L’Occident promet 3,4 milliards d’euros en gage de son soutien à Tbilissi
Plus de deux mois après le conflit russo-géorgien, les Occidentaux ont promis à Tbilissi leur protection au moins économique en s’engageant à lui apporter 3,4 milliards d’euros (4,5 milliards de dollars) d’aide sur trois ans. La commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, s’est réjouie que ce montant – qui comprend 2,8 milliards d’euros d’argent public et 600 millions d’argent privé-, soit „bien supérieur à ce que nous attendions“, surtout en période de crise financière. L’Union européenne, qui a joué via la présidence française de l’UE un rôle moteur pour arriver à un cessez-le-feu entre Moscou et Tbilissi, devrait aussi être la plus généreuse. Si on ajoute les contributions individuelles des Etats membres aux quelque 500 millions d’euros promis par la Commission, on arrive à 880 millions d’euros, soit „près du tiers“ de l’aide publique totale, a indiqué Mme Ferrero-Waldner. Les Etats-Unis, dont la représentante Henrietta Fore a dit sans ambages mercredi vouloir „aider la Géorgie à se remettre de l’invasion russe“, arrive deuxième avec 1 milliard de dollars (700 millions d’euros). Et le Japon troisième avec 200 millions de dollars (151 millions d’euros). „Nous sommes profondément émus et poussés à l’humilité par cette démonstration de solidarité, cela dépasse largement nos attentes“, a déclaré le Premier ministre géorgien, Lado Gourguénidzé. „Aucun Géorgien ne l’oubliera jamais“, a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner avait estimé à l’ouverture de la conférence mercredi matin que la communauté internationale devait „prouver“ par ses dons qu’elle était „aux côtés de la Géorgie“ et qu’elle voulait „une solution politique“ pour les régions séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, sur lesquelles Moscou a conforté son emprise grâce au conflit.
L’argent promis mercredi devrait permettre de remettre sur pied l’économie géorgienne – en plein „boom“ avant le conflit avec un rythme annuel de croissance de 10,5%. Et d’aider les quelque 65.000 personnes déplacées par le conflit, qui sont venus s’ajouter aux 220.000 personnes déjà chassées de ces régions au cours des conflits qui les ont opposées à Tbilissi au début des années 90, après l’effondrement de l’URSS. Mais ces engagements financiers du „camp occidental“ contrastent avec son impuissance à remettre en cause sur le terrain la main-mise sur les deux régions de la Russie, qui a reconnu leur indépendance fin août. Européens et Américains espèrent néanmoins que cette question sera rouverte dans le cadre des discussions de Genève, qui ont commencé le 15 octobre et ont immédiatement capoté. Elles doivent reprendre le 18 novembre. M. Kouchner a reconnu mercredi qu’elles pourraient durer des années. Il a aussi admis que le retrait des troupes russes des „zones adjacentes“ aux régions séparatistes, auquel Moscou s’était engagé avec l’UE, comportait encore „des zones d’ombre“, notamment avec leur maintien dans le district contesté d’Akhalgori.
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a par ailleurs concédé que les Européens avaient aussi tout intérêt à soutenir ce pays – le plus occidentalisé du Caucase, qui plus est candidat à l’Otan – vu son importance pour l’acheminement vers l’Ouest des hydrocarbures de la Caspienne. Mme Ferrero-Waldner a assuré que l’aide européenne serait liée à la poursuite des réformes économiques et politiques par le gouvernement de Mikheïl Saakachvili. Notamment en matière d’indépendance du système judiciaire, des droits de l’opposition, et de liberté de la presse. Dans une lettre ouverte adressée mercredi aux organisateurs de la conférence, plusieurs responsables de l’opposition géorgienne ont d’ailleurs insisté pour que la communauté internationale vérifie que l’aide ne serve pas à „renforcer le régime“ en place.
22. Oktober 2008 - 15.40 Uhr
De Maart
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