Cette décision n’a pas été acquise facilement par le premier secrétaire, Olivier Faure. Il est vrai que ce dernier se sera mué en quelques jours en ardent propagandiste de cette alliance avec un homme qu’il accusait d’être anti-européen, anti-OTAN, et au contraire soutien de Poutine et autres dictateurs anti-occidentaux, ainsi que des islamistes. Il n’empêche: une grande journée passée à appeler et faire appeler au téléphone les responsables départementaux du parti, lui a suffi à arracher en faveur de l’allégeance à Mélenchon une majorité non négligeable: 62% des voix du conseil national. Avec principalement deux arguments, même s’ils ont évidemment été avancés avec plus de prudence dialectique.
Premier argument: le PS est, avec la candidature d’Anne Hidalgo, descendu à un niveau incroyablement bas lors du premier tour de la présidentielle: 1,7% des suffrages, alors que Mélenchon en obtenait, lui, 22%. Il faut savoir se rallier au vainqueur pour sauver ce qui peut l’être encore, en termes de circonscriptions „gagnables“ (?), donc de députés … et de crédits d’État.
Second argument-choc: il ne s’agit après tout que d’un accord électoral, et non d’un pacte de gouvernement. Nous savons très bien que contrairement à ce qu’il raconte, Mélenchon n’a aucune chance d’accéder à Matignon le mois prochain, même s’il continue de marquer des points, explique-t-on en substance chez les „fauristes“. Donc peu importe si, dans un certain nombre de domaines essentiels, nous sommes à opposés de lui: ce qui compte, c’est de nous faire élire; on verra bien après.
Seulement 70 candidats sur 577 circonscriptions
Inutile de dire que cette vision „politicienne“ de la vie publique, qui ne vient que trop bien justifier le discours actuel de tant de Français contre la classe politique, suscite chez nombre de militants et cadres socialistes un profond malaise. Dès avant-hier par exemple, l’ancien premier ministre de François Hollande Bernard Cazeneuve a annoncé qu’il démissionnait du parti, et il serait très étonnant qu’il reste le seul à le faire.
Mais sur le plan pratique aussi, la colère se répand dans certaines fédérations socialistes, auxquelles Jean-Luc Mélenchon, puisque c’est lui désormais qui distribue les circonscriptions, n’en a que très peu accordé, voire aucune. Au total, sur les 577 sièges que compte l’Assemblée nationale française, le PS ne sera autorisé à se présenter que dans … 70: dans 507 d’entre elles au contraire, aucun candidat socialiste ne pourra se réclamer de l’„union populaire“.
Pour le parti de François Mitterrand, il y a là quelque chose de très difficile à admettre. Tout comme le caporalisme propre à LFI, qui fait que les adversaires socialistes de l’accord sont désormais invités à „rejoindre Macron“, leur a lancé Olivier Faure avec mépris, et à ne pas parler aux journalistes, contrairement à une vieille tradition de liberté de parole au PS.
Les socialistes sont-ils au bord de la scission, comme le prédisent certains? En tout cas, on devrait voir fleurir dans les semaines qui viennent un bon nombre de candidatures dissidentes, notamment de députés PS sortants qui ne comprennent pas comment leur premier secrétaire a pu faire si bon ménage de leur implantation, de leur fidélité socialiste, et de ce qui a fait jusqu’à présent l’essentiel d’un grand siècle d’histoire de leur parti.
De Maart
Sie müssen angemeldet sein um kommentieren zu können