FranceUne multiplication des violences et montée de l’islamisme inquiètent le pouvoir

France / Une multiplication des violences et montée de l’islamisme inquiètent le pouvoir
La chose est d’autant plus importante pour Emmanuel Macron qu’il pourrait fort bien se retrouver, lors de l’élection présidentielle de 2022, de nouveau face à une Marine Le Pen qui fait évidemment ses choux gras des violences et tensions du moment Photo: AFP/Ludovic Marin

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Le gouvernement français s’est réuni en séminaire, hier, pour examiner les moyens de protéger „l’ordre républicain“ – en fait pour préparer le projet de loi sur le sujet qui doit être présenté cet automne au parlement et voté au début de l’an prochain. Et cela dans un contexte où la polémique fait rage dans la classe politique à propos de l’„ensauvagement“ social récemment dénoncé par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Cette réunion, organisée en téléconférence car le premier ministre Jean Castex a récemment côtoyé une personnalité testée positive au coronavirus, le directeur du Tour de France Christian Prudhomme, ne devait pas donner lieu à de grandes déclarations ni même à un communiqué détaillant les grandes lignes de ce projet de loi. Mais elle était organisée pour répondre à un malaise croissant de l’opinion à l’égard de la multiplication des violences, agressions et prises de positions „séparatistes“ (en fait islamistes et communautaristes) observée ces derniers mois.

Le ministre de l’Intérieur, en parlant d’„ensauvagement“ d’une partie certes minoritaire, mais active, de la société française, s’est attiré l’approbation, selon le dernier sondage sur le sujet, de 70 pour cent des Français – mais aussi les foudres de con collègue de la Justice, l’ancien grand avocat parisien Eric Dupont-Moretti. Lequel, comme l’avait fait fort imprudemment Lionel Jospin lors de la campagne présidentielle de 2002 qui devait lui être fatale dès le premier tour, a surtout voulu voir dans l’inquiétude populaire un sentiment d’insécurité, non une insécurité véritable.

A l’Elysée comme à Matignon, on s’est refusé à prendre parti pour l’un des deux ministres contre l’autre; mais en s’étalant sur les ondes et dans les journaux, cette controverse intra-gouvernementale a produit l’impression d’une division et d’une irrésolution du pouvoir. Au moment où l’autre grande actualité de l’Hexagone est le procès des auteurs et/ou complices des attentats de janvier 2015, qui avaient notamment abouti au massacre de la rédaction de Charlie Hebdo par des tueurs islamistes, cette situation devenait politiquement redoutable.

Macron très attendu

D’où ce séminaire, visant à montrer à l’opinion que loin de sous-estimer le péril ou de chercher à le minimiser, le chef de l’Etat et son gouvernement prennent les choses très au sérieux, et veulent se donner les moyens de combattre cette redoutable dérive d’une partie de la société française. La chose est d’autant plus importante pour Emmanuel Macron qu’il pourrait fort bien se retrouver, lors de l’élection présidentielle de 2022, de nouveau face à une Marine Le Pen qui fait évidemment ses choux gras des violences et tensions du moment. Tout particulièrement, bien sûr, lorsqu’elles mettent en cause des immigrés, comme ce fut le cas à la fin du printemps avec la bataille rangée à coups de pistolets et de fusils entre Tchétchènes et Maghrébins à Dijon.

C’est d’ailleurs très clairement l’Elysée qui a passé commande d’une nouvelle loi au gouvernement, même si c’est M. Castex qui en a annoncé la mise en chantier, et son ministre de l’Intérieur qui en portera le texte au parlement. Le président de la République ne pouvait plus ignorer que, quels que soient les autres problèmes en cours, dont la remontée de l’épidémie de Covid-19 n’est pas le moindre, sans parler des lourdes inquiétudes économiques suscitées par la situation sanitaire, il était très attendu sur cette question de l’insécurité en général, et de la montée de l’islamisme radical en particulier; et cela depuis le début du quinquennat. C’est dire que ni lui ni son gouvernement n’auront, sur ce très difficile dossier, le moindre droit à l’erreur.

Le pouvoir semble vouloir placer très haut la barre, et se fixer des objectifs ambitieux puisqu’il serait question de faire désormais clairement le lien, selon les mots d’un proche conseiller de l’exécutif, „entre l’insécurité liée au terrorisme et l’insécurité du quotidien“. „Ne pas répondre à cette demande sociale qui s’exprime ce serait une erreur politique“, ajoute-t-il. Et Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, d’insister: „La priorité, c’est la lutte contre l’islamisme et contre l’islam politique“, surenchérit-elle.

Pour sa rentrée 2019, le gouvernement s’était appliqué à lancer l’„acte II“ du quinquennat d’Emmanuel Macron, après une année dominée par la crise des Gilets jaunes et les grèves contre la réforme des pensions. On parlait alors d’écologie, des retraites … et tout de même déjà de sécurité publique. C’était il y a un an, autant dire un siècle. Aujourd’hui, le ton a changé, et l’urgence aussi. Le compte à rebours du printemps 2022 cliquette aux oreilles de l’exécutif, et en tout premier lieu de son chef.