Donnerstag23. Oktober 2025

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FranceA droite comme à gauche, on regarde au-delà de l’Elysée

France / A droite comme à gauche, on regarde au-delà de l’Elysée
Le drapeau européen au-dessus de la tombe du soldat inconnu fait rage dans les rangs nationalistes Photo: AFP/Alain Jocard

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A l’évidence, 2022 sera une année majeure pour la vie publique française. L’élection présidentielle bien sûr, puis les législatives, mais aussi les conséquences économiques et scolaires de la pandémie, et la présidence du Conseil européen pour six mois, devraient lui imprimer un rythme très soutenu – et en multiplier les incertitudes.

C’est particulièrement vrai de la course à l’Elysée, même si l’un de ses mystères, du moins, semble de moins en moins en être un: la candidature d’Emmanuel Macron à sa propre succession. On en parlait déjà comme d’un secret de Polichinelle; mais depuis son message de vœux aux Français du 31 décembre, on ne voit pas comment on pourrait encore en douter. Après avoir expédié en quelques minutes les questions sanitaires, sur lesquelles il était pourtant attendu, le chef de l’Etat s’est en effet attaché à dresser longuement, en candidat de moins en moins virtuel, un tableau résolument positif de son bilan.

„La France continue d’avancer“, a-t-il assuré, avant d’ajouter: „Jamais depuis 15 ans le chômage n’a été aussi bas (…), et nous n’avons jamais renoncé à notre ambition collective sur l’assurance chômage, le pouvoir d’achat, le renouvellement du parc automobile, les énergies renouvelables.“ Une réponse à peine indirecte à ceux qui lui reprochent de n’avoir pas tenu les promesses de réformes sur lesquelles il avait été élu en 2017.

Mais le souci du président sortant est aussi de trouver, une nouvelle fois, l’équilibre entre la lutte contre la pandémie, et en particulier son variant Omicron (dont l’extrême contagiosité suscite désormais en France près de 250.000 cas positifs par jour!) et les nécessités d’un redémarrage économique qui, avec son fameux „quoi qu’il en coûte“, a déjà endetté la France comme jamais. D’où l’allègement de certaines contraintes pesant sur les personnes reconnues contaminées ou „cas-contacts“ pour qu’elles ne restent pas longtemps éloignées de leur travail. De même à l’école, pour ne pas rendre plus incertaine encore une rentrée de janvier déjà bien délicate à gérer.

La (courte) affaire du drapeau européen

C’est dans ce contexte national compliqué que M. Macron, a pris, vendredi soir à minuit, la présidence semestrielle du Conseil européen. Une charge qui devrait lui offrir une belle exposition politique et médiatique en ces mois électoralement décisifs. Mais qu’il a inaugurée par une maladresse permettant à ses adversaires de droite comme de gauche de dénoncer une fois de plus sa prétendue déconnexion du réel, en tout cas de la mentalité de ses „chers compatriotes“.

L’Elysée a en effet ordonné le remplacement du grand drapeau tricolore de l’Arc de triomphe de Paris, qui flotte au-dessus de la tombe du Soldat inconnu, par celui de l’Europe, bleu aux étoiles d’or. En droit français, un autre drapeau que l’emblème national peut parfaitement être arboré sur un bâtiment public, mais à condition que ce soit en compagnie de l’oriflamme bleu-blanc-rouge, et non à sa place … Petit faux-pas corrigé dans la nuit, mais abondamment exploité, bien sûr, contre le président sortant.

Recomposition

Reste que ce dernier ne sera pas le seul à jouer gros dans les trois mois qui viennent. Pour la droite modérée aussi, vouée à l’opposition depuis bientôt une décennie, le scrutin, d’avril pourrait bien prendre l’aspect d’un redoutable quitte-ou-double, ou d’une recomposition. Si la candidate du parti LR, Valérie Pécresse, est qualifiée au premier tour et l’emporte au second, c’est le grand retour des héritiers de Chirac. Au vu des tout derniers sondages, cette hypothèse reste possible. Mais si elle perd finalement, deux cas de figure se présentent.

Celui d’une défaite dès le premier tour, laissant la qualification pour le second à Marine Le Pen ou à Eric Zemmour, provoquerait sans doute un schisme dans la droite classique. Le second, celui d’une défaite honorable face à Macron, permettrait aux Républicains de reprendre la main à droite et de mettre un terme à la double hémorragie dont ils ont été victimes: en direction du macronisme pour les plus modérés, et de l’extrême droite pour les plus radicaux.

Une extrême droite dans les rangs de laquelle on assiste déjà, entre les supporters de Le Pen et de Zemmour, à une de ces virulentes batailles dont cette mouvance politique est coutumière. Là aussi, on sait bien que c’est, au-delà des personnes, l’avenir collectif de ce courant qui pourrait se jouer lors de l’élection d’avril. Et même au sein de cette gauche française si divisée, et si mal en point dans les sondages, l’enjeu de l’implacable compétition interne à laquelle on assiste n’a évidemment pas pour enjeu de savoir qui succédera à Macron à l’Elysée, mais bien qui, dans la perspective de scrutins ultérieurs, s’imposera comme chef de la famille.