ForumChoses vues, entendues, lues …

Forum / Choses vues, entendues, lues …
 Photo: Editpress/Hervé Montaigu

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Des fois il suffit de quelques mots pour remplacer ou personnifier toute une philosophie (politique). Il en va ainsi de la déclaration ahurie, mais un peu ignorée de l’opinion publique, de notre nouveau premier ministre (PM). Dans une interview à RTL, il a déclaré, probablement sans rougir, dans le contexte de l’éventail qui existe entre le bas de l’échelle sociale et l’autre extrémité, c.-à-d. le haut: „Ceux qui n’ont pas beaucoup ne vont pas mieux, si on prend tout à ceux qui vont bien.“ Caralhoooo! Relisez trois fois svp. On croit rêver!

Ce que quelques mots peuvent traduire

Dans toute philosophie politique qui se respecte, notamment dans nos démocraties occidentales, une telle phrase n’aurait pas passé le seuil du concours d’entrée de la première année de Sciences Po. Zéro pointé pour commencer! Simple lapalissade, la langue qui a fourché, ou des mots bien pesés, donc tout sauf spontanés?

Qui veut prendre tout, à ceux qui vont bien? On a déjà compris que le PM ne veut rien prendre à ceux qui vont bien. Question: s’agit-il ici d’un subterfuge, d’un stratagème pour faire peur, arme favorite de tout homme politique qui est aux abois? Ou pour tuer dans l’œuf toute velléité de changer quoique ce soit? Ou ne pas s’attaquer, même pas à la douce, à certaines forteresses des nantis et (ne serait-ce qu’un peu), mieux redistribuer, tout en débitant des phrases emberlificotées s’il s’agit de décrire la lutte contre la pauvreté, en fait inexistante ou très timorée? Ou pour faire appel aux réflexes défensifs primaires de toute personne susceptible de devoir céder des miettes du merveilleux gâteau qu’il croit être réservé pour lui, pour les siens, tout seul, en entier?

Il y a d’abord dans ces mots une forme d’arrogance insupportable qui ne peut venir que de quelqu’un qui a toujours été du côté du soleil et qui ne connaît rien, mais alors absolument rien, du monde réel, celui de ceux qui sont en bas, qui luttent tous les jours, dans notre pays de Cocagne, pas pour la vie, mais pour la survie. Gagner 2.570 euros par mois (2.257 euros net, selon la situation personnelle), salaire social minimum oblige, à condition d’avoir un contrat de travail de 40 heures, ce qui est loin d’être la règle, dépenser plus de la moitié pour le logement, et se démerder pour le reste, ça existe votre excellence, c’est une réalité sociale, à côté de chez vous. Même si la plupart des citoyens concernés ne sont pas encartés à la CGFP et n’ont pas le droit de vote, ils possèdent des droits sociaux pour autant, non? Ouvrez les yeux ou changez de lunettes! Vous aurez la confirmation que la pauvreté ou le risque de tomber dans la pauvreté, même en travaillant (les célèbres „working poors“, nous y sommes!), est une vraie réalité, pas seulement une petite ligne dans le programme électoral d’un parti politique, fût-ce le vôtre, qui ne vous concerne, ni ne vous intéresse guère, certes, ni politiquement, ni personnellement, ni de près ni de loin. Il faudrait quand-même que quelqu’un de votre entourage ose vous dire que les cuillères en or sont seulement réservées à une très petite minorité, même si vous en faites partie …

Fort avec les faibles et faible avec les forts

En ce qui concerne l’explication de texte de votre déclaration, elle en dit long sur un certain état d’esprit, sur une façon de voir la société, de voir le monde. Ainsi, d’après vous, le célèbre éventail de la pauvreté d’un côté et de la richesse de l’autre, si souvent évoquées par des ONG du secteur ou d’autres, doit rester figé. Touche pas à mon éventail, touche pas aux inégalités, fussent-elles criantes! Encore qu’avec certaines de vos mesures dans le domaine de l’imposition que vous envisagez de réaliser, cet éventail va bouger quand même, au profit des gros, une fois n’est pas coutume. Aucun rapprochement des deux lignes est donc envisagé, bien au contraire. Que chacun reste à sa place. De nos jours les inégalités atteignent des niveaux extrêmes, en proportion de leur revenu, les 10 pour cent les plus riches paient moins d’impôts que les 10 pour cent les plus pauvres. Est-ce une situation qu’on accepte telle quelle, ou est-ce une situation qui devrait inciter et motiver tout responsable politique de passer à l’action? Surtout dans un Etat qui aime s’adjoindre l’adjectif „social“ à toute occasion. Donc il faut faire bouger l’éventail cité plus haut, mais pas dans le sens que vous préconisez.

Si le premier ministre ne veut rien prendre aux riches, aux nantis, à ses amis, qu’il donne simplement plus à ceux qui sont en bas de l’échelle. Qui disait, avant les élections, „plus de net dans les poches“? Pas pour tous, si j’ai bien compris. Pourquoi vouloir protéger les uns, déclarés comme intouchables, comme des vaches sacrées, et abandonner à leur sort et faire souffrir quotidiennement les autres?

Trop facile d’être fort avec les faibles et faible avec les forts! Les récentes dispositions concernant les sans- abris, notamment à Luxembourg-ville, vont dans le même sens. On s’en prend aux pauvres au lieu de s’en prendre à la pauvreté. Dégoûtant! Révoltant!

Lors de l’interview évoqué, une autre phrase dégage un cynisme de mauvais aloi, mais est tout en logique avec d’autres déclarations: „Je veux réduire au maximum les conflits motivés par des intérêts particuliers de certaines catégories sociales (sans livrer de feuille de route) et n’avoir comme point de mire le seul intérêt commun.“ Bien dit, félicitations! Aurait-il pensé à la CGFP? Ou à ses copains des Big Four? Dans la foulée il déclare comme no go toute initiative ou modification susceptible de rapprocher les deux extrémités de l’éventail social.

Comme chantait Dalida si bien, en 1973 déjà: „Paroles, paroles, paroles … encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots …“

La doctrine sociale

En plus, c’est contraire à la doctrine sociale catholique à travers laquelle émergent plusieurs principes, véritables critères d’orientation et de discernement de l’agir social chrétien. On peut en lister neuf que l’Eglise reconnaît comme intimement liés à la dignité humaine: le bien commun, la charité, la destination universelle des biens, la dignité de la personne humaine, la justice, l’option préférentielle pour les pauvres, la participation, la solidarité et la subsidiarité. „Vaste programme“, aurait dit de Gaulle. (Petit intermède: le grand Charles, en déplacement dans la France profonde, s’est vu apostropher par un quidam avec les mots suivants: „Mort aux vaches!“ Et de Gaulle de répondre à voix haute: „Vaste programme!“

Le budget de l’Etat, notamment un élément de redistribution, est un excellent outil, parmi d’autres, pour donner plus à ceux d’en bas: hausse du salaire social minimum, allocations ou subventions les plus diverses, crédits d’impôts, politique sociale plus sélective. Faites jouer votre imagination, la mienne est sans limites …Mais de grâce, arrêtez de vouloir faire de la politique sociale par le biais de l’imposition directe, ce sont toujours ceux „qui vont bien“ (dixit le PM) qui sont les grands gagnants de ce type de mesures. Et qui font bouger l’éventail des revenus en faveur des derniers.

Pour argumenter sa position, notre premier ministre explique que pour garder un certain équilibre, il ne faut pas opposer les uns aux autres. Alors qu’en fait, il est en train de cimenter le déséquilibre pour protéger les nantis aux dépens des autres? Donc, si j’ai bien compris, ne pas opposer ni les pauvres aux riches, ni les gros aux petits, ni les grands propriétaires aux petits locataires, c’est cela son mantra (selon le dictionnaire: ce mot vient du sanskrit et signifie „instrument de pensée“). Il faut que rien ne bouge, ne pas faire de vagues, il ne faut pas faire du mal aux nantis, une clientèle électorale qu’il faut choyer. C’est exactement ici que l’on doit appliquer l’adjectif de „conservateur“, un adjectif dont le CSV et le DP se disputent la palme, actuellement. C’est le ciment même de la coalition aujourd’hui au pouvoir. D’après la littérature ad hoc, le conservatisme est une philosophie politique qui est en faveur des valeurs traditionnelles et affirme le primat du droit naturel sur la raison humaine. Il prône la préservation d’une situation ou le retour d’une situation passée dans les domaines social, politique, moral, culturel, même religieux. Surtout il faut que rien ne change, que les uns continuent d’être en haut de l’échelle sociale et les autres en bas et que personne ne bouge.

Il faut maintenir l’équilibre du déséquilibre, coûte que coûte!

Dès le départ du nouveau gouvernement, je ne m’attendais à rien, oui, à rien du tout. Donc, en fait, je n’ai pas été déçu.

Les premières déclarations publiques de la plupart des ministres, que ce soit dans la presse ou dans les commissions ad hoc de la Chambre des députés, laissent augurer un pilotage à vue permanent, au jour le jour, une impréparation grave, une fois qu’on doit mettre la langue de bois, les slogans électoraux et autres déclarations creuses au vestiaire et devenir plus concret. Les exemples sont d’ores et déjà légion.

Bonjour tristesse!

Ou pour paraphraser Jacques Chirac: „Putain, encore cinq ans!“

René Kollwelter est un ancien député et conseiller d’Etat
René Kollwelter est un ancien député et conseiller d’Etat
max.l
19. Dezember 2023 - 12.22

oohh wéi Recht hod Diir.. mër sën d'Wullmäis, an déi Aaner kréien de Wurm..

Robert Hottua
19. Dezember 2023 - 9.00

Guten Tag Herr Kollwelter, Sie weisen darauf hin, dass der Konservatismus das Vorrecht des Naturrechts über die menschliche Vernunft betont. Mit dem Thema "Naturrecht" habe ich mich bisher sehr wenig auseinandergesetzt. Gibt es einen für Laien inspirierenden Text auf deutsch dazu? ▪ (...) Und wir betonen immer wieder, dass in mancher Hinsicht der Faschismus und Nationalsozialismus uns sympathischer sind als Liberalismus und Sozialismus, weil sie gewissen Naturrechten weniger zuwider sind als sie. Wir verwerfen die liberale und sozialistische Gesellschaftsauffassung. Darum lehnen wir auch konsequent die heutige Regierungs- und Parlamentsform ab. Wir begrüßen und bejahen darum den Gemeinschafts- und Autoritätsgedanken des Faschismus und des Nationalsozialismus." (Luxemburger Wort, 13.03.1933) MfG Robert Hottua