Mittwoch5. November 2025

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FranceL’opposition de gauche annonce un „automne chaud“

France / L’opposition de gauche annonce un „automne chaud“
En annonçant „la fin de l’abondance et de l’insouciance“, Emmanuel Macron a soulevé un tollé dans les rangs de l’opposition Photo: AFP/Ludovic Marin

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Déclarations diverses du président Macron, interviews multiples de la première ministre Elisabeth Borne, universités d’été de trois des formations de la NUPES ce week-end: nul doute, la vie publique française cette semaine qui s’ouvre de sa (relative) torpeur estivale.

Torpeur qui aura d’ailleurs été toute relative pour certains ministres. Tout particulièrement celui de l’Intérieur, Gérald Darmanin, confronté à la fois aux incendies de forêts, à la canicule et à l’extrême sécheresse qu’elle a engendrée, mais aussi à différents faits divers spectaculaires et à l’expulsion contrariée d’un imam à l’islamisme jugé particulièrement virulent. Son collègue des Finances, Bruno Le Maire, a été, lui, exposé aux nuages qui s’amoncellent sur le budget de l’Etat pour la rentrée; une rentrée dont la préparation aura aussi beaucoup mobilisé, sur le terrain qui est le sien, le ministre de l’Education nationale, Pap N’Diaye, face à la grave pénurie d’enseignants (et même de chauffeurs de bus scolaires) que connaît l’Hexagone.

Pourtant, c’est bien ces jours-ci seulement que ce phénomène de reprise générale de l’activité politique se manifeste, avec un signe qui ne trompe pas: ce sont, cette fois-ci, les chefs qui se manifestent. A commencer, bien sûr, par l’homme de l’Elysée; lequel, avant même son voyage officiel en Algérie, conclu samedi par un communiqué commun plutôt positif, avait tenu un conseil des ministres de rentrée à l’occasion duquel il s’est livré à des commentaires eux-mêmes fort commentés.

Tollé à gauche

Il est vrai que le chef de l’Etat avait tenu à les faire devant les caméras de télévision, rompant avec la tradition de relative confidentialité des délibérations du conseil. Et comme il lui arrive fréquemment, son propos s’est révélé passablement contre-productif, au moins par maladresse de forme. En annonçant „la fin de l’abondance et de l’insouciance“, M. Macron a en effet soulevé un tollé dans les rangs de l’opposition.

Tout particulièrement à gauche, où l’on s’est empressé de souligner que les Français, confrontés à une inflation importante (même si, grâce aux aides de l’Etat, elle reste modérée comparée à nombre d’autres pays européens), à des perspectives de lourdes augmentations tarifaires, et à une situation internationale des plus préoccupantes, ne vivaient certes pas dans „l’insouciance“. Et que pour des millions d’entre eux, „l’abondance“ n’était qu’un rêve lointain – ou un souvenir.

Au point que le président s’est senti tenu de préciser qu’il „ne parlait que d’approvisionnement en énergie“. C’est possible, mais le sentiment demeure qu’en adoptant ce ton alarmiste, il a largement contribué à renforcer l’impression que l’exécutif était en train de préparer l’opinion à une rentrée difficile, pour ne pas dire douloureuse. Situation d’autant plus fâcheuse pour lui que les images, elles aussi télévisées, de ses vacances à Brégançon, où on le voyait notamment chevaucher un jet-ski, loisir coûteux, bruyant et polluant, avaient déjà fait beaucoup parler …

Grandes réformes à hauts risques

Tout cela a alimenté les discours, et les sarcasmes, entendus ce week-end aux universités d’été respectives de LFI, du PS et des Verts. Certes, cet éclatement géographique des principales formations de la NUPES pouvait avoir pour l’exécutif quelque chose de rassurant. Mais M. Mélenchon, bien qu’il aille répétant qu’il est „en retrait, non en retraite“, a annoncé au pouvoir des lendemains difficiles, avec une „grande offensive“ pour la rentrée „à l’Assemblée et dans la rue“. Dont, avec le probable concours de la CGT, une „marche nationale contre la vie chère“. Or tel est bien le souci majeur de l’Elysée et de Matignon: éviter une rentrée sociale très conflictuelle, quand bien même les aides étatiques, en particulier le „bouclier tarifaire“ sur les prix de l’énergie pour les particuliers, se prolongeraient jusqu’à la fin de l’année.

Mme Borne semble avoir avait fait une affaire personnelle de la contention des inquiétudes comme des manifestations et des grèves que celles-ci pourraient susciter. La première ministre a plutôt bien passé l’été: elle, que d’aucuns disaient en sursis, voit désormais sa cote de popularité devancer de quelques points (43% contre 39) celle de M. Macron. Et elle a assuré dans différentes interviews à de grands médias qu’elle ne laisserait pas les hausses tarifaires pourrir la rentrée des Français, et qu’elle allait créer un fonds de solidarité nationale doté d’1,5 milliard d’euros pour aider les entreprises publiques et privées à mieux contribuer aux économies d’énergie.

L’Elysée reste, il est vrai, aux commandes de réformes autrement risquées: celle des retraites, celle des conditions d’attribution de l’assurance-chômage, ou encore de l’ensemble de l’Education nationale, jugée en piteux état et dont la rénovation profonde nécessitera d’abondants crédits supplémentaires. Un signe de plus que le vrai grand rendez-vous politique sera celui de la rentrée parlementaire, début octobre, avec en particulier le vote du budget 2023.