Montag10. November 2025

Demaart De Maart

FranceLe meurtre de la petite Lola tourne à la controverse politique

France / Le meurtre de la petite Lola tourne à la controverse politique
Des fleurs sont exposées devant le collège de Lola à Paris  Photo: AFP/Geoffroy Van der Hasselt

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Le meurtre particulièrement abominable d’une fillette de douze ans, Lola, violée, torturée, étouffée et partiellement décapitée voici quelques jours à Paris, aurait pu rester, si atroce qu’il fût, un très sanglant fait divers. Mais l’affaire a rapidement pris une tournure politique, laquelle commence à embarrasser le gouvernement.

Cause de cette nouvelle dimension du drame: les modalités de la présence en France de la personne mise en examen au terme d’une enquête-éclair de la police judiciaire, une jeune femme de 24 ans, Dahbia B., de nationalité algérienne. Celle-ci était en effet en situation irrégulière depuis trois ans. Admise dans l’Hexagone avec un visa d’étudiante il y a six ans, elle n’avait pas regagné son pays à l’expiration de celui-ci, en 2019, et avait même fait l’objet cet été d’une notification d’avoir à le faire sous un délai d’un mois.

Dahbia B. était donc devenue, depuis trois ans, une immigrée clandestine, sans avoir, semble-t-il, laissé entre temps de traces probantes de son passage par l’Université, et donnant par ailleurs, selon certains témoignages, des signes récents de déséquilibre mental. Elle faisait l’objet de ce que l’administration française, jamais avare de nouveaux sigles passablement hermétiques aux profanes, appelle une OQTF, autrement dit une „obligation de quitter le territoire français“. Obligation à laquelle elle n’a donc jamais déféré, sans pour autant s’y voir contrainte.

La question des expulsions

Et c’est bien là que le bât blesse. Ces OQTF, l’Etat en délivre environ 120.000 par an à la suite de contrôles, mais se montre absolument incapable d’en faire respecter la très grande majorité puisque seulement 12.000 d’entre elles, soit 10%, sont réellement suivies d’une expulsion, à quoi il faut ajouter environ 8.000 retours (plus ou moins) volontaires. M. Macron avait pourtant promis que leur efficacité deviendrait totale avant la fin de son premier quinquennat … A la décharge de l’exécutif, il faut rappeler que pour être exécutée, une expulsion vers le pays d’origine doit recevoir l’accord de celui-ci – or l’Algérie, tout particulièrement, refuse à peu près toujours de reprendre ses propres ressortissants.

L’opposition de droite et d’extrême droite s’est saisie de l’affaire, qui a donné lieu, mardi à l’Assemblée nationale, à une vive empoignade verbale entre deux députés et la première ministre, ainsi que le ministre de la Justice. Mme Borne a ainsi appelé à „un peu de décence“ Marine Le Pen, qui soulignait que si la loi avait été appliquée, la petite Lola n’aurait pas été horriblement suppliciée par Dahbia B. Et le pouvoir va répétant que seul doit compter le chagrin des parents de Lola, que le chef de l’Etat a reçus à l’Elysée, et non une „récupération politicienne indigne“.

A quoi on répond, à droite et surtout au RN, que justement, il aurait mieux valu, par une politique moins laxiste, leur éviter un tel chagrin. Le gouvernement refuse d’entrer dans une telle controverse, dont il pressent qu’elle pourrait compliquer encore sa situation. Mais son porte-parole, Olivier Véran, a tout de même reconnu hier que si „le moment n’est pas venu de faire un procès politique“, l’exécutif „doit évidemment faire mieux“.