Donnerstag13. November 2025

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FranceAprès la réforme des retraites: Comment renouer avec les ambitions réformatrices?

France / Après la réforme des retraites: Comment renouer avec les ambitions réformatrices?
Malgré la promulgation de la loi sur la réforme des retraites, les manifestations en France continuent, comme ici à Rennes Photo: AFP/Lou Benoist

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Le président Macron a procédé à la promulgation de la loi sur la réforme des retraites quelques heures seulement après que le Conseil constitutionnel eut annoncé la validation de 30 de ses 36 articles. Les six articles retoqués, partiellement ou totalement, par les Sages, pourront, ultérieurement, être intégrés à une autre loi. Le chef de l’Etat, a par ailleurs annoncé l’Elysée, s’adressera ce soir aux Français à la télévision.

Etrange week-end politique que celui que vient de vivre l’Hexagone. D’abord par l’effet d’un singulier mélange de vide et de trop-plein. L’annonce du verdict du Conseil constitutionnel avait de quoi décevoir profondément ceux – nombreux – qui voulaient encore croire que les Sages allaient, fût-ce sans le dire, statuer sur le fond de la réforme, et non sur sa seule conformité à la Constitution. De sorte que la combinaison de leur surprise et de leur colère pouvait laisser imaginer de nouveaux et puissants mouvements de rue. Or, à l’exception de quelques manifestations assez violentes mais brèves, notamment à Rennes, en Bretagne, il n’en a rien été.

Etrange, ce week-end l’aura aussi été par cette impression de temps suspendu qui s’y est très vite installée, surtout quand il a été connu, à la fois, que le texte avait été promulgué tambour battant par le président, hâte que d’aucun ont jugée un peu puérile, et d’autres adversaires comme une provocation supplémentaire, un signe de mépris et/ou le souci de verrouiller dès que possible le texte de la réforme. Texte dont un certain nombre d’opposants voulait encore espérer qu’après avoir obtenu cette victoire (incomplète, certes, mais qui le satisfaisait tout de même sur le point essentiel: le report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans), M. Macron accéderait à leur demande de ne pas le promulguer tout de suite, ce qui aurait permis de le remettre en discussion.

Les suggestions suicidaires de Marine Le Pen

Etrange, enfin, par le fait que, tout en proclamant qu’ils n’attendaient plus rien du locataire de l’Elysée ni de son discours télévisé de ce soir, et que d’ailleurs ils ne l’écouteraient même pas, beaucoup de ces mêmes opposants restaient tout de même curieux de savoir, dans les circonstances présentes, ce qu’Emmanuel Macron allait bien pouvoir trouver à leur dire pour faire retomber la pression politique et sociale avant les grands défilés syndicaux du 1er mai (qui seront d’ailleurs précédés d’une sorte de répétition générale jeudi).

Marine Le Pen, hier, a obligeamment suggéré au chef de l’Etat, sur RTL, trois issues possibles: démissionner, organiser un référendum sur le sujet, ou bien encore dissoudre l’Assemblée. Pour lui, trois modes de suicide politique, en somme. Plus sérieusement, on guettera, à la direction de la CFDT particulièrement, le ton sur lequel M. Macron va évoquer une possible reprise de contact avec les syndicats. Laquelle paraît pour l’instant bien mal partie; mais le secrétaire général de la centrale cédétiste, Laurent Berger, si ulcéré qu’il soit par la façon, des plus maladroites en effet, dont l’Elysée l’a traité dans cette crise, n’avait pas caché que si la réforme allait malgré tout jusqu’au terme de son processus d’adoption, il ne pourrait qu’en prendre acte …

Mais surtout, quelle ligne de conduite va-t-elle désormais s’imposer à l’exécutif? Délivré – ou du moins se croyant tel – du cauchemar qu’aura constitué pour lui la réforme des retraites, Emmanuel Macron rêve de se lancer dans d’autres initiatives, susceptibles de donner enfin à son règne la coloration réformiste qu’il avait promise il y a déjà six ans. Mais sa première ministre assurait, il y a quelques jours, que la France était „en convalescence“ et qu’il ne fallait pas „la brusquer“. Même si elle vient, ce week-end, d’assurer pratiquement le contraire devant un congrès macroniste, le tandem exécutif pourra-t-il perdurer dans cette évidente différence d’approche?