FranceLe déconfinement commencera bien le 11 mai, mais très prudemment

France / Le déconfinement commencera bien le 11 mai, mais très prudemment
„Nous ne pouvons pas faire les malins avec le virus“, prévient le premier ministre Edouard Philippe  Photo: AFP/Pool/Christophe Archambault

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Le chef du gouvernement français, entouré de plusieurs de ses ministres, a tenu hier après-midi une conférence de presse sur les conditions dans lesquelles s’ouvrira lundi „un déconfinement progressif qui ne doit pas marquer le relâchement de notre vigilance“, a-t-il dit. Il s’agira, a insisté Edouard Philippe, „du redémarrage de notre vie sociale, mais pas d’un retour à une vie normale“, car „nous ne pouvons pas faire les malins avec le virus“.

Ceux qui, sur la base de chiffres en décrue – quant au nombre de morts, aux hospitalisations en réanimation et à la saturation des hôpitaux – attendaient des annonces fortes, et si possible quelques bonnes surprises, auront finalement été déçus par ce déploiement si massif de la parole gouvernementale, dûment retransmise sur toutes les radios et télévisions. Car n’en auront guère émergé que des confirmations (fussent-elles, à l’occasion, présentées comme de „bonnes nouvelles“), ou des allègements des contraintes pesant sur la population depuis plus de cinquante jours, du moins par rapport à ce qui avait déjà été annoncé pour le 11 mai et les semaines suivantes.

C’est le cas par exemple pour les restrictions à la circulation, laquelle va certes redevenir possible sans ces autorisations que l’on devait, de manière un peu surréaliste, se délivrer à soi-même avant de sortir, mais restera, après le 11 mai, limitée à cent kilomètres à vol d’oiseau, comme annoncé précédemment. Ou encore pour l’inextricable question de la réouverture des écoles (voir Tageblatt du 7 mai), aussi parcellaire qu’on l’avait déjà dit, et soumise à la bonne volonté parentale … et municipale.

De même pour la fermeture persistante des espaces verts dans les zones „classées rouges“ (région parisienne, Grand Est et le lointain département de Mayotte, dans l’océan Indien). Même si – enfin une vraie nouveauté pour les amateurs de grand air! – l’accès aux plages, tout en restant en principe interdit, pourra tout de même être autorisé au coup par coup dans les communes dont le maire se sera engagé auprès du préfet de son département à y assurer le respect des „mesures-barrières“.

Peu de vraies annonces

Au total pourtant, on a peine à trouver, dans les propos du premier ministre comme dans ceux de ses ministres de la Santé, de l’Education nationale, des Transports, de l’Intérieur, de l’Economie et des Finances, ainsi que du Travail, de vraies annonces nouvelles et fortes. Le constat qui s’impose, au contraire, c’est que le gouvernement reste extrêmement prudent dans la gestion de ce déconfinement. Un déconfinement attendu fiévreusement par l’immense majorité des Français, mais dont le pouvoir redoute, à l’évidence, qu’il ne suscite, par l’effet d’une vague d’insouciance et donc d’imprudence, une nouvelle vague de la pandémie.

Il y est encouragé, à l’évidence, par le maintien d’une circulation relativement forte du virus dans un quart, ou à peu près, de l’Hexagone; et de ce point de vue, le constat d’une absence de rebond de la pandémie dans les pays qui ont déjà déconfiné ne semble pas rassurer M. Philippe. Tout ce passe en fait comme si ce gouvernement, qui a été abondamment taxé d’imprévoyance ces deux derniers mois – sur l’approvisionnement en masques et en tests en particulier, la question étant maintenant réglée, assure-t-il – voulait désormais mettre toutes les chances de son côté et ne plus encourir un tel reproche. Avec à l’évidence des craintes particulières, lors de la reprise du travail, en ce qui concerne les transports en commun, tout particulièrement le métro parisien.

Quant à ce qui pouvait concerner la suite de la vie publique après le déconfinement, notamment le redressement de l’économie, le premier ministre, si résolu qu’il se montre à relancer la production sans relancer la pandémie, a résolument botté en touche. Et à une question sur d’éventuelles discordances entre le président Macron et lui, dont la rumeur courait ces derniers jours, il s’est montré catégorique.

M. Philippe a en effet répondu: „Depuis trois ans que je dirige le gouvernement sous son autorité, j’ai toujours constaté des relations de constante confiance et d’une totale fluidité, qui ont peu de précédents. C’est toujours le cas; je crois et j’espère que cela le sera toujours. J’ajoute que dans les moments que nous vivons, passer plus de deux secondes à s’interroger sur ce genre de sujet me laisse très circonspect. Je pense que l’immense de nos concitoyens s’en contrefichent, et de ce point de vue je me sens très Français!“