Le premier est que la droite reste, avec ses alliés de centre droit, de loin la première force parlementaire du Palais du Luxembourg, qui abrite le Sénat. Elle y conserve même la majorité absolue, touchant ainsi les dividendes d’une implantation locale décisive pour ce type d’élections, puisque les votants sont essentiellement des élus municipaux, départementaux et régionaux.
La gauche, de son côté, si l’on additionne les élus communistes, socialistes et verts, peut se flatter d’avoir bien résisté à l’effet des divisions affichées au sein de la Nupes, et des déclarations souvent dévastatrices de Jean-Luc Mélenchon et de ses proches, notamment auprès de cette „France profonde“ des campagnes et de petites ou moyennes cités de province dont le Sénat est tout particulièrement l’émanation. Ces trois formations s’offrent même le luxe d’enregistrer au total un léger progrès, avec une mention particulière pour ceux des socialistes et autres représentants de la gauche modérée qui avaient refusé l’alliance au sein de la Nupes.
Quant au Rassemblement national, il refait son entrée au sein de la Haute assemblée, avec trois élus. Un succès qui peut sembler modeste, par rapport au poids électoral de la formation lepéniste dans l’opinion française, mais qui n’en illustre pas moins que la politique de „dédiabolisation“ lancée par Marine Le Pen voici quelques années déjà, et que les excès de l’extrême gauche populiste à l’Assemblée nationale ont valorisée par contraste, commence à produire certains effets jusque parmi les „grands électeurs“ sénatoriaux.
La déconvenue des macronistes
Mais la leçon la plus significative du scrutin de dimanche est sans conteste la persistante médiocrité des résultats du parti macroniste, Renaissance. Alors qu’au contraire la formation fondée en 2021 par l’ancien premier ministre Edouard Philippe, lequel se pose de plus en plus en candidat à l’Elysée pour 2027, affiche un certain nombre de conquêtes sénatoriales. Et fait ainsi figure de rivale encore modeste peut-être, mais en pleine santé, d’un macronisme manifestement usé, pour ne pas dire à bout de souffle dans les sondages.
Ce tassement de Renaissance, qui n’était déjà pas, au Sénat, dans la situation que pourrait espérer le parti de la majorité présidentielle, s’explique d’abord par le fait qu’en réalité, le macronisme n’a jamais été un „vrai“ parti, organisé territorialement et appuyé sur de nombreux élus locaux. C’est plutôt l’affaire d’un seul homme, le chef de l’Etat, qui, de surcroît, n’a jamais caché la défiance que lui inspiraient les corps intermédiaires. Un seul homme, dont les aléas de la politique finissent par faire un homme seul.
Dimanche soir, s’adressant aux Français sur les deux plus grandes chaînes de télévision, il a réussi à ne pas dire un mot des élections sénatoriales qui venaient d’avoir lieu. Et ont dû donner des sueurs froides à son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui escomptait qu’une évolution significative du Sénat lui permettrait d’y trouver plus facilement qu’à l’Assemblée des appuis pour son projet de loi sur l’immigration. Las! La droite, intransigeante contre certaines dispositions de ce texte, a franchi l’obstacle sans difficulté; et son candidat Gérard Larcher sera très certainement, le 2 octobre prochain, réélu président du Sénat.
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