La droite classique apparaît clairement comme le principal vainqueur des élections départementales et régionales des 20 et 27 juin, même si la gauche modérée y a, elle aussi, fait bonne figure. Ce succès, inattendu au regard des sondages qui avaient précédé le 1er tour, lui donne à la fois des espoirs et des soucis pour la présidentielle.
D’ordinaire, quand on dit au lendemain d’un scrutin qu’il „rebat les cartes politiques“, c’est parce qu’il a été marqué par une ou plusieurs grosses surprises. Le paradoxe du vote de dimanche est que c’est tout l’inverse: si les cartes sont en effet rebattues, c’est parce que, loin de bousculer les rapports de force et d’éliminer les sortants, il s’est au contraire traduit par une spectaculaire continuité. Mais une continuité par rapport à l’élection similaire précédente, celle de 2015 – comme si, entre temps, Emmanuel Macron n’avait pas été élu à l’Elysée, et n’avait pas gouverné depuis quatre ans, en s’appliquant à démanteler la gauche et surtout la droite.
Formons une belle équipe
Naturellement, l’abstention toujours très élevée, frôlant les 66% des inscrits, impose de relativiser l’interprétation que l’on peut faire de ce scrutin. Mais l’impression s’est tout de même installée au soir du premier tour, et elle a été largement confirmée au second: le scénario d’un nouveau duel Macron/Le Pen en 2022, sans être aucunement devenu impossible, a tout de même perdu le caractère quasi-inéluctable que beaucoup lui prêtaient. Souvent avec une sorte de résignation morose, mais pour l’évidente satisfaction des deux principaux concernés, dont chacun voulait voir en l’autre le „meilleur ennemi“.
Changement de perspective
C’est ce changement de perspective, pour hypothétique qu’il demeure à ce stade, qui, depuis dimanche soir, redonne des ailes à la droite modérée, vainqueur dans sept régions métropolitaines sur douze (outre la Corse au statut particulier), à la fois contre un RN décidément en totale déconfiture et contre une gauche tantôt unie, tantôt non. Sans parler d’une République en Marche qui, dans plusieurs régions, n’existe plus guère qu’à l’état de trace, en tout cas pour un parti présidentiel.
Le problème, pour cette droite ragaillardie (car ses ténors font mieux que sauver leur présidence régionale: ils améliorent clairement leur score respectif), va maintenant être de déterminer qui portera ses couleurs à l’élection présidentielle. Trois des vainqueurs de dimanche au moins peuvent y prétendre: Xavier Bertrand, réélu dans les Hauts-de-France, Valérie Pécresse en Île-de-France, et Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes. Etant entendu que Renaud Muselier, dont la réélection bien plus large que prévu en région PACA face au RN a été l’un des événements majeurs du scrutin, n’affiche, lui, aucun appétit présidentiel.
Mais il n’en va pas de même pour les trois précités. Tout particulièrement pour Xavier Bertrand, qui est pour l’instant le seul à s’être déclaré candidat, qui avait fait de sa réélection régionale la clé d’un possible destin national, et qui a tenu dimanche soir un discours de remerciements qui évoquait déjà très fort la course à l’Elysée du printemps prochain. Laurent Wauquiez y pense manifestement aussi, surtout avec la réélection, elle aussi, très large qu’il a obtenu, et après avoir été entre 2017 et 2019 le „patron“ de LR.
Quel système à la place des primaires?
Quant à Valérie Pécresse, même si son score est inférieur à celui de ses deux rivaux potentiels, elle a pour elle d’avoir été reconduite à la tête de la région de loin la plus peuplée de France, la plus difficile aussi sans doute, et d’avoir dû affronter au second tour trois listes, dont l’une était le résultat d’une fusion de celles que la gauche lui avait opposées au premier. Interrogée hier matin sur ses possibles intentions présidentielles, elle a indiqué qu’elle annoncerait sans doute sa décision en septembre, après avoir réfléchi cet été.
Reste à savoir, donc, comment départager ces trois vraisemblables prétendants, dont chacun cherche évidemment à être „le“ rassembleur auquel se rallieront les autres. Xavier Bertrand assure que la droite „a de quoi former une bien belle équipe de France pour 2022“, et s’en voit manifestement déjà le chef. Valérie Pécresse appelle la droite et le centre à se réunir en conclave pour se choisir un candidat. Laurent Wauquiez se tait … pour l’instant, tout comme d’autres prétendants moins probables, tels Michel Barnier ou Bruno Retailleau.
Quant à Christian Jacob, le président de LR, il a prévu de faire organiser un vaste sondage par un institut spécialisé pour déterminer quel candidat préfèreraient les militants et sympathisants. Compte tenu du douloureux souvenir de 2017, avec la victoire finalement calamiteuse de François Fillon, la réédition de véritables primaires semble en tout cas exclue. Mais l’alternative à ce système, manifestement, reste encore à inventer.
De Maart
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