Samstag15. November 2025

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FranceMacron veut affirmer son retour sur la scène intérieure

France / Macron veut affirmer son retour sur la scène intérieure
Emmanuel Macron (c.) mardi matin dans les halles de Rungis Photo: Benoît Tesier/Pool/AFP

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Après plusieurs semaines durant lesquelles il semblait avoir laissé toute la charge de promouvoir „sa“ réforme des retraites à la première ministre et à celui du Travail, Olivier Dussopt, tant à l’Assemblée nationale que dans les médias, le président Macron semble depuis hier vouloir reprendre la barre, et s’impliquer plus personnellement.

Choc des cultures, hier aux halles nationales de Paris-Rungis, qui passent pour le plus grand marché alimentaire du monde. Il est un peu plus de cinq heures du matin et Emmanuel Macron, l’œil vif malgré un réveil très précoce, sanglé dans un impeccable blouson fourré blanc, entouré de quelques ministres et de journalistes prévenus par le service de presse de l’Elysée, assiste avec une bienveillante componction, dans un stand de boucherie, à la découpe d’une tête de veau.

Plus loin, il écoutera les explications d’un producteur de poulets labellisés, en approuvant de la tête en homme pour qui ni les fréquences de ponte, ni les avantages du maïs pour l’alimentation de ces volatiles – dont on a fourré dans ses mains un exemplaire dûment empaqueté et labellisé – n’ont plus de secrets depuis longtemps. Plus tard encore viendra le temps du casse-croûte roboratif au comptoir avec ces hommes et ces femmes, tout de blanc vêtus eux aussi, qui travaillent dans les immenses pavillons de Rungis depuis deux heures du matin, voire minuit. Et à qui un plat de tripes avant l’aube ne fait pas peur …

L’atmosphère est bon enfant, courtoise et parfois même un peu blagueuse: rien à voir avec les dix journées de cauchemar du Palais-Bourbon. Pour autant, personne n’oublie quel est le grand sujet politique du moment. Ni ceux qui accueillent le chef de l’Etat, et qui se font un devoir de lui remontrer à quel point leur travail est physique, souvent éreintant au sens propre, ce qui leur semble invalider l’idée d’un report de l’âge de leur retraite à 64 ans. Ni leur illustre visiteur, qui ne s’est évidemment pas levé si tôt pour le seul plaisir de contempler dans le froid des carcasses de bœuf, des étals de poisson ou des montagnes de fruits et légumes.

„Ceux qui se lèvent tôt“

M. Macron, tout en compatissant à la dureté du labeur de ses hôtes, en profite en effet pour faire l’éloge du travail, et affirmer „la nécessité, puisque notre vie s’allonge, de travailler plus longtemps“. C’est là, dit-il, „une idée qui peut être perçue comme désagréable, mais je préfère les vérités qui fâchent aux mensonges qui font plaisir“. Avant de reprendre une formule employée par son prédécesseur indirect Nicolas Sarkozy durant sa campagne présidentielle de 2007, pour faire l’éloge des „gens qui se lèvent tôt“. Et, inlassablement, du travail …

Le président de la République n’a évidemment pas la naïveté de croire que cette visite aux halles, même bien couverte médiatiquement, peut le moins du monde suffire à convertir l’opinion à la réforme. Mais cette opération, qui sera d’ailleurs suivie samedi, dans un registre au fond assez voisin, d’une visite au Salon de l’agriculture, cherche au moins à marquer qu’en dépit d’une actualité internationale chargée, à laquelle il avait semblé jusque-là consacrer tout son temps en pleine crise des retraites, il reprend en quelque sorte les choses en main.

Et point seulement sur ce dossier, mais aussi sur celui de toute la politique intérieure. On dit le locataire de l’Elysée pressé de réaffirmer son autorité, voire sa légitimité souvent malmenée ces derniers temps, à travers d’autres projets, comme la grande loi sur l’immigration qui est en préparation. Reste que les projets pour „l’après“ ne sauraient lui faire oublier que l’urgence, pour lui, c’est maintenant. Et qu’il faudra, pour en sortir, un peu plus que des séquences, même gentiment populaires, de communication.