Sonntag26. Oktober 2025

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FranceLes gaffes, mineures mais dommageables, de François Bayrou

France / Les gaffes, mineures mais dommageables, de François Bayrou
François Bayrou seul dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale – faute de ministres Photo: Stéphane de Sakutin/AFP

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Plusieurs comportements de François Bayrou sont venus, ces deux derniers jours, ternir l’impression jusqu’alors assez largement répandue, y compris chez ceux qui ne lui étaient pas particulièrement favorables politiquement, qu’il manœuvrait plutôt habilement dans ses nouvelles attributions de premier ministre.

Ce ne sont certes pas des fautes dramatiques, de nature à susciter la chute d’un gouvernement (lequel, en l’espèce, n’est d’ailleurs toujours pas nommé) ni de son chef. Mais par les temps qui courent, on attendait du nouveau locataire de Matignon, au vu de son long passé politique et de son tempérament, plus de prudence dans la gestion de ses premiers pas.

La plus notable de ses erreurs, depuis lundi, aura été, alors que Mayotte était dévastée par un cyclone d’une violence à peu près inconnue dans cette région de l’océan Indien, pourtant habituée aux tempêtes tropicales (voir Tageblatt du 17 décembre), de s’envoler dans l’après-midi non pour Mamoudzou, mais pour… Pau, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, dont M. Bayrou est le maire. En avion officiel, dont l’aller et retour est estimé à au moins dix mille euros, ce qui ne choque guère lorsqu’il s’agit de l’exercice de fonctions ministérielles, mais trouve moins sa justification dans le cas présent, lui ont fait remarquer des élus de l’opposition.

D’autant plus que le motif de ce déplacement-éclair était la tenue d’une réunion du conseil municipal; ce qui a conduit le premier ministre à n’assister à une autre réunion, de crise celle-là, sur l’organisation des secours à Mayotte, en soirée et sous la présidence d’Emmanuel Macron, que par visio-conférence – alors qu’on aurait mieux imaginé l’inverse. Cette situation aura rappelé à beaucoup le cas, qui avait beaucoup choqué à l’époque, du ministre de la Santé, le professeur Jean-François Mattéi, lequel, en pleine canicule d’août 2003 faisant de nombreuses victimes parmi la population âgée, avait accordé une interview à TF1 dans laquelle il répondait aux questions devant la piscine de sa propriété méditerranéenne plutôt que de se trouver à son bureau parisien.

„C’est lunaire!“

Deuxième bévue: M. Bayrou a profité de son passage à la mairie de Pau pour relancer une controverse pourtant enterrée depuis une dizaine d’année, sur l’opportunité d’interdire aux parlementaire, députés ou sénateurs, de cumuler ces fonctions avec celle de maire, comme ce fut très longtemps le cas. Le premier ministre a exprimé l’intention de revenir sur cette interdiction; pourquoi pas, en effet: les élus nationaux ne perdraient sans doute pas en compétence à avoir aussi un ancrage municipal. Mais est-ce vraiment le débat du jour? N’y a-t-il pas déjà, en ce moment, de quoi nourrir les polémiques, sans aller exhumer cette question? „Avoir jugé ça plus urgent que le sort de Mayotte, c’est lunaire!“, s’indignait hier matin un élu socialiste à la télévision.

Troisième maladresse: François Bayrou a indiqué qu’il espérait pouvoir „nommer le nouveau gouvernement d’ici la fin de la semaine“. Ce n’est pas la brièveté relative du délai qui a choqué: tout le monde convient que le plus tôt sera le mieux, même si, pour l’instant, le rythme de ses consultations n’augure pas nécessairement d’une fin prochaine. Mais c’est plutôt, en tout cas vu de l’Elysée, le fait qu’il ait semblé oublier que ce n’est pas lui, mais le président de la République qui nomme les membres du gouvernement. Même si c’est, précise la Constitution, „sur proposition du premier ministre“.

Les deux hommes ont déjeuné hier à l’Elysée, et peut-être l’atmosphère aura-t-elle un peu manqué de cordialité. D’autant plus que M. Bayrou ayant largement arraché au chef de l’Etat sa nomination à Matignon, ce dernier doit se faire un malin plaisir de scruter ses faux-pas. Le premier ministre a en tout cas expliqué à son hôte – qui va, lui, se rendre à Mayotte prochainement – qu’il ambitionnait de lui proposer une équipe resserrée, de l’ordre de vingt-cinq membres, se partageant par tiers entre le centre, la droite et la gauche. Ce qui répondrait sans doute assez bien à l’aspiration actuelle de nombre d’électeurs, mais qui semble plus facile à dire qu’à faire.

Puis le premier ministre, avant de regagner ce qu’on appelle „l’enfer de Matignon“, est allé affronter, seul, faute de ministres, ce que l’on commence aussi à appeler „le chaudron du Palais-Bourbon“, pour y répondre aux questions, inégalement amènes, des députés.