Sonntag9. November 2025

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FranceUne campagne pour les élections régionales … ou pour l’Elysée?

France / Une campagne pour les élections régionales … ou pour l’Elysée?
Audrey Pulvar, ex-journaliste de télévision et figure de proue de la gauche, multiplie les faux-pas Photo: AFP/Joël Saget

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A qui douterait encore que la course à l’Elysée ait déjà commencé, et sur un rythme énergique, une campagne en principe plus modeste, et à échéance plus rapprochée, suffirait à dessiller les yeux: celle des élections régionales des 20 et 27 juin prochains.

Certes, il est banal en France que les scrutins locaux aient une portée plus vaste. Mais cette fois-ci, le débat tourne aux grandes manœuvres en vue de l’élection présidentielle, sous la houlette d’Emmanuel Macron. Plusieurs cas exemplaires en font foi, le plus manifeste étant celui de la région Sud, que tout le monde continue à appeler PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Le candidat des Républicains (LR) à la présidence, Renaud Muselier, avait annoncé qu’il allait faire liste commune avec les macronistes, avec lesquels il travaille bien localement: fureur de l’état-major de son parti, rétropédalage approximatif de l’intéressé, tractations diverses et finalement, retour au point de départ, avec des membres de la majorité présidentielle sur la liste Muselier.

Mais la commission des investitures de LR pourrait bien lui retirer son soutien lors de sa réunion de mardi prochain, d’autant plus qu’il est depuis longtemps considéré comme „Macron-compatible“; tout comme, d’ailleurs, ses amis LR les maires de Nice, Christian Estrosi, et de Toulon, Hubert Falco. Ce qui reviendra à perdre une région majeure de l’Hexagone, que Muselier, désormais exclu dans ce cas de figure, soit réélu, ou qu’il soit battu. Cependant qu’Estrosi et Falco, deux poids lourds de la droite modérée en région PACA, ont d’ores et déjà démissionné des Républicains.

Leur grand rival de la frange la plus droitière de LR, considéré comme proche du Rassemblement national, le député de Nice Eric Ciotti, qui voue une haine inexpiable à Estrosi le modéré, s’en réjouira sans doute. Mais en attendant, cette laborieuse cuisine électorale, pilotée par un discret mais efficace conseiller présidentiel, Thierry Solère, profite largement au candidat lepéniste à la présidence régionale, Thierry Mariani, que les sondages donnent désormais en tête dès le premier tour, et vainqueur au second, quelle que soit la configuration des autres listes.

Barrage au RN, vraiment?

Et cela alors que l’appui donné à Muselier par le premier ministre Jean Castex en personne, sur ordre évident de l’Elysée, avait pour prétexte de faire barrage au Rassemblement national. Prétexte, oui: le but stratégique de Macron, qui estime avoir tout à gagner à répéter dans un an le face-à-face avec Marine Le Pen qui lui a si bien réussi en 2017, est bien plus évidemment de hâter la décomposition de la droite classique, comme il a à peu près réussi celle de la gauche modérée.

C’est la même stratégie électorale macroniste qui est à l’œuvre dans une autre région majeure: les Hauts-de-France. Face au président sortant Xavier Bertrand, personnage faiblement charismatique mais tout de même encombrant, en rupture théorique avec LR, mais dont la tonalité anti-Macron s’est durcie. Il avait précédemment vaincu le Front national – comme s’appelait alors le RN – grâce au retrait de la liste de gauche, et l’homme de l’Elysée lance contre lui plusieurs de ses ministres.

Dont le plus tonitruant d’entre eux, à défaut d’être le plus populaire: celui de la Justice, Eric Dupond-Moretti, qui affecte de vouloir „chasser le RN de ses terres“. Alors qu’une éventuelle percée de sa liste au premier tour aurait au contraire pour effet, face au lepéniste Sébastien Chenu, de fragiliser Bertrand. Il est vrai que ce dernier ne fait pas mystère de songer à un destin élyséen, ambition qui peut à la rigueur se concevoir dans le vide sidéral qui règne à droite comme à gauche, mais ne survivrait pas – il l’a annoncé lui-même – à un échec régional …

Dans le „Grand Est“ aussi …

Dans la région Grand Est aussi, un autre candidat LR „Macron-compatible“, le président sortant Jean Rottner, se trouve, comme Muselier en PACA, en conflit avec l’aile la plus droitière de son parti, ici incarnée par Nadine Morano, dont la commission des investitures exige la présence sur sa liste dans le département de Meurthe-et-Moselle, mais dont il juge pour sa part les positions trop proches de celles du RN. Mme Morano a cependant pour elle, contrairement aux adversaires républicains de Muselier en PACA, une vraie popularité chez les militants LR.

Quant à l’Île-de-France, où la présidente sortante Valérie Pécresse, qui a elle aussi pris ses distances avec les Républicains, figure en très bonne position dans les sondages, c’est la gauche qui, toute seule, s’active à ruiner ses propres chances de l’emporter. Sa figure de proue, l’ex-journaliste de télévision Audrey Pulvar, multiplie les faux-pas. Après des déclarations très malencontreuses en faveur des meetings interdits aux blancs, ou aux hommes, ou les deux, elle a poussé dehors, en voulant caser des amis personnels aux places éligibles de sa liste, le maire socialiste de la grande ville de banlieue de Pantin, le socialiste Bertrand Kern.

Or Mme Pulvar est par ailleurs l’une des adjointes de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo; laquelle se verrait bien, quoique pour l’instant dans une certaine solitude, en candidate – si possible unique – de la gauche à l’Elysée l’an prochain. Certains jours, Emmanuel Macron doit se dire que la cuisine électorale, contrairement au fond des dossiers, est presque trop facile …