Freitag31. Oktober 2025

Demaart De Maart

FranceLe gouvernement Bayrou échappe à sa huitième motion de censure – l’abstention du RN a été décisive

France / Le gouvernement Bayrou échappe à sa huitième motion de censure – l’abstention du RN a été décisive
François Bayrou a échappé à sa huitième motion de censure  Photo: AFP/Julien De Rosa

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Le gouvernement de François Bayrou a échappé avant-hier soir, et assez largement, à sa huitième motion de censure depuis le 13 décembre dernier, date de sa nomination. Pour être adopté, il aurait fallu que le texte déposé par le PS rassemble la majorité absolue des députés, soit 289 voix; il n’en a obtenu que 189, le RN ne l’ayant pas voté.

Cette journée de (non) censure aura été à bien des égards, mardi, celle des non-dits et des faux-semblants. A commencer par les auteurs socialistes de la motion visant François Bayrou et son gouvernement. Officiellement, il s’agissait de sanctionner un premier ministre qui, devait dire Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, „n’a pas respecté sa parole, alors que le respect des engagements est la base de la démocratie“. Quel engagement, en l’occurrence? Celui de laisser le fameux „conclave“ entre patronat et syndicat „débattre librement et sans tabous“ de la réforme des retraites, tout en laissant entendre que la remise en question de l’âge de 64 ans devait être préservée. Et aussi de laisser le dernier mot au Parlement … ce qui sera effectivement le cas, mais sur un texte évidemment partiel puisque la concertation sociale n’a pas abouti à un accord d’ensemble.

Et il est vrai que, formellement, le PS n’était pas infondé à se fâcher, et à dire au premier ministre que la phase d’indulgence qu’il lui avait accordée était terminée. Tout en se trouvant cependant quelque peu embarrassé par le fait que la CFDT, plus important syndicat de France, de surcroît proche de la famille socialiste, et aussi la petite CFTC, avaient accepté, elles, de s’en tenir à cette demande gouvernementale sur les 64 ans en échange d’avantages conquis pour les salariés, en particulier pour les femmes et les titulaires de professions pénibles.

Mais ce que cherchait Olivier Faure en déposant son projet de motion de censure au nom du parti, c’était, surtout, en prenant de vitesse LFI, de couper court à la campagne lancée contre lui par les mélenchonistes de La France insoumise, sur le thème: le PS sert de béquille, ou de roue de secours, à un François Bayrou à l’évidence en pleine déconfiture (ce dont les sondages attestent en effet) après l’échec de son „conclave“ social, et donc aussi à Emmanuel Macron. La direction du PS tenait d’autant plus à cette correction de tir qu’elle ne désespère pas encore, au cours d’une prochaine rencontre avec celle de LFI, de rallier ce dernier à l’idée d’une élection primaire de l’ensemble de la gauche avant la présidentielle de 2027, stratégie que récuse radicalement M. Mélenchon.

L’embarras de François Hollande

Le comble de l’embarras aura été affiché, en la circonstance, par la démarche entortillée de François Hollande. L’ancien président socialiste était en effet hostile à cette motion, mais avait fini par se laisser convaincre par ses amis politiques que le premier ministre méritait un coup de semonce. Il a donc annoncé qu’il voterait la censure … à condition que le Rassemblement national, lui, ne la vote pas. Autrement dit, sous réserve que le texte de son propre parti, faute de majorité, ne puisse pas l’emporter!

Du côté du RN, justement, on aura participé allègrement à ce concours de faux-semblants en annonçant que, par souci de ne pas accroître dans l’immédiat le désordre politique et parlementaire, on ne voterait pas la censure, alors que l’appoint lepéniste était indispensable pour constituer une majorité destinée à renverser le gouvernement Bayrou. Et cela alors que le RN est, depuis la réforme des retraites, vent debout contre le fait d’en remonter l’âge à 64 ans, et se donne même, en toute occasion, des allures de défenseur acharné de la classe ouvrière et, d’une manière générale, des Français les plus modestes.

Et François Bayrou, quelles étaient ses arrière-pensées? Il avait imprudemment déclaré, ce week-end, qu’à ses yeux cette menace de censure était „une blague“. Imprudemment, car il n’est jamais très adroit, dans l’arène parlementaire, d’affecter de tenir ses adversaires pour quantité négligeable; et parce qu’il peut difficilement oublier qu’en votant, lui, la censure, le PS a refait du RN, si ce n’est un „faiseur de roi“, en tout cas un défaiseur éventuel de premier ministre. Même si, en tentant de rouvrir un débat sur une modification du mode de scrutin législatif en faveur de la représentation proportionnelle, à quoi une partie du „bloc central“ est d’ailleurs hostile, M. Bayrou fait une concession au RN. Lequel, avec plus du tiers des voix aux législatives de l’an dernier, estime qu’il gagnerait au change.

En attendant, ces petits jeux parlementaires risquent fort de ne pas réconcilier l’opinion avec la vie politique telle qu’elle se déroule en ce moment dans l’Hexagone. Etant entendu que selon toute vraisemblance, une nouvelle crise gouvernementale, de ce point de vue, n’aurait pas fait meilleure figure.