A quoi les sceptiques, qui sont notoirement légion chez les électeurs de l’Hexagone, ajoutent avec quelque apparence de raison qu’il s’agit surtout d’ouvrir sa campagne présidentielle pour le scrutin de 2022, en partant à la reconquête de l’opinion. Le tout à moins de trois semaines du premier tour des élections régionales et départementales qui, même sans lien structurel avec la course à l’Elysée, fourniront tout de même évidemment quelques indications sur le climat politique global.
Quelques indications seulement, certes: ce double scrutin intermédiaire est traditionnellement défavorable au pouvoir. Il devrait l’être d’autant plus pour un exécutif qui, en quatre ans, n’a pas su se doter d’un vrai grand parti, ni de solides assises locales, et dont le groupe parlementaire ne cesse de rétrécir et de flageoler. Au total, il sera donc difficile, aux soirs des 20 et surtout 27 juin, de ne pas chercher à lire dans les résultats locaux quelques enseignements nationaux.
Autre remarque que l’on entend beaucoup ces jours-ci à Paris: Emmanuel Macron renoue avec l’exercice auquel il s’était livré pour tenter – avec un certain succès – d’en finir avec la crise des Gilets jaunes. Il avait alors sillonné la France, allant de débats en débats, sans que l’on ait d’ailleurs beaucoup pu en voir fleurir les enseignements dans un éventuel infléchissement de la politique gouvernementale, mais avec une certaine vaillance pour affronter les questions de ses auditoires. Cette foi-ci, le risque est à la fois moindre à terme, et pourtant supérieur dans l’immédiat.
Un risque moindre, oui, en apparence: la France n’est plus en ébullition comme au temps des Gilets jaune. Et le retour à la normale qui s’annonce après un an et demi de restrictions diverses imposées par le Covid, s’ajoutant à l’arrivée du beau temps et la proximité des vacances, crée sans doute un climat plus paisible.
Le „maillot jaune“ n’est pas acquis d’avance
En outre, les enquêtes d’opinion ne sont pas mauvaises pour M. Macron, bien meilleures en tout cas que celles de Nicolas Sarkozy et surtout l’infortuné François Hollande un an avant la fin de leur premier (et pour eux unique) quinquennat. Avec environ 40% de sondés qui disent avoir une bonne opinion de lui, le chef de l’Etat aborde cette opération dans des conditions relativement apaisées.
Pour autant, il n’est pas à l’abri, notamment lorsqu’il se rendra dans des régions économiquement sinistrées, de prises à partie, voire d’incidents. Gérard Larcher, le président de droite du Sénat, a pour cela une formule, qu’il applique d’ordinaire aux élus locaux: „Etre à portée d’engueulade.“ Au minimum, M. Macron devra se garder d’apparaître en „grand bourgeois parisien en visite chez les ploucs“, comme le lui reprochait hier matin avec une mordante ironie un élu républicain.
Se lancer dans une telle équipée n’est pas forcément une mauvaise idée – après tout, de Gaulle n’avait cessé de le faire en son temps – d’autant que beaucoup de gens lui reprochent d’habitude de trop rester cloîtré dans sa tour d’ivoire élyséenne, loin des réalités populaires. Encore lui faudra-t-il, puisque l’on parle de „tour de France“, en sortir avec le maillot jaune. Ce n’est pas acquis d’avance.
De Maart
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