Sonntag16. November 2025

Demaart De Maart

FranceRetraites: à l’Assemblée, la stratégie de La France Insoumise en question

France / Retraites: à l’Assemblée, la stratégie de La France Insoumise en question
Le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, a été insulté par un député de La France Insoumise pendant un débat sur la réforme des retraites Photo: AFP/Bertrand Guay

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Tandis que les grandes manifestations contre la réforme des retraites sont suspendues jusqu’au 7 mars, même s’il subsiste jusqu’à cette date des grèves ponctuelles, l’examen du projet gouvernemental par les députés prend un caractère de plus en plus violent verbalement. Et cette inflammation des débats, loin d’accélérer la procédure, aboutit au contraire à la paralyser.

Le dernier en date des incidents majeurs a eu lieu lundi: un député de La France Insoumise, Aurélien Saintoul, n’a pas hésité à traiter le ministre du Travail, Olivier Dussopt, en plein hémicycle, d’„imposteur“ et d’„assassin“. Ce dernier terme étant justifié selon lui par le fait qu’il existe en France … des accidents du travail, parfois même mortels. Réalité indéniable, désolante en effet (et planétaire, soit dit en passant), mais dont il semble difficile d’attribuer la responsabilité au projet de réforme, ou au ministre chargé de le soutenir à l’Assemblée nationale.

S’en sont suivis un tumulte indescriptible, une suspension de séance d’une demi-heure, et une reprise avec des déclarations des présidents de groupe de la NUPES, dont fait partie LFI, manifestement très embarrassés. Seul le communiste André Chassaigne aura le courage de déclarer avec fermeté: „Je tiens à dire à quel point nous avons été choqués par les propos qui ont été tenus. Et j’ajouterai, à titre plus personnel, que comme député je me sens blessé, et même humilié. Le débat démocratique est un échange d’idées, pas un échange d’insultes.“ Bilan de l’incident: encore deux bonnes heures de perdues.

Alléguant un dérapage verbal dû à la fièvre du débat, et craignant sans doute d’être exclu de l’Assemblée pour quinze jours comme un de ses prédécesseurs également mélenchoniste, Thomas Porte, pour avoir exhibé une photo où il posait le pied, ceint de son écharpe tricolore, sur un ballon représentant la tête du même ministre, Aurélien Saintoul a fait à M. Dussopt des excuses que celui-ci a refusées. Mais quel dérapage? M. Saintoul avait lu un texte préalablement écrit, et il est agrégé des Lettres, titre universitaire éminent dont on aurait pu penser qu’il lui avait au moins appris le sens des mots.

La NUPES va-t-elle se fracturer?

En fait, il devient de plus en plus clair que les élus de La France Insoumise ont choisi pour tactique – ou reçu pour consigne – d’enflammer méthodiquement des débats qui, il est vrai, ne demandaient qu’à l’être. Et aussi d’en rendre le déroulement interminable, pour ne pas dire impossible, en multipliant jusqu’à l’absurde, même s’ils en ont retiré mille d’un coup hier pour „faire un geste“, les propositions d’amendements: il en reste quelque 14.000 …

Le but étant sans doute d’empêcher le gouvernement, qui sait ne pas pouvoir miser sur une opinion qui lui reste sur ce texte à 56% défavorable, selon le dernier sondage publié par Libération, de s’appuyer sur un vote parlementaire. Et donc d’en être réduit à recourir à l’une ou l’autre des deux solutions restantes, qui ne pourraient qu’attiser encore le mécontentement populaire: une promulgation par ordonnances, ou le recours à l’article 49-3.

Mais ce choix stratégique de LFI présente pour elle un risque majeur: celui de fracturer la NUPES en se coupant de ses partenaires. Parmi lesquels, déjà, le PS a frôlé la scission lors de son congrès de Marseille (voir Tageblatt du 30 janvier). De leur côté, les communistes éprouvent de plus en plus de mal à suivre les foucades mélenchonistes, tandis que la nouvelle direction des Verts entend réaffirmer la personnalité propre et l’autonomie de leur mouvement.

Et pendant ce temps-là, campée dans sa nouvelle modération de façade, Mme Le Pen compte les points, et se frotte les mains …