D’un bout à l’autre, rien, décidément, n’aura fonctionné correctement dans la lutte française contre la pandémie. Après le scandale des masques introuvables, et donc déclarés „inutiles, voire néfastes“ par le pouvoir ce printemps, avant … de devenir obligatoires, puis le manque cruel de tests et leur mise en œuvre parcimonieuse et tardive cet automne, cet épisode hivernal de vaccination porte à son comble l’exaspération d’une bonne partie de l’opinion.
Laquelle a du mal à comprendre comment, pour ne prendre que cet exemple, alors que les doses de vaccin ont été expédiées à la France et à l’Allemagne à la même date et en même quantité, l’Hexagone ne parvient à vacciner qu’une cinquantaine de personnes par jour depuis une semaine, quand la République fédérale approche déjà, au total, les 200.000! D’autant plus que nul n’ignore que ce plan de vaccination, fondé sur une sorte de „goutte-à-goutte“ dans les maisons de retraites, a été longuement mûri par le ministère et validé par le président de la République lui-même …
Certes, mesurant enfin, après une semaine, l’effet désastreux de cette stratégie de la lenteur face à un virus dont la course, elle, ne faiblit pas, le ministre concerné, Olivier Véran, a promis que les soignants pourraient eux aussi accéder au vaccin, normalement dès ce lundi; et que le processus allait s’accélérer pour trouver son tempo correct le mois prochain. Quant au chef de l’Etat, il a fait circuler différentes rumeurs selon lesquelles il aurait sévèrement réprimandé M. Véran; et dans un entretien publié hier par Le Journal du Dimanche il n’a pas craint d’afficher sa colère contre la lenteur d’un processus qu’il a pourtant lui-même parrainé, et défendu dans son message de vœux le 31 décembre …
Fêtes clandestines et exaspération
Autre motif d’inquiétude pour l’exécutif, et d’irritation pour l’opinion: alors que la très grande majorité des Français passaient le réveillon en comité très restreint, de vastes fêtes clandestines ont été organisées dans différents lieux, la palme revenant à celle de Lieuron, en Bretagne, qui a regroupé plus de 2.500 personnes durant 36 heures particulièrement alcoolisées, une camionnette de gendarmerie étant même brûlée pour l’occasion, sans que les forces de l’ordre n’osent l’interrompre.
C’est dans ce contexte que le couvre-feu jusqu’alors fixé à 20 heures a été avancé de deux heures dans 15 départements, dont la Moselle et la Meurthe-et-Moselle dans le Grand Est, ainsi qu’en Bourgogne Franche-Comté. Le critère retenu est celui du seuil de 250 nouveaux cas positifs pour 100.000 habitants sur sept jours. Les réactions des commerçants, sur place, sont plutôt amères: ils considèrent que ce renforcement ne peut que porter un nouveau et rude coup à leur activité.
Mais c’est bien l’incroyable lenteur de la vaccination qui, ces jours-ci, alimente l’exaspération populaire. Début décembre, le premier ministre, Jean Castex, avait naïvement annoncé qu’environ un million de personnes seraient vaccinées fin janvier. On en était, hier, à … 352, alors que quelque 550.000 doses sont déjà disponibles. L’épidémiologiste Martin Blachier estime – et la grande majorité de ses collègues semblent partager ce jugement sévère – qu’il s’agit là du „plus grand fiasco qu’on aura jamais eu dans le monde de la santé“.
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