Sonntag19. Oktober 2025

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Présidentielle 2022 en FranceEmmanuel Macron avance ses pions sans le dire, mais sans guère de mystère

Présidentielle 2022 en France / Emmanuel Macron avance ses pions sans le dire, mais sans guère de mystère
Dans son allocution Emmanuel Macron a rendu un vibrant hommage ... à lui-même Photo: AFP/Ludovic Marin

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En vue de la Présidentielle 2022, Emmanuel Macron avance ses pions sans le dire, mais sans guère de mystère. Il ne devrait pourtant déclarer sa candidature qu’en janvier.

La campagne présidentielle française est décidément lancée, alors même d’être ouverte, et tandis que deux des principaux protagonistes, Emmanuel Macron et Eric Zemmour, n’ont toujours pas annoncé leur candidature. Ce dernier tient des conférences qui ressemblent de plus en plus à des meetings, et le chef de l’Etat est lui aussi très actif en vue de l’élection, avançant ses pions sous le couvert de ses fonctions officielles avec de moins en moins de mystère.

C’est d’ailleurs là un reproche déjà ancien fait aux différents présidents sortants sous la Ve République que de profiter de leur statut, et de l’exposition publique qui en découle, pour faire campagne sans que ni leur temps d’antenne, ni le budget de leurs déplacements, ne leur soit imputés. S’agissant de Macron, ce grief lui a été fait d’une façon virulente à la suite de sa longue intervention télévisée de mardi dernier, en principe destinée à préciser sa stratégie contre le Covid, mais qui ressemblait fort, en effet, à un discours de campagne.

L’annonce d’une troisième dose de vaccin n’aura donc été „qu’une excuse“, a réagi Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national. Jean-Luc Mélenchon a dénoncé „un mélange des genres anormal: clairement, Macron est candidat, mais son temps de parole n’est pas compté comme tel“. Quant au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, il a estimé ironiquement que le chef de l’État aurait carrément dû conclure son allocution en affirmant: „C’est pourquoi je suis à nouveau candidat à la présidence de la République!“

Mais il ne s’agit là que de l’écume des choses, et d’un effet à peu près inévitable du maintien en fonctions d’un élu, quel que soit son niveau, dès lors qu’il s’apprête à briguer sa propre succession. Que dirait-on, il est vrai, d’un président de la République, mais aussi d’un maire ou d’un député, qui se mettrait luit-même en congé des fonctions auxquelles l’a porté le suffrage universel, des mois avant que les électeurs soient à nouveau consultés, pour ne rien fausser?

Ce qui est nettement plus intéressant, en fait, est de tenter de déchiffrer, à travers les paroles et les actes de ce président en fin de (premier, et peut-être unique) quinquennat, les indications qui peuvent déjà transparaître quant aux orientations de sa future campagne. En tout cas si l’on tient pour acquise la quasi-certitude des politologues français, à savoir son intention de se représenter. Or de ce point de vue, cette allocution aura été riche de sens. Le locataire de l’Elysée y a rendu, implicitement, un vibrant hommage … à lui-même, et à son action non pas seulement sanitaire, ce qui était en principe l’objet de cette intervention, mais aussi sur le plan économique et social.

„Une sorte de Blitzkrieg“

Et surtout, il l’a fait en mettant en avant, comme un clin d’œil, des mesures qui sont évidemment mieux reçues à droite qu’à gauche, quitte à sembler oublier qu’un certain nombre d’entre elles, présentées par lui d’un ton résolu comme de hardies novations, figurent déjà, en fait, dans la législation actuelle, comme la limitation du droit des chômeurs à refuser sans radiation des listes de demandeurs d’emploi deux propositions „raisonnables“ de Pôle-Emploi, par exemple.

Tout le volet social de son discours, surtout si l’on y ajoute l’éloge de la „valeur du travail“ comme fondement de la société, était évidemment destiné à l’électorat de la droite modérée, dont le chef de l’Etat semble désormais convaincu que sa réélection éventuelle passera par lui, plus que par celui du centre-gauche. Que ce positionnement intervienne au moment où le parti Les Républicains se cherche un candidat, avec des débats publics entre ses cinq postulants (dont le second avait lieu hier soir sur BFM/TV) ne doit évidemment rien au hasard …

Reste évidemment à imaginer quand et comment aura lieu la vraie campagne présidentielle de Macron. S’agissant du calendrier, ce n’est sans doute que fin janvier que sa re-candidature sera annoncée, après qu’il aura pris la présidence du conseil européen. Mais d’ici là, les différentes cérémonies des vœux à l’Elysée devraient donner au chef de l’Etat plusieurs occasions d’envoyer aux médias, et donc aux électeurs, quelques messages de moins en moins subliminaux.

Puis viendra le temps d’une campagne que ses proches décrivent comme „une sorte de Blitzkrieg“, menée sous l’autorité de quelques piliers de la Macronie repérés par l’Elysée pour leurs talents oratoires, leur connaissance des dossiers … et leur fidélité. Parmi eux, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, se verrait bien jouer un rôle de premier plan – en en attendant peut-être un autre.