Donnerstag6. November 2025

Demaart De Maart

FranceQuand le président-candidat Macron sème les crédits à tout-va …

France / Quand le président-candidat Macron sème les crédits à tout-va …
Le président Emmanuel Macron (g.) et le ministre des Finances Bruno Le Maire qui avait déclaré en été: „Le 'Quoi qu'il en coûte', c’est fini.“ Photo: Christophe Petit Tesson/Pool/AFP

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Emmanuel Macron multiplie actuellement les promesses de crédits à différentes catégories socio-professionnelles. Sans doute certains bénéficiaires des largesses élyséennes, dans le secteur hospitalier notamment, ont-ils largement mérité ce coup de pouce financier. Mais, même s’il s’agit-là d’un vieux problème, cette distribution à tout-va commence à susciter, dans la pré-campagne présidentielle actuelle, à la fois l’inquiétude des financiers et l’irritation de l’opposition.

„Nous voilà en pleine euphorie dépensière!“, s’exclame ainsi le président LR de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Woerth. „Macron fait campagne avec le chéquier de la France: en une semaine, il a distribué plus de cinq milliards d’euros à des fins électorales“, surenchérit Xavier Bertrand, le challenger de droite modérée le mieux placé dans les sondages face au président sortant.

Certes, la reprise économique, après une année et demie financièrement catastrophique pour cause de pandémie, s’avère plus forte qu’on ne s’y attendait: on s’attend officiellement à 6% de croissance l’an prochain, après moins 8,5%. Et pour l’accompagner, l’accentuer même, la tentation du pouvoir peut légitimement être de poursuivre quelque temps encore cette politique du „Quoi qu’il en coûte“ que le chef de l’Etat avait promise – et a effectivement mise en œuvre – pendant la crise sanitaire.

Pour autant, il devient de plus en plus difficile d’exonérer cette munificence élyséenne de toute arrière-pensée électoraliste. Et tout se passe comme si le président de la République, de plus en plus manifestement candidat à sa propre succession, s’était résolu à jeter dans la bataille les moyens financiers quasi illimités que lui donne sa fonction.

L’„argent magique“

Quasi-illimités, du moins, s’il a fait – provisoirement, bien sûr, mais … – une croix sur les objectifs de redressement budgétaire qu’il avait lui-même, voici peu, assignés à la France: ramener l’an prochain la dette publique aux alentours de 117% du PIB, ce qui resterait une augmentation considérable par rapport à la période de l’avant-Covid, et le déficit budgétaire en dessous de 5% (et de 3% en 2027). Le problème est que son ministre des Finances, Bruno Le Maire, avait clairement annoncé à l’université d’été du patronat français: „Le ‚Quoi qu’il en coûte‘, c’est fini.“

Macron fait campagne avec le chéquier de la France: en une semaine, il a distribué plus de cinq milliards d’euros à des fins électorales

Xavier Bertrand, possible candidat de la droite modérée à la présidentielle

Or chaque fois qu’Emmanuel Macron se déplace désormais, ou reçoit à l’Elysée, c’est pour annoncer de nouveaux octrois de crédits: 500 millions d’euros pour la conclusion du ‚Beauvau de la sécurité‘ à Beauvais, venant s’ajouter à un milliard déjà annoncé en juillet, à Marseille un milliard et demi pour l’amélioration de la vie locale … Et des anciens harkis aux usagers du gaz en passant par ceux qui rénovent leur appartement et aux travailleurs indépendants bénéficiant de l’assurance-chômage, sans oublier les sages-femmes et le développement des transports publics en province, les centaines de millions pleuvent, voire les milliards.

Autant de causes estimables, certes. Mais l’impression que l’exécutif dispense ainsi un „argent magique“, puisé dans une inépuisable cagnotte qui doit tout à l’emprunt, et devra sans doute aussi demain à des augmentations d’impôts, commence à faire jaser.

De mauvaises idées aux autres candidats?

Or c’est ce matin, en conseil des ministres, qu’est présenté le projet de budget pour 2022, avec une hausse des dépenses publiques inévitablement forte – le total des largesses présidentielles pourrait atteindre, craint-on au ministère des Finances, quelque 17 milliards d’euros – mais avec, aussi, des parties encore laissées en blanc, dans l’attente de certains arbitrages. Ce qui a d’ailleurs suscité l’irritation, pour ne pas dire plus, du haut conseil des Finances publiques, qui n’apprécie pas le flou gouvernemental sur le niveau réel des dépenses de l’Etat pour l’exercice à venir.

Accessoirement, cette générosité officielle et non financée pourrait bien aussi donner des (mauvaises) idées aux autres candidats à l’Elysée: s’il est facile de promettre des crédits sans en avoir le moindre financement, pourquoi se gêner? Et comment pourrait-on leur reprocher de faire demain ce que le président sortant fait si allègrement aujourd’hui? Décidément, le retour à la rigueur budgétaire semble moins que jamais à l’ordre du jour, contrairement à ce qu’avait promis un certain Emmanuel Macron en 2017 …