Montag10. November 2025

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FranceLa fusillade de Villerupt, reflet des luttes entre dealers en France

France / La fusillade de Villerupt, reflet des luttes entre dealers en France
A Villerupt, les prix pour les drogues sont écrits sur les murs Photo: AFP/Sébastien Bozon

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Cinq personnes ont été blessées, dont trois grièvement, par des tirs à Villerupt. En France, on se demande maintenant comment maîtriser la violence.

La fusillade qui a fait cinq blessés, dont un grièvement atteint, samedi à Villerupt, commune française de Meurthe-et-Moselle, toute proche du Grand-Duché puisqu’elle fait partie de l’unité urbaine internationale d’Esch-sur-Alzette, a suscité de part et d’autre de la frontière une vive et compréhensible émotion. Son auteur présumé, un homme déjà condamné à de multiples reprises pour des actes de violence, a été appréhendé hier; mais des interrogations demeurent.

Il y a d’abord, pour les enquêteurs, les questions techniques. A commencer par celle-ci: le tireur était-il seul, ou bien a-t-il bénéficié des services d’un éventuel chauffeur? Dimanche, un véhicule calciné, que la police considère comme le possible „véhicule de fuite“, a été retrouvé à Fameck (Moselle), à une trentaine de kilomètres de la commune. Le maire de Villerupt, Pierrick Spitzak (PCF), parle d’un „choc pour tous les habitants“, et met en cause „des effectifs de police insuffisants“.

Mais il va surtout falloir comprendre pourquoi et comment une petite ville comme Villerupt de quelque 10.000 habitants a pu devenir le théâtre d’un règlement de compte entre trafiquants de drogue. A l’égal de ce que l’on observe ces derniers temps dans les cités beaucoup plus importantes, à commencer, bien sûr, par Marseille, et certaines banlieues parisiennes.

Plus seulement les grandes villes

Sans doute fera-t-on valoir que par sa position géographique, entre la France et le Luxembourg, mais aussi à proximité de la Belgique d’un côté, de l’Allemagne de l’autre, Villerupt avait de quoi intéresser les trafiquants. N’est-ce pas, d’ailleurs, devant un „point de deal“ que la fusillade de samedi a eu lieu? Mais ce dernier argument a justement de quoi sidérer une bonne partie de la population locale: „Un lieu de vente de drogue, susceptible d’exacerber ainsi les rivalités entre bandes, dans notre petite ville, vraiment?“

Malheureusement, à considérer de près la récente prolifération en France des toutes dernières violences entre bandes rivales, en quête de nouveaux territoires de vente les unes contre les autres, on peut noter que les grandes métropoles régionales ont cessé d’être les seules concernées. Certes, l’agglomération parisienne, Lyon, Grenoble, sont à priori plus attractifs. Et plus que tout Marseille, la cité phocéenne au charme longtemps enchanteur, tristement livrée aujourd’hui à tous les trafics.

Mais des villes plus modestes, comme Valence, dans la Drôme – trois assassinats en quatre jours la semaine dernière, pour cause très probable de rivalité de territoire de vente entre revendeurs de drogue – ou encore Bayonne sur la Côte basque, ou en Bretagne Rennes et Nantes, ont aussi été victimes de tels affrontements. Et trois considérations inquiètent tout particulièrement les responsables de la lutte judiciaire et policière contre ces violences liées au trafic de drogue.

Des armes de guerre

La première est qu’il ne s’agit plus d’une guerre opposant de gros gangs d’importateurs, relativement faciles à suivre à la trace, mais de très petits groupes – on parle parfois de cinq ou six personnes, pour autant qu’on arrive à les repérer – prêts à en découdre avec leurs rivaux par les moyens les plus sanglants. Là où pouvaient jadis régner l’intimidation ou le racket, certes détestables mais point nécessairement mortels, s’imposent aujourd’hui les assassinats froidement exécutés.

Second motif d’inquiétude: ces assassinats, justement, sont exécutés avec des armes de guerre, normalement difficiles à se procurer, et très chères. Aujourd’hui, le fusil d’assaut, par exemple de type Kalachnikov AK 47, et/ou tout type de pistolet automatique, semblent en possession de tout groupe prétendant se tailler un territoire dans une cité populaire. Et les munitions abondent: sur le site de la fusillade de Villerupt, samedi soir, les policiers ont relevé des dizaines de douilles. Manifestement, les tueurs des gangs de la drogue, quelle que soit la taille de ces derniers, ne jouent pas l’économie.

Enfin et surtout, cette extension des violences, éventuellement meurtrières, vers les villes petites ou moyennes de l’Hexagone, ne fait que refléter le redoutable expansionnisme du trafic de drogues diverses dans l’ensemble de l’Hexagone. En jouant résolument à saute-frontières, semble-t-il, dans le cas de Villerupt. Ce qui devrait interpeller non seulement le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin (qui avait déjà promis à Villerupt, à la suite de précédents incidents, des renforts policiers que l’on y attend toujours), mais aussi ses collègues européens.