Sonntag9. November 2025

Demaart De Maart

Heureux de l’élection d’Obama, les Allemands risquent de déchanter

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ZU DEN ABOS

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Les Allemands ont accueilli dans l'euphorie l'élection de Barack Obama mais ils risquent de déchanter, en particulier si nouveau président américain demande aux Européens des efforts supplémentaires en Afghanistan, mettent en garde des experts.


La victoire du candidat démocrate a provoquée la liesse en Allemagne où la population, opposée à la guerre en Irak, s’était braquée contre la diplomatie américaine au fil des années Bush. La chancelière conservatrice Angela Merkel et son ministre social-démocrate des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, qui s’affronteront dans onze mois aux législatives, se sont félicités de la coopération future avec Washington, en soulignant l’une l’importance du „partenariat transatlantique“, l’autre celle du „changement en politique intérieure comme extérieure“.
Mais les Allemands ont placé „beaucoup trop“ d’espoirs en Barack Obama, estime le politologue Eberhard Sandschneider. Climat, désarmement, droits de l’Homme, Irak, Afghanistan, Iran, Russie…, il est certain que les relations transatlantiques sur ces dossiers vont changer, avec un nouveau style et un nouveau souffle, mais „il n’est pas dit qu’elles deviennent plus simples“, prédit-il. „Obama reste américain et défendra les intérêts de son pays“, notamment commerciaux, renchérit son collègue Henning Riecke. Selon lui, „parmi les Européens, c’est l’Allemagne qui a en ce moment les plus gros problèmes avec les Etats-Unis“. „Elle est dans une situation très critique avec Washington“, qui la voit souvent à l’Otan „non comme une alliée mais comme l’intermédiaire avec Moscou“. Au premier rang de ces difficultés figure la question afghane. L’administration Bush fait pression pour que Berlin augmente sa prise de risque en Afghanistan, alors que l’écrasante majorité des Allemands souhaite un retrait de la Bundeswehr.
Or Obama fait du dossier afghan une priorité et „voit le monde de manière multipolaire“, ce qui „veut dire que même les Allemands vont devoir en faire sensiblement plus“, relève le politologue John Hulsman dans la presse. Mi-octobre, le parlement a théoriquement réglé la question pour 14 mois, en votant l’allongement jusqu’à décembre 2009 de la participation de Berlin à la force commandée par l’Otan (Isaf) et l’envoi de 1.000 soldats supplémentaires, portant l’effectif du contingent allemand de la force de l’Otan à 4.500 hommes. Ce vote quasi „préventif“ a d’ailleurs „étonné“ les Etats-Unis, souligne Karen Donfried, vice-présidente du centre d’études German Marshall Fund.
 Mais Washington attend plus pour lutter contre les talibans et le réseau terroriste Al-Qaïda. „L’endroit où sont déployées les troupes (allemandes) est au moins aussi important que les effectifs“, relève Mme Donfried. „Les Allemands aident surtout dans le nord (réputé plus calme) mais les Canadiens stationnés depuis longtemps dans le sud (plus violent) réclament d’être épaulés“, explique-t-elle.
Le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Gernot Erler a prévenu jeudi: „la réponse à la question de savoir si l’on peut faire plus, c’est +nous faisons déjà plus qu’avant+“ en terme de troupes et d’argent, avec 170 millions d’euros débloqués en 2008 pour la reconstruction civile. Washington ne poussera pas Berlin dans ses retranchements, estime Karen Donfried, car „les Etats-Unis savent pertinemment qu’il y a des élections en Allemagne en 2009“.
Mais „il nous posera des exigences claires“, croit-on à Berlin. D’autres dossiers s’annoncent tendus. Si Barack Obama renonce à la menace militaire face à Téhéran et (engage le) dialogue, il réclamera des contreparties européennes, „délicates pour les Allemands qui font de bonnes affaires avec Téhéran“, note Henning Riecke.