Montag17. November 2025

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FranceRéforme des retraites: Nouvelle journée de grèves et de manifestations

France / Réforme des retraites: Nouvelle journée de grèves et de manifestations
Une manifestation contre la réforme des retraites le 26 janvier à Brest Photo: AFP/Fred Tanneau

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Ce mardi doit constituer à nouveau, après les grèves et manifestations du 19 janvier, une nouvelle grande journée de contestation sociale contre le projet gouvernemental de réforme du système des retraites.

Les arrêts de travail devraient être au moins aussi suivis que la dernière fois; quant au cortège de protestataires, il sera, cette fois-ci, principalement organisé à Paris, mais des manifestations ponctuelles en province ne sont pas exclues. Du côté du gouvernement, quoi qu’on en dise dans les rangs officiels, l’heure est jugée grave, tant l’affrontement avec les très nombreux adversaires de la réforme, qui s’est encore durci ces derniers jours, semble désormais échapper à toute possibilité de solution négociée.

Longtemps, on a voulu croire à l’Elysée, à Matignon et dans les différents ministères concernés, que des concessions techniques de dernière minute, l’acceptation de certaines propositions d’amendements venues de l’opposition lors du débat parlementaire, voire d’ultimes négociations avec les syndicats (au moins la CFDT, traditionnellement moins jusqu’au-boutiste que la CGT, par exemple), permettraient, sinon de trouver un terrain d’entente, du moins de mettre un peu de liant dans le débat.

Le report de l’âge de départ en retraite à 64 ans n’est plus négociable

Elisabeth Borne, première ministre

Mais quel débat? Celui-ci est manifestement clos, en tout cas renvoyé à de très fulminants et vains échanges à l’Assemblée nationale et au Sénat, où d’ailleurs le temps sera compté. La première ministre l’a dit elle-même dimanche: „Le report de l’âge de départ en retraite à 64 ans n’est plus négociable.“ Si tant est qu’il l’ait jamais été … Or plus que n’importe quelle autre disposition du projet, c’est celle-ci qui soulève d’indignation les adversaires de la réforme, quelque argument économique ou démographique, et quelque comparaison avec le reste de l’Europe, que l’on puisse leur opposer.

Doutes dans la majorité

Tout indique donc que la journée d’aujourd’hui, loin de traduire l’essoufflement du mouvement protestataire que l’exécutif aura voulu espérer jusqu’au bout, pourrait bien en confirmer l’ampleur, voir l’accroître. Et cela d’autant plus que de nombreux maires appartenant à des partis membres de la NUPES ont carrément décidé – ce qui pose d’ailleurs un problème de droit public – de fermer leur mairie, pour permettre à tous les employés d’aller manifester (tout en étant rémunérés par les contribuables municipaux), accroissant ainsi et la foule des protestataires, et l’ampleur du vide créé par les grèves. C’est en particulier le cas à Paris, où la mairie ne compte pas moins de 57.000 fonctionnaires …

La gauche politique et syndicale aura été, depuis son indéniable succès du 19 janvier, d’autant plus encline à faire un effort particulier pour cette nouvelle journée revendicative d’aujourd’hui, qu’elle a bien perçu, à l’instar de nombreux observateurs non engagés, combien le pouvoir était ébranlé par la situation présente, si convaincu qu’il reste, à propos de cette réforme des retraites, d’avoir raison sur le fond, et que l’avenir lui en rendra justice.

Car dans l’immédiat, un doute insidieux a commencé à s’emparer des milieux macronistes. Certains élus ne cachent plus qu’ils jugent bien téméraire l’acharnement du chef de l’Etat. „Ou alors il fallait faire la réforme tout de suite après sa réélection, à défaut de l’avoir faite cinq ans plus tôt“, s’irrite l’un d’eux. „On est en chute libre dans les sondages à cause de ça!“, constate un autre.

Éviter le 49-3

De fait, lors des trois élections législatives partielles de dimanche, un député de la majorité sortant a été battu par le candidat mélenchoniste, „à cause des retraites, sur lesquelles on n’a cessé de m’interpeller“, dit-il. Il est vrai qu’un autre l’a au contraire emporté sur le RN; mais l’impression demeure que dans le contexte actuel, une dissolution de l’Assemblée serait fatale à beaucoup de candidats macronistes.

Le gouvernement voudrait bien éviter d’en arriver à faire jouer une nouvelle fois l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer son texte. Mais le ralliement de la droite LR à son projet reste incomplet, et des défections sont annoncées dans les trois groupes qui soutiennent le gouvernement: Renaissance, Horizon, MoDem. De sorte que sa position est plus vulnérable qu’il ne s’y attendait.

Même s’il n’a pas tort de rappeler que la politique de la France ne se décide pas dans la rue, il lui sera difficile d’ignorer l’avertissement des grévistes (que l’on annonce particulièrement nombreux dans les secteurs de l’énergie, des transports et de l’enseignement) et des manifestants parisiens et provinciaux qui vont déferler aujourd’hui sur la capitale.