FranceLa Nupes célèbre son premier anniversaire dans un climat morose

France / La Nupes célèbre son premier anniversaire dans un climat morose
Matériel de campagne de la Nupes pour les élections législatives en juin 2022 Photo: Stéphane de Sakutin/AFP

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La Nupes (Nouvelle union politique, écologique et sociale), qui rassemble depuis les élections législatives de juin 2022 le PS, le PCF et les Verts autour de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, et sous l’autorité de ce dernier, célèbre actuellement son premier anniversaire. Et cela dans un climat qui tient plus de l’introspection morose que de l’euphorie.

De fait, le but premier de cette alliance électorale, conclue dans la perspective d’un scrutin que la gauche abordait avec un certain optimisme malgré la reconduction d’Emmanuel Macron à l’Elysée, n’a pas été complètement atteint, puisque les amis du président réélu ont malgré tout réussi à former un gouvernement. Mais sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, cas de figure inusité sous cette forme pour la Ve République. Et dans lequel cette union de la gauche d’un nouveau genre a pu exercer un pouvoir qu’elle n’espérait plus, cependant que la majorité sortante faisait retour au Palais Bourbon, elle, dans un état désastreux, dont l’exécutif ne cesse, depuis, de payer le prix.

C’est dire que le bilan de cette opération du printemps 2022 est loin de présenter seulement le sombre visage que décrivent certains, y compris dans ses propres rangs. Pourtant, ce premier anniversaire survient dans un contexte qui fait se demander à certains s’il sera même suivi d’un deuxième l’an prochain, au moins dans les rangs des formations qui se sont ainsi inféodées à l’entreprise de M. Mélenchon.

Le jeu de Marine le Pen?

Ces reproches croisés ont ainsi été entendus mardi et mercredi au cours de deux réunions internes, d’abord des dirigeants des quatre formations constitutives de la coalition, puis des quelque 150 députés que compte au total cette dernière. Pour le leader communiste Fabien Roussel, par exemple, „la Nupes est un boulet, une camisole“, et il devient „urgent de construire autre chose“. L’un des dirigeants du PS, Pierre Jouvet, a de son côté appelé à „la vigilance, car nous retombons vite dans la facilité des petites phrases, de l’opposition entre nous“. Quant à la secrétaire nationale des Verts, Marine Tondelier, elle a redit qu’il ne pouvait être question aux yeux de sa formation de s’intégrer à une liste unitaire de candidats pour les élections européennes de l’an prochain.

On est donc loin, semble-t-il, de la récente exhortation de Jean-Luc Mélenchon à „lancer la phase 2 de l’existence de cette alliance, de cette convergence, de ce front qu’est la Nupes“. Il est vrai que des derniers mois, ce sont justement ses déclarations qui ont posé des problèmes à ses partenaires. Jusqu’à ses toutes dernières menaces contre „la mauvaise République“, ses appels à une forme d’insurrection et à la mobilisation physique des jeunes, qui n’ont été suivis d’aucun effet – sauf à y compter les exactions des casseurs qui viennent pourrir les manifestations pacifiques des syndicats.

Chez les socialistes, les communistes et les Verts, on commence à craindre que ses appels et prévisions apocalyptiques, et d’une manière générale la façon dont les députés mélenchonistes ont géré à l’Assemblée leur participation au „débat“ (les guillemets, hélas, s’imposent) sur la réforme des retraites, loin de mobiliser le „peuple de gauche“, ne fassent finalement le jeu, au contraire, de Mme Le Pen, comme en attestent d’ailleurs, semaine après semaine, tous les sondages.

Inquiétudes et malaise

Ces inquiétudes ne sont pas sans conséquences sur les débats internes aux formations de la Nupes. Au PS, on avait déjà pu le mesurer lors du congrès de Marseille (voir Tageblatt des 28, 29 et 30 janvier); et la position d’Olivier Faure, qui y avait sauvé de justesse son fauteuil de premier secrétaire grâce à un laborieux compromis d’appareil, redevient fragile face au courant hostile à toute inféodation à LFI. Et même dans le parti mélenchoniste, un certain malaise se fait jour, d’autant plus qu’une candidature possible à la prochaine présidentielle se fait jour: celle de François Ruffin, que les électeurs, sondés, déclarent préférer, au père-fondateur, désormais replié derrière sa garde rapprochée.

Tout se passe au fond comme si, après avoir profité d’une idée simple et forte de M. Mélenchon – celle selon laquelle l’union des partis de gauche au second tour des législatives leur permettrait de revenir en force, voire en majorité, au Palais-Bourbon – ses partenaires avaient, durant l’année écoulée, mesuré qu’ils en payaient finalement bien cher les bénéfices, au demeurant incomplets. Et que l’actuelle dégringolade macronienne dans l’opinion pouvait leur permettre de rêver, pour les échéances à venir, de succès plus probants, et moins ambigus.