Salaires des eurodéputés: le Parlement tente de faire le ménage

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Le Parlement européen veut repartir après les élections sur des bases assainies pour les émoluments de ses élus, incluant un salaire uniforme ainsi qu'un contrôle renforcé des indemnités et défraiements, pour faire oublier de sérieux dérapages dans le passé.

A partir de juillet 2009, tous les membres de l’institution percevront le même traitement de base mensuel de 7.665,31 euros bruts (5.963,33 euros nets), à la charge du budget du Parlement européen. A l’heure actuelle, il est versé par les pays d’origine et calqué sur le niveau des salaires des députés nationaux, entraînant des écarts criants depuis l’élargissement de l’Union européenne à l’Est. Les mieux lotis sont les Italiens, qui émargent à plus de 11.700 euros, alors qu’un Bulgare doit se contenter de moins de 1.000 euros. Les Français (7.000 euros) ou les Allemands (7.670 euros) ne devraient en revanche guère connaître de changement. Le nivellement va toutefois créer un autre problème: „les députés européens de Pologne ou Roumanie vont gagner beaucoup plus que leurs collègues nationaux, et même davantage que leurs Premiers ministres“, critique Hans-Herbert Arnim, spécialiste allemand de droit administratif. „Si les élus sont perçus comme des Crésus, cela ne servira pas les intérêts de l’Europe“, juge-t-il. C’est sur les indemnités d’accompagnement et les remboursements de frais, à l’origine de multiples abus et polémiques, que le Parlement veut serrer la vis. Les élus disposent en plus de leur salaire d’une enveloppe mensuelle de 17.540 euros pour recruter secrétaire et assistant parlementaire, ou financer expertises et recherches. Certains en ont profité dans le passé pour embaucher des proches, transformant leur bureau en petite PME familiale, ou pour rétribuer des services à la réalité douteuse, voire carrément fictifs, dans le seul but de faire revenir les fonds dans leurs poches, a révélé l’an dernier un audit interne. A partir de juillet, l’utilisation des sommes sera plus strictement contrôlée et les députés ne pourront plus employer de proches parents. Bémol: ceux qui le sont déjà pourront encore rester pendant une période transitoire. Le Parlement entend aussi faire le ménage dans les remboursements de frais de voyages. Les montants seront plafonnés (ils sont sans limite aujourd’hui), le nombre de trajets limité et les eurodéputés devront fournir des preuves de paiements, alors qu’ils bénéficient actuellement d’une très généreuse enveloppe forfaitaire.
„Les critiques contre ce système ont été justifiées“ car il a suscité bien des abus, reconnaît un élu allemand, Klaus-Heiner Lehne. Les plus véhéments dans leurs critiques contre „le gaspillage des deniers publics“ au Parlement européen ne sont d’ailleurs pas les derniers à en profiter.
Le chef de file du très eurosceptique Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, Nigel Farage, a dû récemment admettre avoir empoché en dix ans 2 millions de livres (2,3 millions d’euros) en frais et indemnités, en plus de ses salaires.
Pas de quoi redorer le blason des élus en Grande-Bretagne en pleine polémique autour des notes de frais de Westminster. Ce scandale a du reste accru la pression sur les eurodéputés britanniques. Ils viennent de s’engager à publier à l’avenir des justificatifs pour leurs frais généraux, alors que le règlement interne du Parlement leur alloue une enveloppe forfaitaire mensuelle de 4.202 euros pour couvrir les coûts de location de bureaux, frais de gestion, téléphone ou achat d’ordinateurs. „Nous avons pris cette décision en raison du climat général au Royaume-Uni“, explique à l’AFP l’un d’eux, Richard Corbett. „Nous n’avons rien à cacher et nous ne découragerions pas nos collègues des autres pays de faire de même“, ajoute-t-il.