiques rendaient plus problématique encore pour les décennies à venir. Et nombre de commentateurs, sans être nécessairement des supporters enthousiastes du nouveau locataire de Matignon, ni très optimistes sur l’issue de cette entreprise de concertation, très vite surnommée „le conclave“, de saluer les vertus apaisantes, surtout au sortir d’une période aussi agitée, de la „méthode Bayrou“, très centriste d’inspiration et faisant une large part à l’écoute des autres. Une méthode dont la mise en œuvre devait normalement assurer au premier ministre trois mois de relative tranquillité, notamment parlementaire, au moins sur ce front-là.

Très vite cependant, le processus allait connaître une défection de taille: celle de la centrale Force Ouvrière, qui, tout juste installée dans la négociation, allait en claquer la porte, considérant qu’elle ne mènerait nulle part, notamment du fait de l’attitude des représentants du patronat. Sans doute y entrait-il aussi une part de stratégie vis-à-vis des deux autres grandes centrales syndicales, la CFDT et la CGT. On apprit ensuite que la petite Union des entreprises de proximité se retirait elle aussi. Puis surtout, avant-hier, que la CGT allait en faire autant, ce qui a été confirmé lors de la séance d’hier.

L’étonnante déclaration de Bayrou

Mais là, c’est le premier ministre qui lui en a fourni la raison, ou au moins le prétexte, avec une déclaration étonnamment imprudente. Bayrou est en effet allé déclarer, à la télévision puis à la radio, qu’il ne saurait être question de ramener l’âge de la retraite de 64 ans, comme c’est le cas depuis la réforme de l’an dernier, à 62, comme le demandent tous les syndicats. Certes, le dialogue pouvait – et même devait – porter aussi sur bien d’autres aspects du nouveau système, pour le rendre plus acceptable pour les salariés et leurs représentants. Ainsi des carrières longues, de l’emploi de seniors (il est très difficile de trouver un emploi en France après 55 ans, sauf qualification exceptionnelle), ou encore de l’égalité réelle des salaires et donc des retraites entre hommes et femmes, etc.

Et il était entendu que cet effort de meilleure justice et d’assouplissement des contraintes ne devait pas creuser davantage encore le déficit des caisses de retraites. Mais de là à fixer, par la voix du chef du gouvernement, une sorte de sujet-tabou, il y avait un pas, pour ne pas dire un fossé. Ne fût-ce que vis-à-vis de leurs mandants, il devenait très difficile aux syndicats de continuer à siéger dans un cycle de réunions dont, contrairement au pacte originel, l’objectif comportait désormais un interdit majeur.

La CFDT, réformiste et traditionnellement plus acquise au dialogue, ne vas pas encore jusqu’à faire purement et simplement défection à son tour. Mais elle considère que le premier ministre „a rompu le contrat qu’il avait fixé aux partenaires sociaux“, et sa secrétaire générale, Marylise Léon, demande à ses partenaires de modifier les règles de fonctionnement de ce „conclave“ s’ils veulent pouvoir le poursuivre. En particulier avec la liberté de discuter de l’âge de départ à la retraite. „On va se retrouver parmi ceux qui ont envie de travailler, et on va définir des nouvelles procédures et des nouveaux sujets“, a-t-elle déclaré.

On peut en tout cas se demander pourquoi François Bayrou a pris le risque de ruiner, en une phrase, un processus qui portait sa marque, et auquel il semblait tenir. Cela alors même que l’actualité internationale, et notamment la volonté de la France de prendre toute sa part de l’effort budgétaire du réarmement de l’Europe, alimentait déjà les doutes sur l’issue de cette concertation.