Donnerstag23. Oktober 2025

Demaart De Maart

Forum René KollwelterQuel gouvernement banal! Le manque de souffle du gouvernement, toujours bloqué dans les starting-blocks

Forum René Kollwelter / Quel gouvernement banal! Le manque de souffle du gouvernement, toujours bloqué dans les starting-blocks
  Photo: Editpress/Fabrizio Pizzolante

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Vous connaissez sûrement le starting-block, cet anglicisme utilisé couramment en athlétisme, qui veut dire, comme le dictionnaire nous l’apprend, bloc ou cale de départ. En fait, il s’agit d’un engin réglable, constitué de deux cales pour les pieds, les mains étant appuyées au sol, utilisé au départ des courses à pied, à l’occasion de petites ou de moyennes distances. Il se peut qu’on utilise une expression frère pour désigner le contraire, c’est-à-dire un départ raté, l’athlète restant comme bloqué dans les starting-blocks, quasi comme un faux-départ.

C’est également cette impression-là que dégage notre gouvernement, qui est tout sauf „nouveau“. Aucune mesure positive ou d’envergure envisagée ou qui pointe à l’horizon, ou qui, tant soit peu, attire l’attention, marque les esprits, aucune lueur, ne serait-ce que petite, dans un ciel obscur, tout est d’une banalité déconcertante. Un gouvernement qui donne l’impression de jouer en permanence la célèbre pièce „voyage au bout de l’ennui“. Un gouvernement complètement à l’image de son chef, Lucky Luc, encore appelé Petit Luc, qui aimerait être plus grand (même en politique …), comme un de ses prédécesseurs, le sage de Capellen. Or, le premier n’arrive même pas à la cheville du second … Mais, Petit Luc est là, c’est déjà le point essentiel … pour lui. Pas pour faire, mais plutôt pour défaire, dans le cas présent, notre modèle social, notamment au sujet des heures d’ouverture des magasins, des conventions collectives, maintenant de la liberté de se rassembler et de manifester sur la voie publique, bientôt les retraites etc., etc.

Également dans le viseur, le ministre du Travail, qui, pour expliquer ceci ou cela, renvoie en permanence à la bible gouvernementale, je parle de l’accord de coalition, qui ressemble comme un copier-coller au programme de la Chambre de commerce d’il y a quelques années. Quel hasard! Vous vous rappelez l’ancien président de la République populaire de Chine, Mao Zedong, appelé encore le Grand Timonier, qui brandissait, dans les années 60, à tout bout de champ, le livre rouge contenant sa philosophie politique. À mourir de rire!
Question: si le programme de coalition est sa référence permanente, le nec plus ultra de sa démarche, Petit Luc devrait nous expliquer pourquoi le gouvernement se propose de „réformer“ le système des retraites, sans qu’on ne trouve ne serait-ce qu’un minimum de bribes ou modestes indications à ce sujet dans la bible gouvernementale, citée plus haut.

Notre ministre du Travail, le pauvre, n’a pas encore compris qu’on l’a mis là, lui, l’ancien fonctionnaire de l’Etat, pour déconstruire la législation sociale, s’en prendre aux employés du secteur privé, car défense de toucher à la Fonction publique, la vache sacrée au Luxembourg, tous électeurs. Au lieu de conforter ponctuellement cette même législation sociale. Et puis il y a Petit Léon, autre guignol du gouvernement, en première ligne pour combattre les pauvres au lieu de combattre la pauvreté. Ils sont là pour faire le sale boulot, à la place d’une organisation patronale, la Chambre de commerce, qui tire les ficelles et qui pratique le renvoi d’ascenseur permanent avec son ancien président, devenu Premier ministre, à l’insu de son plein gré, comme on aurait dit aux „guignols de l’info“ sur Canal +, il y a quelques années.

Attention cher lecteur: si le terme banal ne vous convient pas, je vous laisse le choix d’autres synonymes, proposés par le dictionnaire dans ce contexte: qui manque d’originalité, falot, fade, impersonnel, insignifiant, insipide, neutre, pauvre, petit, plat, quelconque, terne, usé, vulgaire, conservateur, réactionnaire … La liste n’est pas exhaustive! Complétez-la si vous voulez!

L’écologie punitive: quelle bêtise!

Un autre exemple parmi d’autres: le domaine de l’environnement. Au ministère, on a mis un jeune, au sourire permanent, au visage d’ange, comme l’ange Gabriel, mais aux dents longues, pas pour construire, mais pour déconstruire, pour revenir au temps des laisser-faire, laisser-aller, où on ne se souciait pas des retombées négatives de l’appareil productif pour la santé et le bien-être des citoyens, où, au lieu de mettre en place des politiques écologiques de prévention ou de réparation, grâce à un arsenal législatif systématique et systémique, on appliquait sans vergogne le principe „the solution of pollution is dilution“.

Comme boussole, les conservateurs ont imposé le mot d’ordre ridicule de „l’écologie punitive“, une simple création de l’esprit! L’émergence de cette expression est synonyme de rétropédalage, dont l’ultime but est, notamment, de remettre en cause l’Accord de Paris sur le climat, signé en 2015 par plus de 190 pays. Ce traité international sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, ainsi que sur leur financement suffisant est diamétralement opposé à la stratégie de déconstruction qui trouve son origine, depuis quelques années, dans la besace des milieux économiques qui détestent qu’on leur impose des règles, des minima de pollution, qui refusent la transition climatique et toute politique écologique d’envergure, qui plébiscitent un monde où les intérêts particuliers ou entrepreneuriaux priment sur tout le reste. Ceci est d’ailleurs également vrai dans le domaine social.

Cette stratégie de statu quo repose notamment sur la mise en vitrine d’une forme de défense des libertés individuelles, arguant également que toute politique de transition écologique ne pourra se faire, selon cette thèse, qu’avec des mesures de privation de libertés. Citons notamment la remise en cause de la croissance économique, les limitations de vitesse automobile, la restriction des déplacements en avion ou de la consommation de la viande, l’interdiction des grosses berlines (SUV), etc., etc. Il faut savoir que toutes ces restrictions visent principalement à limiter notre empreinte carbone, mais sont, hélas, compris aujourd’hui comme une atteinte à un certain mode ou train de vie occidental immuable et déclaré intouchable. Ou tout simplement égoïste?

Cette stratégie, notoirement mise en avant par les milieux économiques, préfère avoir les coudées franches que d’être emmerdée en permanence par des considérations de santé publique ou autres politiques de prévention, de climat, de biodiversité, voire de sécurité alimentaire.

Qui se sent visé?

Sachez que la plupart des personnes qui se sentent visées voire agressées par des mesures de restrictions ou d’interdictions en lien avec le climat et l’environnement, sont les catégories les plus aisées de la population, celles qui sont à la manette dans les organisations patronales et dans l’opinion publique. Au Luxembourg un ancien ministre de l’Économie des années 90 se met régulièrement, imperturbablement, infatigablement, systématiquement, religieusement, tel un complotiste ou un négationniste ou un missionnaire, en scène, depuis des décennies, pour dénigrer toute politique écologique digne de ce nom. C’est devenu viral chez ce bonhomme, c’est devenu son mantra, sa rengaine, sa litanie. No comment! Certes, dans le passé, on a peut-être sous-estimé le fait que toute politique écologique doit être accompagnée de compensations sociales, sinon elle risque d’être rejetée par une majorité de concitoyens.

Bêtise punitive

Ne devrait-on pas parler de bêtise punitive? Car ce qui, finalement, risque d’être punitif, c’est la stratégie d’inaction vers laquelle on se dirige à grands pas, synonyme d’arrêt total de toute politique environnementale quelque peu innovante et courageuse.

On préfère laisser-faire que faire. On préfère se caler au fin fond du fauteuil au lieu d’aller au front, on reste en attente, toujours le sourire aux lèvres, on laisse venir, aucun volontarisme, pas de cap, pas de gouvernail, on gère les affaires courantes, au jour le jour, on ne prend surtout aucun risque, on se contente de ramasser seulement les fruits ultra-mûrs qui tombent de l’arbre, on manque d’idées, la vision est un terme inconnu. Entretemps, on a l’impression que, pour certains, chaque mesure en faveur d’une meilleure qualité de l’environnement, la limitation de notre empreinte carbone, la réduction des émissions et autres détériorations de la nature et de la qualité de la vie, etc., s’apparente à une punition pour la population. C’est vraiment le monde à l’envers!

Pour une écologie positive!

Au lieu de fustiger en permanence l’écologie en lui adjoignant l’adjectif „punitive“, on ferait mieux de (re)définir une stratégie dite positive. Dès lors, le ministère de l’Environnement ne serait plus le bras prolongé des seuls milieux économiques. Car, objectivement, une fois les enjeux écologiques bien cernés, notamment ceux liés au climat ou à la biodiversité, qui concernent donc directement la (sur)vie de notre planète et donc de l’humanité, la protection de l’environnement devient une chose quasi naturelle, qui devrait s’imposer plus facilement contre les has been ou autres personnes qui ont à l’œil leur seule situation matérielle, personnelle, individualiste, et qui se foutent royalement de l’intérêt général.

René Kollwelter est un ancien député et ancien conseiller d’Etat
René Kollwelter est un ancien député et ancien conseiller d’Etat