Le président Macron a dressé, au cours d’une allocution solennelle de près d’une demi-heure lundi soir à la télévision, les perspectives à la fois sanitaires et économiques pour les mois qui viennent. Avant d’évoquer l’avenir de certaines réformes sociales, il a en particulier mis l’accent sur l’urgence d’accélérer la vaccination contre le Covid cet été, et sur l’extension des restrictions imposées aux personnes qui persisteraient à la refuser.
Le chef de l’Etat a, semble-t-il, trouvé des accents convaincants sur ce dernier point: moins de vingt-quatre heures après son discours, plus d’1,3 million de personnes supplémentaires s’étaient déjà inscrites sur différents sites pour se faire vacciner dès que possible. Manifestement, la menace de se voir refuser, surtout en période de vacances, l’entrée dans différents lieux de loisirs s’est soudain montrée considérablement plus efficace que d’innombrables discours sur la pertinence, l’efficacité et l’innocuité des différents vaccins.
Il faut dire que l’ensemble des mesures annoncées par Emmanuel Macron tranchait brusquement avec la modération – certains diraient même: la mollesse lénifiante – de précédentes interventions présidentielles ou ministérielles. D’ici une semaine, le Parlement va être convoqué en session extraordinaire pour statuer sur un projet de loi généralisant l’usage du passe sanitaire „pour pousser le maximum d’entre vous à se faire vacciner“, a ainsi déclaré le président de la République.
Car à compter du 21 juillet, les plus de 12 ans devront produire ce fameux passe, attestant qu’ils sont soit vaccinés, soit testés négativement depuis moins de 72 heures, soit encore guéris d’une attaque de Covid, pour pouvoir accéder à des lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes. Début août, ce passe sanitaire sera étendu aux cafés, restaurants, centres commerciaux, ainsi qu’aux avions, trains, cars longs trajets, et aux établissements médicaux. Comme les tests PCR deviendront par ailleurs payants à compter de l’automne (sauf s’ils sont délivrés sur prescription médicale), le vaccin deviendra la solution la plus simple – et, elle, toujours gratuite – pour renouer avec la vie sociale du „monde d’avant“ …
Une obligation controversée
M. Macron a ajouté qu’à partir du 15 septembre, tous les personnels, soignants et non-soignants, des établissements hospitaliers, y compris ceux réservés aux personnes âgées et les centres médicaux consacrés aux handicapés, devront être vaccinés, sous peine d’amende. De même pour ceux qui les aident à domicile, de manière professionnelle ou bénévole.
Cette question de l’obligation vaccinale faisait l’objet, ces derniers jours, de vives controverses, mais la menace d’une reprise épidémique a finalement conduit le chef de l’Etat à adopter une telle mesure, quelques jours après avoir reconfiné, outre-mer, la Martinique et la Réunion.
Ce train de mesures a recueilli, sans surprise, l’approbation globale de la majorité présidentielle, mais aussi celle de la plupart des ténors de la droite modérée, qui considèrent qu’il fallait bien en arriver là pour préserver l’avenir. De même à gauche et chez les écologistes. A quelques exceptions près, toutefois: une eurodéputée verte n’a pas hésité à comparer l’obligation du passe sanitaire à l’ancien apartheid sud-africain; et le maire LR de Chalon-sur-Saône s’est pour sa part demandé „dans quelle société M. Macron fait basculer la France“, tonalité que l’on retrouve aussi chez Marine Le Pen et d’autres cadres du RN.
Ne pas renoncer aux réformes, mais …
Quant à la partie économique et sociale du discours de M. Macron, beaucoup ont relevé que, tout en assurant qu’il n’était pas question pour lui de renoncer à ses réformes annoncées (et même promises en … 2017), comme celle des retraites ou de l’assurance-chômage, l’une et l’autre d’un maniement à haut risque politique, il a aussi pris soin d’en subordonner la mise en œuvre à la fin de la pandémie, et à la consolidation de la reprise.
Une position qui a d’ailleurs sa logique: ladite reprise, réelle certes, reste trop vulnérable pour être exposée à des grèves dures et longues que pourrait provoquer la réouverture de grands chantiers sociaux. Mais une logique qui tombe à pic pour le locataire de l’Élysée, fort peu soucieux de se relancer dans une telle bataille à neuf mois d’une campagne présidentielle qui le verra briguer sa propre succession.
Campagne qu’il voudrait bien, en tout cas, voir se dérouler en étant débarrassé du Covid, après avoir affirmé qu’il est finalement capable d’une combativité que lui dénient pour l’instant ses adversaires. Et que le „en même temps“ dont il a fait une sorte de mot d’ordre bienveillant et vague n’exclut pas la fermeté. Comme si, au fond, il lui avait fallu ces quatre ans pour tourner définitivement la page Hollande.
De Maart
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