Le PFOA, le nouveau castrateur chimique

Les défenseurs du projet REACH (Règlementation chimique européenne) avaient donc sans doute raison de s’acharner autant sur les dangers des substances chimiques. Une fois n’est pas coutume, mais voilà qu’un nouveau composant defraie la chronique: le PFOA, un perfluorooctanique présent dans les poêles avec revêtement teflon, les emballages pour cuisson au micro-onde et emballages à emporter, moquettes, imperméables, lentilles même.

Une nouvelle déferlante, certes. Mais qu’en est-il de la position des autorités de santé luxembourgeoises? Sont-elles conscientes du danger de cette substance toxique? Pourquoi ne réagissent-elles pas en informant la population ou encore en interdisant l’utilisation de cette substance? Pourtant la France réagit. Ainsi, tant bien que mal, le Réseau environnemental de santé de France (RES) veut faire réagir l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Afssa) et l’appelle à revenir à la raison. Ces substances se doivent d’être „retirées dans tout ce qui est en contact avec les aliments“, indique le RES. Le Luxembourg ne devrait-il pas faire pareil et tirer la sonnette d’alarme? Ou du moins le gouvernement pourrait indiquer sous quelles conditions le PFOA est-il nocif.

Beaucoup de questions qui restent donc en suspens. Personne n’y répond clairement, comme s’ils n’étaient guère concerné par le problème ou comme s’ils ont plutôt enterré le sujet pensant que le PFOA n’est pas aussi dangereux que l’on ne croit. À chaque coup de fil, l’appel est transféré vers quelqu’un d’autre.  Mais qui se charge donc de ce dossier? Le PFOA ne semble être familier pour personne, ni même pour les centres de recherche publics qui se disent être pris au dépourvu et vouloir cependant se pencher sur le sujet. Bref, personne ne sait à qui il faut s’adresser pour obtenir des réponses claires.

Or, force est de constater que le PFOA est classé par l’Union européenne comme à risque de provoquer pendant la grossesse des effets néfastes sur le bébé. Il serait nocif par inhalation et par ingestion, voire créateur possible d’effets irréversibles. Des études évoquent même l’hypothèse de réduction de la fécondité des femmes ou l’apparition d’hyperthyroïdie.
Le PFO serait également considéré comme étant cancérigène. Classé en catégorie C3 pour la cancérogénéicité, il fait partie de la classe où sont rangées les „substances préoccupantes“ sans preuves suffisantes.
Une étude réalisée par des chercheurs danois indique en outre que chez les hommes les plus exposés aux perfluorés (PFOA+PFOS), risque de voir leur niveau moyen de spermatozoïdes diminuer. Leur niveau serait 2,5 fois moins élevé (6,2 millions en moyenne) que chez des hommes peu imprégnés par ces toxines (15,5 millions). Ne serait-il donc pas judicieux de retirer au plus vite le PFOA du marché et de revenir aux poêles en matériaux classiques, comme la fonte, l’acier ou l’inox, quitte à devoir utiliser plus d’huile ou de beurre?