Sonntag26. Oktober 2025

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InterviewL’humoriste Caroline Estremo sur l’humour et les LGBTIQA+ dans la comédie

Interview / L’humoriste Caroline Estremo sur l’humour et les LGBTIQA+ dans la comédie
L’humoriste Caroline Estremo était de passage au Luxembourg Photo: Editpress/Julien Garroy

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D’infirmière urgentiste et mariage hétéro à humoriste queer: mercredi dernier, Caroline Estremo a joué à guichets fermés au „Aalt Stadhaus“ à Differdange. Une interview sur l’humour et les LGBTIQA+ dans la comédie.

Tageblatt: Caroline Estremo, votre travail de longue date en tant qu’infirmière urgentiste est le motif central de votre livre „#Infirmière“ et de votre premier show „J’aime les gens“: dans plusieurs interviews, vous décrivez l’importance de l’humour dans le secteur, mais aussi les conditions de travail précaires. Quelles discussions en ont résulté?

Caroline Estremo: A la fin de mes spectacles, le public m’a souvent remercié d’aborder ces sujets avec humour. Cela permet de découvrir un monde de travail difficile de manière plus légère et de comprendre des choses à travers les blagues. Des proches de soignants sont également venus me voir en me révélant: „Maintenant, je comprends mieux ce que vit ma/mon partenaire.“ Régulièrement, il y a aussi eu une certaine incrédulité quant à ce qui se passe dans les cliniques. Le public pense que je rajoute des choses, alors que je ne fais que raconter le quotidien.

A propos

Caroline Estremo était infirmière, dont huit ans aux urgences à Toulouse. En 2016, elle sort de l’anonymat: elle publie une vidéo sur Facebook où elle raconte avec humour son quotidien d’infirmière – la vidéo a été vue plus que 600.000 fois sur YouTube à ce jour. Une notoriété qui lui a permis de publier le livre „#Infirmière“ aux Editions First en 2017. Pour en savoir plus sur Caroline Estremo: carolineestremoofficiel.com.

Regrettez-vous d’avoir abandonné le métier?

Quand je suis partie, il y a cinq ans, c’était déjà l’enfer, et maintenant, c’est encore deux fois plus grave, on me dit. A l’hôpital les gens m’insultaient, maintenant, ils applaudissent. (rigole) Je suis partie au bon moment – je n’étais pas dégoûtée par mon travail ou en burn-out, j’avais encore de l’amour pour les patients. C’est pour eux qu’on tient bon.

Parlons de votre nouveau spectacle: „Normalement“ porte sur votre famille, sur la procréation médicalement assistée (PMA) et l’adoption. Comment le public réagit-il?

Certaines personnes qui ne sont pas du tout concernées apprécient d’en savoir plus. Les procédures sont compliquées, mais je traite le thème à nouveau avec l’humour – et cela fait du bien aux gens qui ont le même parcours. Ils voient que c’est faisable, même si ce n’est pas simple. Par contre, les familles avec un enfant homosexuel qui craignent pour leur avenir voient que cela peut bien se passer. En général, je n’ai donc reçu que des réactions bienveillantes. Si quelques remarques négatives apparaissent, elles sont graves, mais rares. Je touche du bois!

Rencontre avec le Tageblatt à Pétange
Rencontre avec le Tageblatt à Pétange Photo: Editpress/Julien Garroy

Etait-ce une décision consciente d’aborder ces thèmes maintenant, alors que la Droite, en particulier, fait monter le ressentiment contre les personnes LGBTIQA+ dans le monde entier?

Je ne fais pas de revendications directes – je dis des choses et chacun prend ce qui l’intéresse. A la base, je raconte une histoire d’amour: Je suis partie après six mois de mariage avec ma meilleure amie, qui, elle, était mariée au meilleur ami de mon ex. Il se trouve que nous sommes deux femmes. Pour moi, il était clair qu’elle était l’amour de ma vie et que nous voulions fonder une famille. Pourtant, cela n’a pas été aussi facile que cela. Avec ma belle-famille, ça s’est mal passé au début. Ma belle-mère apprécie que j’en parle dans mon programme, car: dire la vérité peut aider d’autres familles dans la même situation. Je parle aussi, comme vous le dites, du désir de maternité et de la PMA. Enfin, le message que je veux passer est qu’on n’a qu’une vie et qu’il faut foncer. Il y a un côté sérieux, oui, nous avons eu des problèmes, mais cela en valait la peine.

A l’hôpital les gens m’insultaient, maintenant, ils applaudissent

Caroline Estremo, humoriste

Estremo dit ne pas encore avoir été agressée à cause de son homosexualité
Estremo dit ne pas encore avoir été agressée à cause de son homosexualité Photo: Editpress/Julien Garroy

Que pensez-vous des programmes ou plateformes spéciales pour les humoristes „queer“?

De manière générale, je n’aime pas les étiquettes et je me considère avant tout comme ce que je suis: moi. Ceci dit, je ne suis pas contre ces programmes et le besoin de montrer cela sur scène. Je suis favorable à ce que chaque personne fasse ce qu’elle veut quand elle est alignée avec soi-même. Personnellement, je n’ai pas ce côté militant. Je suis néanmoins consciente de la haine persistante envers les personnes queer et de la situation des générations précédentes. Après les spectacles, il arrive que des spectatrices plus âgées me remercient parce qu’à l’époque, elles ne pouvaient pas vivre librement ou encore parler de leur homosexualité.

Dans „Quelle époque!“ Muriel Robin, humoriste lesbienne de 69 ans, a dénoncé les discriminations envers la communauté LGBTIQA+ dans le cinéma et l’impossibilité de réussir une carrière après le „coming out“.

Je peux tout à fait imaginer qu’il y avait un lien à son époque. Aujourd’hui, j’ai l’impression que ce n’est plus le cas. Je pense que le choix est plutôt fait en fonction du rôle. Mais je tiens à souligner ici une fois de plus que j’ai la chance de n’avoir pas encore fait d’expériences négatives dans ce contexte et de ne pouvoir parler que de mon point de vue.

Puisqu’on parle de votre point de vue: qu’est-ce qui vous fait rire?

J’adore l’humour noir, mais aussi celui des enfants – et les fous rires dans des endroits où tu es censé te taire. C’est comme avoir plein de petits orgasmes dans la tête. Je ris aussi devant des vidéos de chats amusantes. Je suis vraiment simpliste en la matière, excusez-moi. Vous vous attendiez certainement à une réponse profonde du genre „Je préfère la comédie politique“. Bref, je rigole presque de tout.

Et où ne voyez-vous pas l’humour?

Vous souvenez-vous de ces vidéos où des personnes tombent ou se blessent, qui ont été très populaires pendant un certain temps? Ça, je ne trouve pas drôle du tout. C’est probablement dû à une déformation professionnelle: au lieu de rire, je pose immédiatement un diagnostic.

Humour au „Aalt Stadhaus“

Pour ceux qui n’ont pas encore perdu le sourire: le centre culturel „Aalt Stadhaus“ propose d’autres spectacles de comédie, notamment dans le cadre du festival „L’essentiel du rire“ (8-16 novembre). Infos sous lessentieldurire.com et stadhaus.lu.