Avec Barack Obama, une nouvelle génération entre à la Maison Blanche

„Notre heure est venue“, déclare à l’AFP Jeff Gordinier, auteur du livre „Comment les X vont sauver le monde“, et pour qui le leader démocrate, par son âge, sa biographie et son style, incarne parfaitement cette génération des années 60 et 70.
D’après Jeff Gordinier, éditeur associé de la revue masculine de mode et tendances Details, „il y a un sentiment de nécessité urgente de changer les choses. Nous ne pouvons plus rester sceptiques et distants“.
Barack Obama, 47 ans, a remporté mardi l’élection présidentielle en partie grâce à l’appui massif des moins de 30 ans. „Il va gouverner de façon pragmatique, examiner les questions sous tous les angles sans diktat idéologique, en cherchant la meilleure solution“, estime Aaron Freeman, qui a fêté son 32e anniversaire mardi soir avec une trentaine d’amis âgés de 25 à 35 ans, tous enthousiastes. Barack Obama est né en 1961, tout comme Douglas Coupland, auteur de „Génération X“, un livre publié en 1991 qui définit le style de ces jeunes cyniques, individualistes et peu portés sur les idéologies.
Le tempérament des „X“ se définit par contraste avec leurs aînés, les „baby boomers“, nés après la guerre et très politisés –comme Bill et Hillary Clinton ou George W. Bush– qui quittent la scène en pleine tourmente financière. „La vie de Barack Obama est typique d’un X“, commente l’historien, économiste et démographe Neil Howe. „Enfant dans la période agitée des années 60 et 70, avec les bouleversements des valeurs familiales, les divorces, les expériences de sexe et de drogue“. Dans leur enfance, ils ont vu la défaite au Vietnam et la présidence interrompue de Richard Nixon.
 „Obama est le fruit d’un mariage interracial, d’un père absent, d’une enfance chaotique“, souligne M. Howe. Selon cet auteur de „Générations: histoire de l’avenir des Etats-Unis“, „son leadership sera plus pragmatique, moins dicté par l’idéologie“. Howe avance deux adjectifs contradictoires pour définir le style personnel d’Obama: „cool, avec une pincée de formalisme“. Et sa façon de gouverner marquera selon lui, le style de toute une génération. „Il va mettre un terme à tout ce qui était négatif dans la politique des +baby boomers+: le choc des cultures, la polarisation idéologique, la politique identitaire des communautés. Les +boomers+ aimaient les divisions et piochaient leur énergie en lançant des croisades.“ Un „X“ -né entre 1961 et 1981- explique Neil Howe, „est plus éclectique: il peut choisir des outils politiques qui d’ordinaire ne sont pas utilisés en même temps, comme par exemple une intervention du gouvernement dans un marché libre.
„Ils aiment tout mettre sur la table, exiger la transparence, analyser les données et adopter des décisions en fonction de ces analyses“, dit-il. Ce groupe compte quelques uns des nouveaux dirigeants qui composent le paysage politique américain, comme le maire de Newark (nord-est) Cory Booker, le gouverneur de Louisiane (sud) Bobby Jindal ou encore le maire de San Francisco, Gavin Newsom.
„Les gens sont las des batailles idéologiques“, explique M. Gordinier. „Nous sommes fatigués de la droite et de la gauche. L’idée est de construire des ponts entre les gens qui d’ordinaire ne sont pas d’accord“. Selon cet expert des „X“, qui rejettent les utopies de leurs aînés et détestent par exemple la chanson „Imagine“ de John Lennon, Barack Obama „va probablement nous décevoir. Mais tout va bien“.