Avignon, MérignacLa France de nouveau confrontée à l’ultra-violence

Avignon, Mérignac / La France de nouveau confrontée à l’ultra-violence
L’homme qui a abattu le policier Eric Masson est aujourd'hui l’homme le plus recherché de France Photo: AFP/Clement Mahoudeau

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Vingt-quatre heures après la mort d’un policier de 36 ans, tué lors d’une banale intervention sur un point de drogue à Avignon, son meurtrier était toujours en fuite jeudi – et un deuxième cas d’ultra-violence a choqué le pays.

En 48 heures, encore un policier abattu, cette fois-ci par des dealers de drogue à Avignon, et un épouvantable féminicide perpétré à Mérignac, par un mari déjà condamné pour violence, et qui, dans la rue, a brûlé vive son épouse, mère de trois enfants, après l’avoir horriblement tabassée: une nouvelle fois, la France se trouve confrontée à ce qu’il faut bien appeler désormais l’hyper-violence de tous les jours.

Une hyper-violence qui n’a même plus besoin de se relier aux thèmes combattus de manière récurrente par l’extrême droite lepéniste – l’immigration, l’islamisme – pour faire le jeu, en tout cas le bonheur dans les sondages, du Rassemblement national, porté par l’exaspération populaire. Et comme, en plus, l’assassin récidiviste de Mérignac, Mounir Boutaa, a la double nationalité française et algérienne…

Une commune paisible

L’opinion est d’autant plus frappée par ces deux sanglants faits-divers qu’ils n’ont pas eu pour cadre, cette fois-ci, des banlieues déshéritées ou des quartiers louches de grandes cités. Mérignac est une commune paisible, en dehors des bruits d’avion puisqu’elle est surtout connue pour héberger l’aéroport de Bordeaux. Quant à Avignon, c’est une superbe cité historique et méridionale qui fut, un temps, résidence papale et doit sa notoriété moderne à son festival de théâtre.

Si l’assassinat de Mérignac peut encore, malgré la nationalité de son auteur, s’inscrire malgré tout dans la violence hélas ordinaire dont sont encore victimes tant de femmes, le meurtre du policier d’Avignon constitue un fait de société d’un autre genre.

Une cynique assurance

Il n’était que 18 heures à peu près lorsque Eric Masson, 36 ans, en patrouille dans un quartier central notoirement consacré au trafic de drogue s’est fait interpeller par un vendeur de cocaïne: „Qu’est-ce que tu fais ici?“ Car c’est ce jeune dealer qui fait la police dans cette rue, et demande au policier de justifier sa présence! Et avant que ce dernier ait pu répliquer, il lui tire deux balles mortelles, puis s’enfuit sous les yeux des passants et voisins médusés. Inutile de dire qu’il est aujourd’hui l’homme le plus recherché de France.

C’est sa cynique assurance qui, plus encore que son geste meurtrier, alimente, depuis, les commentaires dans l’Hexagone. Car il est désormais très clair que pour les jeunes trafiquants, le port d’une arme à feu et son usage au premier risque, au premier doute, vont de soi. Plus que jamais, la police est collectivement perçue par eux comme une simple bande rivale. Les rituels discours ministériels de fermeté sont évidemment nécessaires; mais de moins en moins de Français les jugent suffisants. Et l’opposition se déchaîne à nouveau contre l’impuissance du pouvoir.