FranceLe camp macroniste se lance dans une offensive de choc contre le RN

France / Le camp macroniste se lance dans une offensive de choc contre le RN
Gabriel Attal caresse la vache normande „Oreillette“ au Salon de l’agriculture: le premier ministre a dû se rendre au salon afin de redorer l’image de la Macronie Photo: Dimitar Dilkoff/AFP

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L’offensive du camp macroniste contre le Rassemblement national, qui avait semblé connaître une certaine accalmie depuis quelques mois, et même ces dernières semaines encore, est au contraire entrée ces jours-ci dans une phase particulièrement virulente. Les attaques s’exacerbent, et cela d’autant plus que du côté de Mme Le Pen, on s’applique au contraire à afficher une sérénité qui, historiquement, n’appartient guère à l’extrême droite.

Il est vrai que deux facteurs au moins concourent à cette fièvre macroniste. Le premier est tout simplement l’approche des élections européennes de juin, un scrutin qui n’est certes pas décisif sur la scène nationale française, mais qui devrait tout de même avoir une forte résonance symbolique dans le contexte politique actuel de l’Hexagone. Or, dans cette perspective, les sondages demeurent extrêmement favorables au RN, dont la liste est donnée en tête de 10 à 12 points devant celle de la majorité relative macroniste.

En second lieu, ladite majorité, et tout particulièrement son chef le président Macron, accumulent en ce moment des difficultés, pour ne pas dire des erreurs au moins tactiques, que le camp lepéniste s’est au contraire empressé d’exploiter. La crise agricole en aura été le premier exemple: le monde paysan français, sans être absolument sourd au discours de la gauche, est depuis toujours bien plus réceptif à celui de la droite, et même, ponctuellement, de l’extrême droite.

Cette dernière s’employant à mettre sur le dos de „Bruxelles“ toutes les difficultés qui assaillent les agriculteurs, les élections européennes sont pour elle, en milieu rural, un terrain facile. Surtout si l’on ajoute, expliquent à l’envi les responsables macronistes, jusqu’au chef de l’Etat et celui du gouvernement, Gabriel Attal, que l’une des organisations syndicales concernées, la Coordination rurale, compterait dans ses rangs, voire parmi ses dirigeants, de nombreux sympathisants du RN. Ce qui est fort possible, mais ne change pas grand-chose au problème.

L’accueil extrêmement houleux reçu samedi dernier par M. Macron au Salon de l’agriculture est donc mis avec acharnement par les voix gouvernementales sur le compte de „quelques centaines de manifestants d’extrême droite, qui ne sont même pas tous agriculteurs“. Quitte à oublier l’incroyable bourde élyséenne – que M. Macron en soit personnellement responsable ou non – consistant à inviter, pour le grand débat avec les représentants du monde agricole prévu au Salon de l’agriculture, un mouvement que le ministre de l’Intérieur lui-même avait qualifié d’„écoterroriste“, les „Soulèvements de la Terre“.

„Vous et vos troupes“

M. Attal, qui n’a pas aussi mauvaise presse chez les agriculteurs, et dont la jeunesse vise aussi à répondre à celle du président du RN Jordan Bardella, a été promptement dépêché au Salon pour tenter de faire un peu oublier les huées et les sifflets qui avaient constamment fait escorte au chef de l’Etat. Mais c’est à propos de l’autre difficulté du moment rencontrée par le locataire de l’Elysée, autrement dit sa déclaration solitaire au sortir du sommet européen de Paris sur l’aide à l’Ukraine, que le premier ministre s’est montré le plus virulent contre Marine Le Pen à l’Assemblée nationale.

La présidente du groupe parlementaire RN s’étant indignée de „l’insouciance“ avec laquelle, selon elle, M. Macron avait annoncé la possibilité d’envoyer des troupes au sol à la rescousse de l’armée ukrainienne (voir Tageblatt d’hier), Gabriel Attal lui a répondu: „Si vous aviez été élue présidente en 2022, on ne serait pas en train de fournir des armes aux Ukrainiens pour se défendre, mais à la Russie pour écraser les Ukrainiens. C’est ça, la réalité! Et on peut se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays. Je parle de vous et de vos troupes.“

Le temps pourtant point si lointain où Emmanuel Macron ne voyait „aucun obstacle de principe à discuter avec les élus du RN“ et refusait d’exclure ce parti de „l’arc républicain“ semble donc bien révolu aujourd’hui. Mais cela suffira-t-il à dégonfler les espoirs électoraux – et les sondages – de l’extrême droite?