Impressions mitigées de l’exposition de portraits „Rock History“ de l’artiste-peintre André Depienne, à la galerie d’art contemporain „Am Tunnel“ du siège de la BCEE, à voir jusqu’au 31 mars 2019.
De Alasdair Reinert
En consultant la brochure au quatrième sous-sol du vénérable siège de la Spuerkeess, l’exposition nous est décrite comme „l’apogée“ d’un projet artistique ayant ses racines lors du centenaire de la Ville de Differdange en 2007. André Depienne, artiste luxembourgeois né en 1957, est l’auteur de nombreux collages, peintures, sculptures et productions vidéoclip.
Lui-même figure de la scène musicale locale, ayant été conseiller artistique du Blues Express à Lasauvage, DJ du „Rainbow“ à Oberkorn, nous présente ainsi des impressions de 80 vedettes de la musique populaire internationale, comprenant le rock, le jazz, le blues et le soul, tous décédées „trop tôt“.
La panoplie des 80 sujets englobe les membres du fameux club 27 (Kurt Cobain, Amy Winehouse, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison) et va jusqu’aux vedettes récemment décédées, parmi lesquelles figure David Bowie. Ce passionné du rock a pu attirer certaines de ces pointures au Luxembourg, notamment Joe Cocker, Andrea Bocelli, B.B. King et Carlos Santana.
Le visiteur est accueilli par deux boiseries de tableaux couverts de portraits de musiciens luxembourgeois. L’incontournable Thierry van Werveke frôle ainsi des célébrités locales tels Lucien Haas, Guy Theisen alias Leslie Kent ou encore Lisa Berg, violoniste tragiquement décédée en décembre 2017. Chacun des 80 portraits de la série a été réalisé dans le même format (100×150 cm) en peinture acrylique.
Le style est emprunté des grandes œuvres du Pop Art, la palette de couleurs se limite à dix tonalités distinctes, leur rendant un aspect d’illustration. Ainsi, l’icône de Miles Davis disparaît dans le noir et l’ultramarine sombres, sans pourtant accentuer son regard intense avec brio.
Un certain manque de dextérité
Si une partie des visiteurs se réjouiront du degré de ressemblance, du contraste multicolore, des aficionados de peinture ne pourront ignorer un manque de dextérité et de manipulation des pigments. Certes, si on discerne facilement les visages célèbres, avec leur effet de pixelisation, l’idolâtrie implicite des toiles demeure insipide.
Malgré une animation sonore et visuelle en fond, la stérilité de l’exécution et le manque de subtilité n’arrivent pas à dépasser l’attachement personnel de l’artiste pour véritablement sublimer la photo-référence de base et présenter ainsi une plus-value artistique.
Les informations sur les musiciens suspendues près de chaque œuvre se limitent aux dates de naissance et de décès, avec, au hasard, une citation et une sélection des titres les plus connus. Dommage pour ceux qui ne disposent pas de l’application mobile permettant d’accéder à une biographie propre par le biais de codes QR.
Cet aspect agacera ceux qui aimeront découvrir plus amplement les artistes moins connus, sans vouloir s’emparer du livre de l’expo accessoirement en vente.
La continuation du couloir souterrain séparant la fin de „Rock History“ mène les curieux vers un documentaire luxembourgeois des temps modernes.
Difficile d’ignorer l’exposition pérenne d’Edward Steichen, laquelle, avec ses photographies dont l’impressionnisme muet ne cesse d’engendrer la réflexion, nous rassure que l’œuvre de grands artistes survit à tout effort prosaïque de reproduction contemporaine. Dans ce sens, il ne reste que de vous inviter à faire tourner votre platine vinyle et de revisiter le (la) musicien(ne) légendaire décédé(e) de votre choix, afin de savourer des portraits sensiblement plus détaillés et viscéraux.
De Maart
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