Le président Macron a annoncé mercredi soir à la télévision un net durcissement des mesures sanitaires déjà en vigueur en France, et surtout l’extension à l’ensemble de l’Hexagone des restrictions, de circulation principalement, déjà appliquées dans une vingtaine de départements, dont ceux de la région parisienne. Quant aux écoles de tous niveaux, elles vont être fermées pendant un mois.
C’est devenu une tradition: le chef de l’Etat aura, cette fois encore, réussi à annoncer à l’ensemble de ses „chers compatriotes“ qu’ils allaient tous être reconfinés sans jamais prononcer le mot de confinement, et que les établissements d’enseignement seraient fermés sans prononcer celui de fermeture.
Mais point de mots qui fâchent! Et point de contrition en annonçant un énième dispositif qui, en creux, illustre pourtant, presque point par point, l’erreur de stratégie commise par l’homme de l’Elysée en janvier lorsqu’il avait décidé, seul face à la communauté scientifique et même à son premier ministre et celui de la Santé, de temporiser encore avec des demi-mesures, plutôt que d’oser adopter un dispositif courageux au risque de l’impopularité.
Mais la situation était devenue telle, avec une flambée de l’épidémie qui surpasse désormais celle de novembre, et des urgences hospitalières au bord de la saturation (voire, ponctuellement, au-delà) qu’il ne pouvait plus s’en tenir au statu quo. A défaut d’avoir réagi quand il l’eût fallu, le moment actuel n’est pas mal choisi puisque les congés scolaires de Pâques vont permettre, en regroupant les différentes zones jadis prévues pour en étaler le flot, de limiter l’impact de la fermeture des écoles, tant sur le plan pédagogique qu’en termes d’affichage politique.
Voir le bout du tunnel
A condition, toutefois, qu’avec la progression des vaccins – dont il a, comme précédemment, promis l’accélération – et l’installation de nouveaux lits de réanimation (qui avait déjà été annoncée, elle, il y a presque un an), les courbes s’inversent de nouveau. Cette condition vaut d’ailleurs pour l’ensemble des aspects positifs dont il a fait miroiter la perspective: possible réouverture progressive des terrasses de restaurants, des salles de spectacle ou de sport, ainsi que des musées, à partir de la mi-mai. Soit exactement comme… l’an dernier à la même date.
De toute façon, ces dernières semaines, si l’opinion était majoritairement consentante, selon plusieurs sondages, à l’égard d’un reconfinement incluant les écoles, il était non moins clair qu’elle avait aussi l’impérieux besoin qu’on lui fixe quelques perspectives positives.
Et c’est bien ce à quoi s’est employé M. Macron: tout en demandant aux Français „un effort supplémentaire“, il en a évoqué le terme possible en parlant certes d’un „mois d’avril difficile“ mais suivi d’un mois de mai où leur vie quotidienne commencerait à redevenir plus normale. D’autant plus qu’entre temps, la vaccination aura considérablement progressé, ce qui devrait aider à „voir le bout du tunnel“, selon la formule consacrée.
Courte indulgence pour Pâques
En attendant cette échéance tant espérée, mais encore éventuelle, les habitants de l’ensemble des départements métropolitains, y compris ceux où la circulation du virus est très faible, notamment sur la façade atlantique, redécouvrent les limitations de la circulation: dans un cercle dont le rayon n’excède pas dix kilomètres à partir de leur domicile et en respectant le couvre-feu, ce qui va donner une coloration bien restrictive aux vacances de Pâques …
Les commerces qu’on n’ose plus appeler „non-essentiels“ devront fermer même dans les 76 départements qui y échappaient jusque là – car il n’est plus du tout question de régionaliser la riposte à l’épidémie – et le télétravail va être „systématisé“, sans autre précision. Il est aussi entendu que la lutte contre les fêtes et clandestines et autres rassemblements interdits (il y aurait environ 70 par jour) sera renforcée, et que la police se montrera plus sévère, d’une manière générale, contre les contrevenants à la nouvelle réglementation, une fois passée une courte période d’indulgence pour le grand week-end pascal.
Emmanuel Macron a discrètement réfuté, à la fin de son discours de mercredi soir, l’idée selon laquelle il aurait fait, en janvier, un „pari“. C’en est pourtant un autre qu’il tente désormais: celui que ces nouvelles mesures contraignantes, s’ajoutant à une vaccination enfin dynamique, permettront aux Français de tourner bientôt la page. Sinon déjà celle du Covid, en tout cas des jours de plus en plus pesants que ce dernier a engendrés. Et à lui-même, d’être délivré de ce boulet pour la campagne présidentielle qui s’annonce.
De Maart
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