Montag27. Oktober 2025

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FranceEmmanuel Macron devance Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle

France / Emmanuel Macron devance Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle
Emmanuel Macron devra faire plus qu’avant pour rester à l’Élysée Photo: Thibault Camus/AP/dpa

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Comme le laissaient attendre les sondages, le premier tour de l’élection présidentielle française a désigné, pour participer au second le 24 avril prochain, le président sortant Emmanuel Macron, et la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. Et cela avec un taux d’abstention de l’ordre de 27,5% qui, tout en étant plus élevé que d’ordinaire pour ce type de scrutin, n’atteint pas tout à fait le record redouté.

Cette participation des électeurs, décidément trop modeste mais un peu moins tout de même que ne le laissaient craindre les sondages, aura sans doute été, avant même que soient connues les estimations chiffrées des résultats des principaux candidats, la toute première surprise de ce premier tour. Mais la seconde est sans doute, en réalité, la plus importante: finalement – et, là aussi, à rebours des pronostics sondagiers – l’écart entre les deux candidats sélectionnés comme finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, est clair: de l’ordre de cinq points, avec 28,6 % des suffrages pour le premier contre 23,6 pour la seconde.

Les dernières enquêtes d’opinion les donnaient en effet au coude à coude, de même que les estimations „sortie des urnes“ publiées vers 19 heures en Belgique. Certes, Mme Le Pen peut se féliciter d’un résultat qui dépasse nettement ses scores antérieurs, alors même qu’Eric Zemmour, qui n’était pas candidat les fois précédentes, a tout de même capté environ 7% des voix qui auraient pu être les siennes. Ce dernier s’est d’ailleurs désisté hier soir pour Mme Le Pen. Mais l’effet de souffle qu’aurait produit à droite, et même dans l’ensemble du paysage politique français, l’arrivée de la présidente du Rassemblement national en tête au premier tour, n’aura donc finalement pas lieu.

Ce qui ne signifie pas que le parti LR puisse finalement échapper aux déchirements probablement induits par l’effondrement de sa candidate, puisque Valérie Pécresse n’atteint finalement même pas, selon les chiffres publiés hier soir, la barre des 5% des voix qui permettraient aux Républicains d’être au moins remboursés de leurs frais de la campagne. Son très droitier rival de la primaire, Eric Ciotti, a d’ailleurs annoncé durant la soirée électorale que pour sa part, ce n’était pas vers Macron qu’irait son vote au second tour; alors que Mme Pécresse, tout en rappelant ses désaccords „nombreux et profonds“ avec le président sortant, lançait, elle, l’appel inverse.

Le „vote utile“

Cette faiblesse du score de la présidente de la région Île-de-France aura d’ailleurs été, elle aussi, une autre surprise du premier tour. Le spectacle de son QG bien peu garni de supporters, hier soir, avait quelque chose de pathétique … Les sondages illustraient certes, depuis de longues semaines déjà, l’érosion de son socle électoral; mais nul n’imaginait une telle descente aux enfers. De même, d’ailleurs, pour Eric Zemmour, qui était lui aussi sur la pente descendante, mais pas à ce point dans les prévisions.

Un peu comme si les Français avaient inversé le vieux proverbe électoral selon lequel „au premier tour on choisit, au second on élimine“: en fait, ils auront voté – à gauche tout comme à droite, d’ailleurs – selon une logique opposée: dès hier, ils se sont comportés comme s’il s’agissait du second tour, en ignorant les „petits“ candidats, et même ceux qui s’inscrivaient dans la moyenne des intentions de vote.

Jean-Luc Mélenchon, pour sa part, améliore de presque deux points son résultat déjà assez brillant de 2017 (19,58%). Lui aussi aura bénéficié, sans en accepter l’idée, d’un réflexe de „vote utile“ au détriment du reste de la gauche modérée ou extrême. Sans doute, au terme de cette campagne présidentielle qui était pour lui la troisième, et en principe dernière, ne parvient-il décidément pas à accéder au second tour, et donc à plus forte raison à l’Elysée.

Score médiocre pour le PS et les Verts

Mais il se positionne clairement, et de très loin, comme le premier à gauche, ce qui lui donnera certainement des ailes pour les législatives de juin. Et s’il a appelé avec insistance à refuser tout suffrage à Mme Le Pen le 24 avril, il n’a pas explicitement déclaré, tout comme en 2017, qu’il fallait voter pour le chef de l’Etat sortant.

Côté socialiste, Anne Hidalgo confirme, avec un score inférieur à 2 % des suffrages, le fait que sa campagne n’a jamais réellement décollé. Elle a appelé, avant tous les autres, à un report de ses voix sur Emmanuel Macron, pour faire barrage à Marine Le Pen. Quand les résultats nationaux auront été affinés localement, il sera intéressant de voir combien d’électeurs parisiens – puisqu’elle est maire de la capitale – l’ont soutenue dans sa course à l’Elysée. Mais ce très mauvais score global pourrait bien avoir, en toute hypothèse, des répercussions dans la vie publique parisienne.

Tout comme la médiocrité du résultat du candidat des Verts, Yannick Jadot, qui ne fait que frôler les 5 % alors que les thèmes écologistes sont plus que jamais d’actualité, risque d’impliquer des mouvements divers dans cette mouvance politique particulière, si souvent portée, dans l’Hexagone, à la division et aux rivalités de personnes.

51% contre 49?

Dans ces conditions, Emmanuel Macron est-il assuré de sa réélection? Il obtient certes un résultat inespérément élevé par rapport aux derniers sondages de la semaine dernière. Mais une toute première enquête sur les intentions de vote pour le second tour lui donnait, hier soir, 51% des voix contre 49 à Marine Le Pen. C’est dire que rien n’est joué, vraiment rien; et que la mobilisation, dans chacun des deux camps, devra être maximale. Il faudra voir, en particulier, si le fameux „front républicain“ qui a longtemps fait barrage à l’extrême droite au second tour peut encore fonctionner.

Autre enseignement potentiellement préoccupant du vote d’hier: les candidats extrémistes, de gauche et de droite, c’est-à-dire en gros les adversaires du „système“, totalisent environ 54% des suffrages (dont plus de 30 pour l’extrême droite), cependant que semblent pulvérisés les deux grands partis de gouvernement, qui ont alterné au pouvoir entre 1958 et 2017, autrement dit la droite gaulliste et modérée – sous différentes appellations – et les socialistes.

Depuis le début de son aventure élyséenne, Emmanuel Macron s’est, il est vrai, employé à les réduire, et c’est peu dire qu’il y est parvenu. Mais pour les remplacer par quoi? Le vide ainsi créé lui a valu le succès il y a cinq années; mais s’il est réélu, il pourrait bien compliquer considérablement les cinq prochaines. C’est d’ailleurs bien le sens de son propos sur la nécessité de „tendre la main à tous ceux qui veulent travailler ensemble pour la France“, et de „fédérer toutes les énergies“ qui ont contribué à sa campagne, pour faire, à l’avenir, au sein d’une grande formation nouvelle. Laquelle aura, pour l’instant, cruellement manqué au quinquennat finissant. Mais il va falloir faire vite, puisque les élections législatives vont, dès le mois de juin, constituer un nouveau grand rendez-vous électoral majeur.

Marine Le Pen a cette fois-ci plus de chance à s’imposer face à Emmanuel Macron
Marine Le Pen a cette fois-ci plus de chance à s’imposer face à Emmanuel Macron Photo: François Mori/AP/dpa