FranceMacron a enfin présenté son programme … et son bilan

France / Macron a enfin présenté son programme … et son bilan
Emmanuel Macron est très satisfait de soi-même Photo: Ludovic Marin/AFP

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Emmanuel Macron est enfin entré concrètement et globalement dans la campagne présidentielle, en tenant hier après-midi dans la banlieue parisienne une très longue conférence de presse, ouverte par une interminable déclaration combinant l’évocation de son bilan et ses propositions pour le prochain quinquennat – „si les Français me renouvellent leur confiance“, a-t-il précisé.

Le locataire de l’Elysée tenait-il à compenser, par ce propos liminaire sans fin, le silence et le refus de débattre qu’on lui avait reprochés jusque-là? Quand, près d’une heure et demie après le début de son monologue, une discrète bronca a commencé à se manifester dans la salle où étaient rassemblés quelque trois cents journalistes, il a eu l’air sincèrement surpris en se justifiant: „Il s’agit de l’élection présidentielle, il faut tout de même bien parler de tout!“

Du moins ne pourra-t-on plus, ces prochains jours, lui dénier le fait de s’être exprimé devant les Français – même si c’était d’abord sous forme de monologue. Mais il l’a très souvent fait dans ce langage technocratique qui lui est si cher et reste largement hermétique aux profanes, et dans un registre monocorde qui risque d’avoir passablement ennuyé, pour ne pas dire endormi, ceux des téléspectateurs qui avaient eu la possibilité – et la vaillance civique – de le suivre jusqu’au bout.

Ce souci d’entrer dans le moindre détail aura paru d’autant plus déroutant à plus d’un, s’agissant du moins d’un exercice oral, que tous les Français vont justement en recevoir le texte écrit … Le discours présidentiel aura ainsi donné le sentiment qu’il s’agissait de répondre par avance à toutes les objections d’éventuels contradicteurs, et à toutes les curiosités des journalistes. A telle enseigne que la séance de questions qui a suivi aura eu bien du mal à trouver son rythme – et son intérêt. Elle aura du moins conduit Emmanuel Macron a préciser que, selon ses estimations, le financement des nouvelles réformes qu’il propose aux électeurs s’élèvera à 50 milliards d’euros par an durant les cinq annuités de son second quinquennat.

Parmi les innombrables sujets abordés, l’actualité internationale pouvait l’inciter à évoquer sans tarder les questions de défense. Ce qu’il a fait, annonçant notamment que le nombre de réservistes sera doublé chez les militaires, et qu’il augmentera aussi (mais sans plus de précisions) pour les forces de sécurité intérieures: police et gendarmerie. Le service civique, qui doit „permettre l’acquisition de compétences venant renforcer la résilience de la nation“, sera en outre généralisé.

Inégalité dans la Santé et l’Éducation

Sur le front environnemental, le président-candidat s’est en outre félicité que la France, sous sa conduite, se soit engagée dans une stratégie de neutralité carbone en 2050: „Nous pouvons être la première grande nation à sortir de la dépendance au gaz, au pétrole, et au charbon“, a-t-il assuré. A cette fin, il a proposé de déployer massivement les énergies renouvelables avec, notamment, 50 parcs éoliens en mer d’ici 2050. Mais en poursuivant aussi la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. En outre, dans son projet l’accessibilité aux véhicules électriques sera facilitée, y compris pour les ménages les plus modestes.

Sur le plan social, M. Macron a confirmé son intention de porter l’âge de départ à la retraite à 65 ans, par paliers et en tenant compte, bien entendu, de certaines situations particulières. S’agissant de l’organisme qui gère les chômeurs, Pôle-Emploi, le président sortant voudrait le transformer en… Pôle-Travail. Simple changement d’appellation? Non, a-t-il dit, car „l’idée est de réussir à l’échelle d’un territoire à mettre en commun tous les savoir-faire“, en mettant fin „à la trop grande segmentation de ceux qui accompagnent le retour à l’emploi“.

Enfin, le président sortant a évoqué deux grands domaines de l’action publique qui, a-t-il reconnu, sont des facteurs d’inégalité entre les Français, alors que ce devrait être l’inverse: la Santé et l’Éducation. Sur le premier point, il a plaidé pour plus de mobilité entre secteur hospitalier et secteur privé, et pour la „médicalisation“ de l’administration des hôpitaux. Sur le second, il a souhaité „renforcer l’autonomie des universités pour en faire des opérateurs de recherche à part entière“, et promouvoir une „réforme du lycée professionnel pour en faire une voie d’excellence“.

En tout cas, au terme de ce très long tour d’horizon du „président-candidat“, mêlant bilan et perspectives, on avait bien l’impression, jeudi soir, que si le candidat n’était pas à court d’idées, il était aussi, décidément, fort satisfait du président.