La Banque centrale russe, qui communique chaque semaine le niveau de ses réserves d’or et de devises, a dû concéder jeudi une baisse record de 31 milliards de dollars la semaine dernière, à 487,4 milliards de dollars. Ce trésor, le troisième au monde derrière ceux de la Chine et du Japon, a progressé régulièrement pendant la première moitié de l’année et culminé à près de 600 milliards de dollars le 8 août, date de l’entrée des chars russes en Géorgie, qui avait donné le signal d’importantes fuites de capitaux. La Banque centrale se montrant avare en détails, les analystes en sont réduits aux conjectures pour expliquer l’ampleur de l'“énorme“ baisse constatée cette semaine.
Pour Anton Stroutchenevski, économiste de Troïka Dialog, elle pourrait paradoxalement être un bon signe: selon lui, la moitié du recul est à mettre au compte de réévaluations techniques dues à l’évolution du taux de change euro/dollar.
Le reste aurait été transféré à la banque publique VEB, récemment chargée par le gouvernement de prêter 50 milliards de dollars aux entreprises russes affectées par la crise. „Si c’est cela, c’est la meilleure chose que peut faire la Banque centrale dans cette situation“, estime M. Stroutchenevski. Mais pour Chris Weafer, analyste de la banque UralSib, le recul des réserves témoigne surtout du „combat“ mené sur les marchés des changes par la Banque centrale pour empêcher le rouble de céder trop de terrain face au dollar et à l’euro.
„Une grande bataille a été gagnée mais la guerre est tout sauf terminée“, selon M. Weafer.
Le rouble est tombé mardi à son plus bas niveau face au dollar depuis avril 2006, à 27,50 roubles pour un dollar et les analystes n’hésitent plus à parler de „redollarisation“ de l’économie, le rouble inspirant nettement moins confiance qu’avant.
Ils soulignent que la Banque centrale, qui s’est jusqu’ici appuyée sur ses réserves pour soutenir le cours du rouble, n’aura pas éternellement les moyens de le maintenir à ce niveau. Selon eux, une dévaluation ne serait donc pas à exclure, bien que les politiques s’échinent à affirmer le contraire. „Si les cours du pétrole continuent de tomber, la Banque centrale devra le laisser (se dévaluer) car il n’est pas possible de maintenir un taux de change établi à un moment où le baril valait 100 dollars“, estime Alexeï Moïsseev, analyste de la banque Renaissance Capital. Il souligne cependant que le gouvernement, déjà confronté à l’effondrement du marché boursier, fera tout pour éviter une dévaluation „gênante“ de la devise russe: „Cela serait interprété par la population comme une reculade. Et il y a un fort risque que les gens se ruent à la banque“ pour en retirer leurs économies.
De fait, et malgré les efforts du président Dmitri Medvedev qui a ostensiblement fait savoir qu’il n’avait pas touché à ses comptes en roubles et juré que „rien ne menaçait“ l’épargne des Russes, toutes sortes de rumeurs circulent, et nombre de particuliers et d’entreprises n’ont pas attendu pour convertir leurs avoirs en dollars ou en euros. Alexandre Tourbanov, le directeur de l’Agence d’assurance de l’épargne nouvellement créée par les pouvoirs publics, a admis jeudi s’attendre à ce que les particuliers accélèrent leurs retraits des comptes des banques publiques en octobre par rapport à septembre. Mais il ne s’agira pas de „montants considérables“, a-t-il assuré.
De Maart
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