Concert au Vantage ce soirDu blues et du baume au cœur

Concert au Vantage ce soir / Du blues et du baume au cœur
The Rusty Chair en live lors du „Blues Express“ au Fonds de Gras en 2019 Photo: Isabella Finzi/Archives Editpress

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À travers ses reprises et ses propres compositions, The Rusty Chair réactualise le blues, agrémenté d’une sauce folk et country, entre Tom Waits et Howlin’ Wolf. Faisons les présentations. Au centre, il y a Yannick Weiss, les doigts sur la guitare, la bouche sur l’harmonica, les deux mains sur les percussions. Xavier Husquin est à la basse acoustique là où José Silva accompagne Weiss au chant et à la gratte. Ce n’est pas tout: Frédéric Flausch berce les oreilles avec son accordéon; Romain Schaeck se frotte aussi bien au banjo qu’au ukulélé et à la mandoline. Contrairement à ce que son nom indique, The Rusty Chair n’est pas un groupe „rouillé“ mais agile, éclatant – rétro, mais moderne. Il joue ce samedi au Vantage à Beggen. Interview du leader.

Tageblatt: Ce nom, The Rusty Chair (la chaise rouillée en français, ndlr), c’est pour l’aspect à la fois rétro et confortable de votre musique?

Yannick Weiss: Le nom du groupe provient d’une chanson, qui a été l’une de nos premières compositions, intitulée „Rusty Chair“. Le morceau en question raconte l’histoire d’un type qui attend sa femme pendant des années. Il l’attend, il l’attend, mais elle ne revient plus. Et il l’attend toujours … sur sa petite chaise rouillée. Notre musique vient du blues, du folk et du country; les sonorités sont en effet rétros. Cela fait maintenant plusieurs années que nous jouons ensemble et nous avons créé la musique qui nous correspond. Nous ne souhaitons pas devenir les plus grandes rockstars du monde, nous tenons juste à ce que notre musique soit honnête.

Il y a un morceau qui s’appelle „Folsom Prison Blues“, un autre „Fumbling with the Blues“; vous avez repris „Minnie The Moocher“ de Cab Calloway, une chanson que l’on entend notamment dans le film „The Blues Brothers“: entre les membres du groupe, vous vous considérez comme des frères de blues?

Oui, nous pouvons dire cela. Nous restons toujours dans le blues. Même si nous partons vers des compositions plus folk ou plus country ou si nous évoluons vers d’autres genres, le blues représente la base de notre musique.

Cette voix rocailleuse, pourrait-t-on dire „nicotinée“, est une marque importante de l’identité de The Rusty Chair.

J’ai beaucoup fumé dans le temps! Quand j’ai commencé à chanter, c’est vraiment cette voix qui est sortie, sans calcul. Pour le blues, je peux la modifier un peu pour que ça sonne bien. Mon artiste préféré, c’est Tom Waits, alors forcément … J’essaye parfois de chanter „normalement“, mais c’est, il me semble, moins naturel.

C’est important de chanter autant en anglais qu’en luxembourgeois?

Nous avons une petite quinzaine de morceaux en luxembourgeois, mais aussi en anglais – et même en français. Le luxembourgeois domine; c’est surprenant, peut-être, mais c’est ma langue maternelle. Et ce n’est pas toujours évident d’écrire des paroles en luxembourgeois; à première vue, il ne s’agit pas de la langue la plus poétique qui soit, en tout pas celle qui serait la plus adaptée aux chansons. Il y a néanmoins des artistes comme Serge Tonnar ou Thierry Van Werveke, qui ont prouvé que langue luxembourgeoise et le langage musical pouvaient être adéquats.

Votre formation comprend notamment du banjo et de l’harmonica: selon vous, qu’est-ce que ces deux instruments apportent au groupe?

L’harmonica, c’est moi-même qui en joue de temps en temps. En ajoutant l’accordéon, le ukulélé et la mandoline, cela donne un type de musique que l’on n’entend pas tous les jours; ces instruments sont atypiques pour ce genre. L’harmonica, en revanche, fait bien sûr partie des instruments très utilisés dans le blues classique. Le banjo peut être joué de façon très triste. L’accordéon apporte la mélodie joyeuse.

Parmi vos influences, vous citez un groupe qui fait beaucoup usage de l’accordéon: La Rue Kétanou.

Oui, oui. J’ai vu La Rue Kétanou plusieurs fois en concert: quel groupe génial!

The Rusty Chair est plus festif ou plus mélancolique?

Les deux. J’écoute tous les genres musicaux, tant qu’il y a de l’honnêteté derrière. Je n’aime pas la musique mainstream. Bon, parfois un morceau ou deux, mais ça s’arrête là. Je peux écouter du jazz, du blues, voire du métal. J’écoute beaucoup de musique, soit festive, soit mélancolique, cela dépend de l’humeur dans laquelle je me trouve. Si je suis un peu déprimé, j’aime écouter du blues; s’il y a un beau jour de soleil, j’aime écouter du reggae. J’écoute de tout et cela se ressent sans doute dans notre répertoire. Il n’y a pas de limites.

Vous aimez bien jouer dans les bars. C’est le côté intimiste qui vous plaît?

Nous avons créé le groupe The Rusty Chair sans batteur, en acoustique. Avec les instruments dont nous disposons, nous pouvons jouer dans le coin d’un petit bar, pendant que les gens sont en train de manger et de boire; et, en même temps, nous pouvons jouer sans problème sur la scène d’un festival. Ce que vous voyez en live, c’est ce qui se passe lorsque nous jouons entre nous. C’est un peu comme dans un groupe de jazz: chacun a la possibilité de faire un petit solo par-ci par-là, chacun peut s’exprimer comme il veut à travers son instrument. Rien n’est planifié, nous laissons une grande place à l’improvisation. Résultat: le concert d’aujourd’hui ne ressemblera pas à un autre que nous aurions fait la semaine d’avant.

Vous aimez aussi jouer avec le public.

Il le faut, c’est nécessaire. Un live où l’on ne parvient pas à trouver la bonne communication avec le public, ce n’est pas un live réussi. Un concert n’est bon que si l’audience est avec vous, si elle réagit et, mieux encore, si elle danse.

Qu’est-ce que vous voulez raconter dans vos textes?

Il y a beaucoup d’amour dans les lyrics. D’un côté, la dimension joyeuse, et de l’autre, la dimension … moins joyeuse! Il y a aussi des morceaux qui peuvent s’inspirer directement des informations, comme le fait que des Syriens venus au Luxembourg ne trouvent pas un accompagnement à la hauteur. Mais s’il y a des influences venues de l’actualité, je ne veux pas être politique.

Vous reprenez pourtant „Bella Ciao“, qui est politique.

Nous avons chanté ce morceau avant qu’il ne devienne encore plus connu via la série „La Casa De Papel“. Mais, à vrai dire, c’est moins pour l’aspect politique que pour sa rythmique. Le public nous la demande en guise de rappel. En concert, c’est toujours notre dernière chanson.