Trois partis d’opposition ont en effet choisi de ne pas se rendre à cette réunion: La France Insoumise, le PS et les Républicains. Pour LFI, ce n’était guère une surprise: on sentait bien qu’on ne la reprendrait plus à participer à un tel exercice de concertation, d’autant plus que la précédente séance avait surtout servi à l’homme de l’Elysée, dont la volonté de dialogue, illustrée par la longueur des débats, avait été saluée. Mais pour la droite et la gauche classiques, ce refus est plus étonnant.
Le Parti socialiste fait en effet tout ce qu’il peut, depuis plusieurs mois et singulièrement à la lumière des réactions mélenchonistes aux atrocités commises le 7 octobre par le Hamas, pour se différencier de LFI et préparer son divorce avec ce qu’il reste de la NUPES, déjà quittée par les communistes – qui, eux, étaient présents hier. Son refus de discuter avec le chef de l’Etat risque de paraître le renvoyer à l’époque où il se résignait à calquer son comportement sur celui des insoumis.
Quant au parti LR, son absence à Saint-Denis aura laissé Jordan Bardella, le jeune et très actif président du Rassemblement national, monopoliser en quelque sorte la parole de l’opposition de droite face à M. Macron, si l’on excepte Gérard Larcher, lui aussi LR, mais présent au débat en tant que président du Sénat. M. Bardella s’est d’ailleurs fait un malin plaisir d’expliquer qu’étant „à la tête d’un parti de gouvernement“, il se devait d’accéder à la demande du chef de l’Etat: „Chaque fois que la République nous convoque, nous répondons présent.“
Une opération de pure communication?
De son côté, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Verts, qui participait elle aussi à la réunion de Saint-Denis, avait jugé en y entrant „très important d’être là“, car il est „logique que les chefs de partis échangent avec le président dans une démocratie saine“. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, évoquant à son arrivée les absents à la réunion, a pour sa part déclaré, comme pour se faire pardonner par certains d’être venu: „Je peux les comprendre“, notamment en raison de „l’impasse démocratique d’un 49-3 par semaine dans un Parlement bafoué.“
L’agacement de LR et du PS avait cependant (aussi) une autre cause: le sentiment d’être à nouveau convié à une opération de pure communication de la part d’un président qui accumule difficultés et critiques. Sur la scène internationale, avec ses changements de pied sur le drame du Proche-Orient. Mais sur le plan intérieur, aussi, où les sondages restent très défavorables et où il doit ferrailler, avec LR justement, pour tenter de sauver son projet de loi sur l’immigration sans recourir à nouveau au 49-3, tandis que la relative embellie économique du premier semestre semble déjà s’effacer.
M. Macron, qui n’avait pas hésité, contrairement à l’usage, à vilipender de l’étranger (il se trouvait alors en Suisse) ceux qui avaient manifesté leur intention de ne pas venir, en aura donc été réduit, hier, à tenter de „créer du consensus“ avec une moitié de l’opposition; notamment en lui proposant de faciliter l’organisation du référendum d’initiative partagé (RIP). A condition qu’il ne porte pas sur un texte débattu au Parlement, ce qui exclut donc la possibilité, pour la droite modérée ou extrême, de contourner par un appel au suffrage populaire une éventuelle décision des députés qui lui déplairait, à propos, justement, du projet de réforme de l’immigration.
Un vieux proverbe assure que „les absents ont toujours tort“. Les absents d’hier n’auraient-ils pas gagné, quels que soient leurs griefs, à venir débattre avec le président de la République, en un moment où, précisément, il est à la recherche d’appuis, donc potentiellement ouvert à des concessions? On ne peut naturellement en être sûr; mais on ne voit pas bien ce qu’ils auraient eu à y perdre.
De Maart
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