Salon du CALLe salon qui fait plus jeune que son âge

Salon du CAL / Le salon qui fait plus jeune que son âge
Liz Lambert: „My Instagram feed from 24.05.23 to 08.06.2023”, collage de photographies, 75 x 45 cm Photos: CAL/Guy Wolff

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Il y avait 146 artistes candidats au départ. Ils sont finalement 47 à pouvoir exposer au salon du Cercle artistique de Luxembourg (CAL) qui se tient jusqu’au 19 novembre au Tramschapp à Luxembourg.

Petit à petit, d’année en année, le Cercle artistique de Luxembourg (CAL) dépoussière son image et, sans renier son passé, renonce au passéisme. La transition s’est faite petit à petit, ces dernières années, par l’effet de plusieurs ingrédients. Il y a d’abord eu un fonctionnement plus transparent, garanti par un jury de sélection externe et compétent (cette année composé de la journaliste du Land et critique d’art France Clarinval, de l’assistante curatrice du MNHA, Lis Hausemer, du docteur en arts visuels, Claude Moyen, du directeur de l’académie européenne des Beaux-arts de Trêves, Simon Santschi, et de la directrice du Mudam Bettina Steinbrügge, au côté de quatre membres du CAL). Cela devait faire taire l’impression qui s’était installée, qu’on retrouvait toujours les mêmes artistes– sous-entendu pas forcément les plus méritants ni les plus aventureux – qui exposaient au salon du CAL.

Cure de jouvence

Le mouvement s’est aussi opéré en laissant une plus large place aux jeunes artistes (âgés de moins de trente-cinq ans). Le mérite n’en revient pas seulement au CAL. Cette aspiration au renouveau, indispensable pour le salon au risque de passer pour un événement de seconde zone, sinon de disparaître, a rencontré aussi une tendance lourde. De plus en plus de lycéens se lancent dans des études artistiques, et aspirent à la sortie de leurs études à une carrière artistique. Alors le salon du CAL peut se poser comme un tremplin et une première reconnaissance de leur talent, s’ils parviennent à passer les fourches caudines du jury.

Le salon offre aux sélectionnés un moment privilégié pour rencontrer des amateurs d’art. Ces derniers sont aussi des acheteurs potentiels. Vendre ses trois œuvres inédites que l’on présente au CAL – les prix vont de 100 à 12.000 euros, mais sont pour la plupart compris entre 1.500 et 3.000 euros – peut être vu à la fois comme un encouragement, mais aussi un coup de pouce non négligeable financièrement, tout comme peut être considéré la prime de 5.000 euros offerte pour le Prix révélation.

Ils sont ainsi vingt jeunes artistes, c’est-à-dire âgés de moins de 35 ans – parmi les 47 exposés (24 femmes et 23 hommes). Il faudrait y ajouter les cinq jeunes artistes sélectionnés en collaboration avec la Biennale des étudiants en art et jeunes artistes (VIART) de Vianden, pour la troisième édition de cette opération. Ainsi, le CAL peu à peu devient un rendez-vous où l’on peut repérer des jeunes artistes en devenir. Ce fut par exemple le cas de Pit Riewer en 2021, qui, depuis, a pris part à trois expositions collectives à la galerie Reuter-Bausch et qui aura droit à une première exposition monographique à Dudelange en février prochain. Pour l’édition 2023, il propose trois nouvelles œuvres qui confirment son goût de l’exploration picturale, aux frontières entre abstraction et figuration. À 38 ans, Joël Rollinger est tout juste sorti de la catégorie des jeunes artistes, mais il reste malgré tout nouveau dans ce genre de manifestation. Il présente trois œuvres qui montrent bien qu’il a réussi sa transition du street art qui l’a fait connaître aux expositions en intérieur. Il reprend le langage qu’il a développé pour ses peintures murales, couleurs pastel uniques dans des espaces délimités par un trait noir épais, pour l’adapter ici à des portraits fascinants, par l’opposition entre les couleurs et l’expression des personnages.

Tout juste trentenaire, Liz Lambert, lauréate l’année dernière d’un prix d’encouragement à la Cité de l’image de Clervaux, présente un triptyque de photos prises et partagées sur un réseau social durant trois mois consécutifs, qui forment chacun une planche. Si les formats sont dictés par le réseau sur lequel ils sont publiés, ils n’en démontrent pas moins un souci du détail, de la transparence, du reflet et de la lumière très personnel. Les lignes des corps et les lignes de la ville s’y rejoignent ou s’entrecroisent en permanence.

Au rayon photographie, toujours bien représentée sur le salon, on retrouve aussi la talentueuse Jeannine Unsen, lauréate du prix de la photographie CAL & Clervaux à la Cité de l’image. On croise aussi les œuvres de Thierry Harpes qui rappellent celles de Gast Michels. En ce qui concerne des jeunes artistes eschois, on croise Jérémy Palluce, Florence Everling ou encore Julien Hübsch, au côté d’aînés comme Serge Ecker et Filip Markiewicz.

Peintures et paysages

L’édition 2023 est marquée par une tendance, déjà observée l’année dernière, à des formats plutôt modestes, qu’on peut attribuer aussi bien au renchérissement des matériaux qu’à un renoncement à la surenchère. On retrouve parmi les 140 œuvres exposées par les 47 – sur 146 – artistes sélectionnés, beaucoup de peinture et de photographie, mais par contre très peu de sculptures. „Le jury a été frappé par le grand nombre de paysages et de sujets liés à la nature. Mais les portraits et figures humaines tiennent également une belle place dans les œuvres sélectionnées. De plus, il a constaté, dans l’ensemble, une grande convergence entre les générations, les supports et les thèmes“, rapporte le président du CAL, Marc Hostert, dans l’introduction au catalogue du salon. Il ne souligne pas que le jury a regretté l’absence de vidéos et de médias digitaux, absence dont on pourrait déduire une image encore conservatrice du CAL.  

Le CAL n’a d’ailleurs pas renoncé à des habitudes plus anciennes. Le jury du prix Révélation reste entre les mains des membres du Cercle. Si le jury du Prix Grand-Duc Adolphe est plus ouvert, la récompense ne peut être attribuée qu’à un de ses membres. Pour devenir membre, il faut vivre au Luxembourg et avoir réussi à être sélectionné trois fois en sept éditions du salon, ce qui implique une régularité et une véritable volonté de rentrer dans le réseau. Un petit tour d’horizon des derniers membres entrés dans le salon montre là aussi un intérêt grandissant des jeunes artistes.

Infos

Le vernissage du salon a lieu aujourd’hui de 18 à 20h. On y accède librement du lundi au vendredi de 10 à 19h, les samedis et dimanches de 10 à 19h (sauf le dimanche 19/11, fermeture à 17h). Catalogue vendu à 20 euros. Adresse: 49, rue Ermesinde, L-1469 Luxembourg.

Joël Rollinger: "sans titre 2", techniques mixtes, 105 x 80 cm
Joël Rollinger: "sans titre 2", techniques mixtes, 105 x 80 cm
Pit Riewer: "Or perform", huile et acrylique sur toile, 90 x90 cm
Pit Riewer: "Or perform", huile et acrylique sur toile, 90 x90 cm