Sonntag26. Oktober 2025

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FranceLargement réélu, Emmanuel Macron promet „un quinquennat exigeant et ambitieux“

France / Largement réélu, Emmanuel Macron promet „un quinquennat exigeant et ambitieux“
Emmanuel Macron et sa femme Brigitte Macron célèbrent après sa victoire à l’élection présidentielle française au Champ-de-Mars à Paris Photo: AFP/Ludovic Marin

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Emmanuel Macron l’a largement emporté sur Marine Le Pen dans cette édition 2017 de la course à l’Elysée, avec environ 58,8% des voix contre 41,2. Pour autant, son incontestable victoire s’accompagne d’un certain nombre de constats chiffrés qui sont – et seront – susceptibles d’influer sur le déroulement de son second quinquennat.

Non que le succès d’Emmanuel Macron puisse être minoré, quels que soient les efforts des différentes oppositions à cet égard. Il est, depuis le général de Gaulle en 1965, le premier président sortant à être réélu, en dehors de ceux qui, comme Mitterrand en 1988 ou Chirac en 2002, sortaient d’une période de cohabitation qui leur avait surtout donné la posture, autrement plus commode à gérer électoralement, de leader de l’opposition. Mais il n’empêche: sur cette réélection brillante, quelques autres considérations peuvent venir jeter leurs ombres.

La première est le douloureux constat de l’abstention. Celle-ci est de l’ordre de 28% des électeurs inscrits (et 40% des moins de 25 ans, ce qui est sans doute plus préoccupant encore). Soit deux points de plus qu’au second tour de 2017, où pourtant le scrutin opposait déjà les deux mêmes candidats. Si l’on y ajoute un chiffre exceptionnellement élevé de bulletins blancs ou nuls, on obtient celui de quelque 17 millions de Français qui, d’une façon ou d’une autre, et à la respectable exception de ceux qui en étaient matériellement empêchés, n’ont pas voulu participer à ce scrutin pourtant considéré comme le pilier central de la vie démocratique française.

Cette abstention traduit sans doute, on l’a déjà beaucoup dit, une désaffection – encore une fois, des jeunes notamment – à l’égard des modalités, des enjeux et des rites de la vie publique sous la Ve République. Mais elle tend aussi à illustrer un constat peu réjouissant, en particulier pour l’ancien et nouveau chef de l’Etat: la division de la France et des Français non seulement entre une majorité et une opposition, comme il va de soi en démocratie, mais en trois blocs que tout oppose.

La France en trois blocs?

D’abord celui du président, certes le plus nombreux, constitué de cadres du secteur privé, de classes moyennes plutôt supérieures ou, sans aller jusque-là, de gens qui se sentent (à peu près) bien dans leur peau, dans leur vie. Ensuite, à l’inverse, celui de Marine Le Pen, grossi au deuxième tour par une bonne partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, moins effrayés par les dénonciations d’un „danger fasciste“ qu’ils ne sont exaspérés par ce qu’ils considèrent comme le „mépris“ macroniste (Mme Le Pen y a à nouveau insisté dans son discours hier soir) et qui rejettent sans appel l’intégration européenne, le cosmopolitisme, la mondialisation …

Troisième bloc de Français: ceux qui considèrent que voter ne sert plus à rien, si cela a jamais servi a quelque chose à leurs yeux, et qu’ils ne sont jamais écoutés par les pouvoirs quels qu’ils soient. Ce furent tour à tour les Gilets jaunes, puis les négationnistes du vaccin anti-Covid, les 10 et 24 avril les abstentionnistes volontaires – et demain?

Situation d’autant plus redoutable pour le vainqueur d’hier que parmi ces millions de déçus – le mot est faible – beaucoup ont quand même fait un certain effort en votant pour Marine Le Pen au 2e tour, comme ils l’avaient fait il y a quinze jours en faveur de Jean-Luc Mélenchon. Signe qui ne trompe pas, même si l’exemple est en l’occurrence fourni par la France lointaine: dans les régions d’Outre-mer, le leader de La France Insoumise (LFI) avait été plébiscité au 1er tour, hier les mêmes électeurs ont assuré un triomphe local à Marine Le Pen …

Le Pen: „Un grand vent de liberté aurait pu se lever ce soir“

Il est vrai que les électeurs (ou les sympathisants abstentionnistes) des deux grandes formations populistes, le Rassemblement national à l’extrême droite et LFI à l’extrême gauche, sont largement fondés à considérer que le système électoral français, non pas pour la présidentielle mais pour les législatives, les empêche presque complètement de disposer d’un nombre d’élus correspondant à leur force dans l’opinion. Et c’est là quelque chose qui devrait, d’ici aux élections législatives des 12 et 19 juin, être beaucoup discutée, même si le délai est trop court pour modifier le mode de scrutin en y introduisant une forme de représentation proportionnelle.

Marine Le Pen, dans son discours de remerciements à ses électeurs, tout comme Jean-Luc Mélenchon, qui s’est invité dans le concert des commentaires de la soirée électorale, ont l’un et l’autre insisté sur le fait que rien n’était encore joué par le verdict de la présidentielle et qu’un véritable „troisième tour“ allait avoir lieu en juin. Echéance que l’ancien et nouveau locataire de l’Elysée – autre ombre au tableau de sa réélection – ne verra probablement pas arriver sans une certaine appréhension, tant son parti, La République en marche, semble encore mal implanté dans le tissu électoral.

La candidate du Rassemblement national a notamment déclaré: „Un grand vent de liberté aurait pu se lever ce soir dans tout le pays. Mais nos idées ont tout de même remporté une éclatante victoire. Je suis plus déterminée que jamais à défendre les Français: nous lançons ce soir la grande bataille des élections législatives!“ Quant à M. Mélenchon, quoique battu au premier tour – avec les honneurs d’un beau score, certes – il a renouvelé son appel aux Français à „ne pas se résigner“, à „entrer dans ce troisième tour“, bref à „l’élire premier ministre“ à l’occasion du scrutin législatif de juin, pour qu’il puisse conduire un gouvernement „de courage, d’action et de détermination“.

Macron: „Dès maintenant, le président de tous!“

Mais c’était évidemment l’intervention d’Emmanuel Macron que l’on attendait plus que tout. Le président réélu avait reçu dès l’annonce de son succès de nombreux télégrammes de félicitations de ses partenaires européens, le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel ayant été le tout premier d’entre eux, tandis que le chancelier Scholz devrait être le premier à recevoir sa visite.

M. Macron s’est solennellement avancé sur le Champ-de-Mars, au pied de la tour Eiffel, au milieu d’une forêt de drapeaux tricolores et européens, et aux accents de l’hymne lui aussi européen (autrement dit l’Ode à la joie de la IXe symphonie de Beethoven) comme il y a cinq ans dans la cour du Louvre. Et son premier mot, ovationné sans surprise, en prélude à un propos beaucoup plus succinct que ce qui fait l’habitude des interventions présidentielles, a été un chaleureux: „Merci!“ Un merci qui s’adressait aussi, a-t-il précisé, „à ces millions de nos compatriotes qui ont voté non pour mes idées, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite“.

Avant d’ajouter: „Dès maintenant, je ne suis plus le candidat d’un camp, mais le président de tous! Y compris ceux qui ont voté pour l’extrême droite ou qui n’ont pas voulu voter et dont je sais les inquiétudes et la colère. Ce sera ma responsabilité d’en tenir compte. Notre pays est pétri de tant de doutes, de tant de divisions, qu’il nous faudra avancer en veillant à ce que personne ne soit laissé au bord du chemin. Le prochain quinquennat ne sera pas la simple reconduction du précédent, chacun aura à s’y engager“, a conclu M. Macron, qui l’a promis „exigeant et ambitieux“.