Freitag7. November 2025

Demaart De Maart

Glissement de terrain

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Sommes-nous en train de creuser un déficit nouveau, le déficit démocratique? Oui, en effet, avec les dangers qui en résultent et les troubles que ce phénomène va engendrer, au Luxembourg comme en Europe.

Le principe même de l’Union européenne repose sur le transfert de souverainetés. Une démarche valable, voire souhaitable dans la mesure où elle est portée par les citoyens européens et les parlements nationaux, ainsi que par le Parlement européen, seule institution européenne dont les membres sont élus au suffrage universel.

Qui dit transferts accepte qu’en retour, la marge de manoeuvre des gouvernements nationaux fond comme neige au soleil. Phénomène dont nous mesurons actuellement en direct les conséquences.
Politiques d’austérité, rigueur budgétaire: voilà les nouveaux maîtres-mots imposés et que chaque gouvernement local fait désormais siens. Les parlements nationaux n’ont qu’à valider ex post ce qui a été concocté à Bruxelles et l’Assemblée européenne n’est toujours pas le contrepoids qu’elle devrait être, les capitales ayant tout fait pour qu’il en soit ainsi.

Conclusion: le modèle institutionnel européen est défaillant et insuffisamment démocratique, et ceux qui en sont à l’origine sont ceux qui en feront les frais.

Le lit de l’extrême droite

Dès lors qu’un transfert de souveraineté n’a pas le soutien plein et entier des peuples, la marge minorée des Etats nationaux est contestable et l’analyse des comportements politiques montre qu’il y a cessation du débat avec les autres forces démocratiques.

Prenons le cas luxembourgeois.
Suite à une discussion compliquée, les syndicats ont décidé de ne pas assister à la réunion tripartite prévue. Les raisons de ce choix furent limpides: la date était trop rapprochée et les propositions insuffisamment élaborées, voire insuffisamment chiffrées. Résultat: le gouvernement a opéré précipitamment de façon autoritaire, passant outre l’avis des forces vives que sont les syndicats et, surtout, de la Chambre des salariés, organe représentatif et élu de l’ensemble des salariés. Le fin mot: il y a désormais un front uni syndical et un blocage.

On verra pire encore dans les prochains jours dans la mesure où l’UEL en appelle à son tour aux députés de se déterminer clairement à propos de la réforme de l’indexation. Parce que bon nombre de parlementaires de la majorité se sentiront obligés de voter pour les propositions gouvernementales, l’Union des entrepreneurs pourra argumenter qu’ils ont pris position en faveur de ses propres positions. Voilà le fruit pourri de l’absence de débat démocratique dans le pays.

A force de contribuer au sentiment ambiant de déficit démocratique, le gouvernement se retrouve de plus en plus isolé, étant ressenti comme l’instrument de forces obscures en tous genres: marchés, bourses, conglomérats, patrons …

Comme les gouvernements européens agissent désormais de manière réactive et rarement prospective, ils perdent in fine leur crédibilité politique, préparant ainsi le terrain aux extrémismes.

La France devrait nous servir d’anti-exemple.
D’après les dernières enquêtes d’opinion, près de 34% des Français disent partager les idées de l’extrême droite!
Sont-ce des Le Pen que nous voulons amener aux affaires? Sont-ce des dames „Bleu Marine“ qui façonneraient demain nos esprits et détermineraient nos choix éthiques?

L’histoire ne se répète jamais, paraît-il. Mais les démons du passé ne font que somnoler.